L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a renoncé à la commémoration de ses 60 ans prévues à Bagdad en Irak où elle fut créée, le 14 septembre 1960 à cause de la COVID-19.  L’OPEP est une organisation intergouvernementale réunissant 14 pays producteurs du pétrole (7 en Afrique, 5 au Moyen-Orient et 2 en Amérique du Sud). Son objectif historique est l’orientation à la hausse des cours de pétrole et la maîtrise de son cycle de production. Cinq pays furent à l’origine de sa création: l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Irak, le Koweït et le Venezuela. Avec pour but, de rééquilibrer les pouvoirs entre les multinationales du pétrole et les Etats producteurs, qui ne recevaient alors que des maigres taxes et redevances de l’exploitation de leur sous-sol.
Dans les années 70, les pionniers sont vite rejoints par la Libye, les Emirats arabes unis, l’Algérie, le Nigeria, l’Equateur et le Gabon. Fini le système des concessions, place aux compagnies nationales qui traitent d’égale à égale avec les compagnies internationales privées. A son apogée en 1970, l’OPEP concentre plus de la moitié de l’offre mondiale de pétrole. Une puissance qui lui permet d’imposer un embargo en 1973 contre les alliés d’Israël. Premier choc pétrolier: les prix du baril grimpent de 1 à 10 dollars. Six ans plus tard, le conflit Iran-Irak les porte à 35 dollars le baril.
Depuis, la puissance de l’OPEP s’est érodée. Dans les années 1990, le marché du pétrole se financiarise. Les marchés à terme traitent sous forme de contrats papier deux fois plus de volume de pétrole que le marché physique. Des concurrents de plus en plus redoutables émergent : la Russie, le Mexique, la Norvège, le Royaume-Uni. Et bien sûr dans les années 2000, le pétrole de schiste américain. L’OPEP qui compte pourtant 14 membres aujourd’hui, ne pèse plus que pour un tiers du marché mondial. Le Venezuela qui avait eu l’idée de l’OPEP, n’exporte presque plus rien, l’Iran sanctionné par les Etats-Unis, est sur la touche.
Entre les rivalités diplomatiques et la volonté de chacun de conserver ses parts de marché, l’OPEP est plus difficilement un cartel qu’autrefois. En fin 2016, l’organisation fait appel à la Russie et à neuf autres pays producteurs pour redresser les cours. Une alliance OPEP + qui a bien du mal à maintenir le baril à 40 dollars depuis que la COVID-19 a fait s’effondrer la demande de brut. Malgré les situations que connaît l’OPEP, les pays membres ont sans doute les réserves les plus abondantes et le brut le moins cher à produire. L’OPEP peut aussi se consoler en constatant que cette fois, elle a été priée d’agir par Washington, qui s’était toujours opposée à son existence.
L’Arabie Saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, est bien placé car sa gamme de bruts est très large. En 2019, il a été classé comme le pays qui a le plus de pétrole (561,7 millions de tonnes par an). Acteur principal de la production de pétrole, il compte énormément sur cette ressource, qui constitue 45% de son PIB. Le pays possède aussi la deuxième plus grande réserve de pétrole au monde. Treize pays asiatiques font partie des vingt premiers producteurs en terme de quantité. La Chine est très largement en tête, avec une production proche de 48 millions de tonnes.
Sur les 19 pays producteurs de pétrole en Afrique, le Nigeria (membre en 1969) arrive en tête avec une production de près de 2 millions de barils/jour. Il est suivi de l’Angola (en 2007) avec 1,8 millions, puis de l’Algérie (en 1969) avec 1,6 millions. D’autres pays africains jouent aussi leur partition au sein de l’OPEP. Il s’agit du Gabon qui avait quitté l’organisation en 1995 et qui l’a rejointe en juillet 2016 ; de la Guinée Equatoriale en mai 2017 et du Congo, pays membre depuis juin 2018.

Alain-Patrick MASSAMBA