Dans les années 80, à Kinshasa, capitale de la RDC. Les combats de catch sont très prisés de la population. La contagion atteint Brazzaville, la ville voisine, sur la rive droite du fleuve Congo. Un monstre sacré fait courir le public. Edingwé ‘’Moto na Ngenge’’, c’est son nom.
Grande bête des rings, Edingwé est inarrêtable. Il fait le vide autour de lui. Le public lui attribue des vertus, notamment celle d’hypnotiser ses adversaires. Son catch, affirme-t-on, est fortement marqué par des pratiques fétichistes, des rites traditionnels et de la magie. On lui résiste difficilement sur le ring. Il lève l’index droit, et son adversaire se met soudain à danser, incapable de la moindre réplique. Ou bien il tombe à distance.
Fort de son talent et de ses victoires très souvent spectaculaires, Edingwe devient l’un des ambassadeurs les plus influents du catch congolais. Puis une légende de cette discipline devenue populaire, et dans son pays et dans la sous-région d’Afrique centrale.
Edingwé (Paul Edingwe Mpima à l’état-civil) nous a quittés le 13 janvier 2025 au Maroc à l’âge de 73 ans. Il n’a pas survécu à un cancer. Il a marqué des générations de fans du catch. Les Congolais de Brazzaville se rappellent son combat à grands défis, qui l’opposa en 1987 au Stade de la Révolution à Emmanuel Délima. Et bien d’autres combats livrés au Stade Mbongui, à Ouenzé. Chaque fois devant une foule immense surexcitée. Sans oublier également, le combat contre un catcheur israélien de plus de 100 kilos et poussière, au Stade du 20 mai de Kinshasa.
La mort d’Endingwé laisse la communauté sportive dans une immense tristesse. «Son décès est une perte immense, non seulement pour le pays, mais aussi pour tous ceux qui ont été touchés par sa passion et son charisme», a déclaré le ministre des sports de son pays, Didier Budimbu.
Le célèbre catcheur a inspiré des vocations. Son engagement auprès des démunis et son charisme naturel en avaient fait une véritable icône. Pour l’immortaliser, l’artiste-musicien Kiese Diambu, de l’orchestre Afrisa International, lui a dédicacé une chanson: t‘’Ntua bwanga ‘’.«Na kobengela yo Edingwe, aya kosukisa mabe ya ndako na yo’’», chante-t-il dans ce couplet élogieux. Ce qui veut-dire : «Je vais faire appel à Edingwe pour venir remettre de l’ordre dans ton foyer». Madilu Système a aussi vanté les mérites du catcheur.
Dors en paix, Edingwé. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.
Alain-Patrick MASSAMBA