La première conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement (CIAR) s’est tenue à Brazzaville en République du Congo, du 2 au 5 juillet 2024 organisée par le Gouvernement congolais, sous l’égide de l’Union africaine et le Forum des Nations Unies sur les forêts. Les travaux du segment présidentiel ont été ouverts par le Président Denis Sassou-Nguesso. En présence des présidents de la Centrafrique, Faustin Archange Touadera; du Gabon, Brice Oligui Nguema; du Ghana, Nana Akufo-Addo; de la Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embaló, et de l’Éthiopie, Mme Sahle-Work Zewde, ainsi que des délégations de divers Gouvernements et institutions internationales.

La conférence a réuni plus de 2000 participants venus de plusieurs pays, incluant les représentants de la communauté scientifique, du secteur privé, des ONG et de la société civile. Elle avait pour objectif d’établir un état des lieux de l’afforestation et du reboisement à l’échelle mondiale; d’adopter une stratégie mondiale d’afforestation et de reboisement, incluant les aspects techniques et financiers; de solliciter l’inscription de la Décennie africaine et mondiale de l’afforestation dans l’Agenda des Nations Unies, au moyen d’une déclaration mondiale sur l’afforestation et le reboisement; de désigner un comité de suivi et évaluation de la mise en œuvre des recommandations de la conférence.

Vue partielle des participants

Ce premier sommet de la CIAR marque un tournant significatif dans la lutte pour la protection des forêts et la promotion de l’afforestation. Les travaux à huis clos, entamés après les discours d’ouverture, ont permis d’affiner les stratégies et de s’assurer que la Déclaration de Brazzaville soit un véritable plan d’action pour l’avenir.
Pièce maîtresse de cette conférence, la Déclaration de Brazzaville vise à établir une nouvelle stratégie mondiale pour augmenter la superficie des forêts. Ce document aborde plusieurs points cruciaux, notamment les questions de droit foncier, la protection des droits des populations autochtones, la réalisation d’études pertinentes dans le domaine forestier, ainsi que la problématique des financements nécessaires à la conservation des forêts.
Elle prévoit la création d’un organe chargé du suivi et de la mise en œuvre des engagements pris, garantissant ainsi la continuité et l’efficacité des efforts de reboisement.
Les participants ont recommandé l’adoption d’une résolution par la 79e Assemblée générale des Nations Unies, prévue en septembre 2024 à New York, pour endosser officiellement la décennie africaine et mondiale de l’afforestation et du reboisement, lancée par le Président Denis Sassou-Nguesso lors de la COP27 de 2023 en Égypte, reconnaissant ainsi son importance cruciale pour la planète.
Ils ont remercié le Président Denis Sassou-Nguesso pour sa vision et son leadership sur les questions environnementales et l’initiative de la Décennie mondiale sur l’afforestation et le reboisement. Et ont demandé aux bailleurs de fonds de mettre davantage la main à la poche.
La Première conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement était organisée autour de trois segments: le segment des experts, le segment des ministres et le segment des Chefs d’État qui a démarré par la mise en terre de plusieurs espèces d’arbres, juste devant le fronton de la salle de conférence.

Appel à l’Action

Le président de la Commission de l’Union africaine a rappelé que la forêt du bassin du Congo, à elle seule, conserve environ 25% du carbone de la forêt tropicale mondiale. En dépit de tous les avantages écologiques, économiques et sociaux que procurent les forêts. «La planète perd progressivement des forêts et des écosystèmes qui sont vitaux pour l’existence humaine et animale. Près de 10 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année dans le monde. On estime à près de 130 millions d’hectares de forêts disparus en Afrique depuis 1990», a indiqué Moussa Faki Mahamat.
«L’enjeu majeur aujourd’hui est, non seulement de stopper la disparition des forêts, mais aussi de restaurer celles qui ont disparu et de conquérir d’autres espaces pour en créer des nouvelles. La reforestation est d’une urgence absolue. L’ébullition climatique à laquelle on assiste est une alerte pour arrêter et inverser la dangereuse tendance qui plane sur le monde», a-t-il ajouté.
Pour lui, le Fonds vert pour le Climat créé par les Nations Unies en 2009 pour aider les pays les plus vulnérables à lutter contre les effets du changement climatique et la déforestation, n’a pas tenu toutes ses promesses. «L’Afrique, qui s’est longtemps nourrie d’alléchants engagements, voit ses espoirs se dissiper à mesure que se dégradent son climat et son environnement».
«Nous nous trouvons à un carrefour critique de l’histoire humaine où les décisions que nous prenons aujourd’hui détermineront l’avenir de notre planète et le bien-être des générations futures», a déclaré Rosalie Matondo.
Cette conférence, a dit la ministre de l’Economie forestière, «est plus qu’une simple réunion. C’est un appel à l’action, une reconnaissance de notre responsabilité collective et une affirmation de notre volonté de changer le cours de choses».
Le président Denis Sassou-Nguesso a exhorté ses homologues à prendre des mesures concrètes et à rechercher des solutions durables pour assurer la survie de la planète. Son discours a mis en avant l’urgence d’agir face aux défis environnementaux actuels, soulignant l’importance de la collaboration internationale.
Face à l’urgence climatique, «l’afforestation et le reboisement constituent, à n’en point douter, les leviers essentiels de l’action mondiale, notamment en termes de régulation de l’équilibre carbone de la planète», a rappelé le Président congolais.
Il a plaidé pour le renforcement du couvert végétal mondial, pour une lutte efficace contre les changements climatiques. «Il est essentiel d’arrimer les efforts d’afforestation et de reboisement à l’exigence de renoncer, de manière urgente et définitive, à la déforestation. Pour notre survie collective, il convient aussi d’identifier des réponses viables à la question du financement de l’afforestation et du reboisement», a indiqué Denis Sassou-Nguesso.
Le Chef de l’Etat congolais a proposé l’institution d’une distinction, sous la forme d’un prix de la Décennie africaine et mondiale de l’afforestation et du reboisement, en vue de mobiliser les Etats et les forces vives des différentes nations sur la voie d’un univers prompt à mieux gérer la problématique forestière au bénéfice de tous.
Au-delà d’être une rencontre importante de recherche des solutions visant à protéger les forêts de la planète, l’événement a mis en valeur également l’économie forestière à travers les produits et ressources issues de la forêt. À cet effet, un village des expositions a été érigé sur le couloir extérieur du Centre international de conférences de Kintélé où ont été exposés les produits issus de la transformation du bois et d’autres ressources forestières promouvant ainsi le développement de l’économie forestière.

Cyr Armel
YABBAT-NGO