Evacué en Turquie le 30 juillet dernier suite à une crise de paludisme aiguë aggravée par de l’hypertension, le général Jean-Marie Michel Mokoko, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016, condamné en mai 2018 à 20 ans de prison pour «atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat», a regagné Brazzaville, en toute discrétion, le 30 août dernier.

L’avion transportant le général Mokoko a atterri lundi après-midi à l’aéroport Maya Maya. Sans aucun dispositif militaire ou policier particulier.
Aussitôt après son arrivée, l’ex-chef d’Etat-major des Forces armées congolaises (FAC) a été embarqué, toujours très discrètement, dans une grosse cylindrée aux vitres fumées. Avant d’être conduit directement à l’hôpital des armées Pierre Mobengo. Pour la suite de son traitement.
A en croire Maître Eric Yvon Ibouanga, intervenant lundi matin sur Radio France Internationale (RFI), l’état de santé de Jean-Marie Michel Mokoko s’est amélioré. «Le général Mokoko vient de rentrer à Brazzaville. Je l’ai vu à l’hôpital militaire où il est admis. Il m’a rassuré que les médecins turcs ont fait leur travail. Seulement, son traitement n’a pas été achevé parce que les médecins turcs ont dit qu’ils n’avaient plus de place là-bas pour le garder et qu’il devait continuer certains exercices ici, pour qu’il retrouve sa forme normale, parce qu’il a encore des problèmes musculaires. Il va relativement bien, j’ai échangé avec lui, il est relativement en forme, il est lucide, il raisonne. Le reste du traitement requiert quatre mois ou voire six mois», a-t-il déclaré.
L’avocat a aussi demandé aux autorités congolaises de respecter la décision rendue par le Groupe de travail des Nations unies qui a exigé la libération immédiate et sans condition de l’ancien chef d’Etat-major des Forces armées congolaises (FAC), avec indemnisation, «pour qu’il poursuive son traitement à son domicile. Parce que là où il est, dans la pièce à l’hôpital militaire où je l’ai rencontré, il ne peut pas pratiquer les exercices que les médecins turcs lui ont demandé pour qu’il reprenne sa forme musculaire.»
Le séjour du général Mokoko en Turquie a été entouré de beaucoup de mystères. Le lieu de son hospitalisation a été gardé secret. Ses proches se sont plaints de n’avoir pas avoir de ses nouvelles pendant son séjour au pays de Recep Tayyip Erdogan. «J’ai eu l’ambassadeur au téléphone, malheureusement, il ne m’a pas donné une suite favorable, parce qu’il a transmis ma demande au niveau des autorités sanitaires turques et ce sont les autorités sanitaires turques qui prennent la décision. Les informations que j’ai reçues, ce sont les informations venant de l’ambassade de Turquie disant qu’il se porte bien, mais je n’ai pas d’autres informations. Ils m’ont dit qu’il va bien, qu’il se porte mieux, mais sans plus, sans aucun détail et ils ne me permettent pas de le voir. L’ambassadeur m’a également informé que mon père rentrait sur le Congo-Brazzaville aujourd’hui même samedi. Il m’a juste dit qu’il est en partance pour le Congo. C’est inquiétant parce qu’il a quand même été évacué depuis le 31 juillet et depuis, les informations c’est vraiment au compte-goutte. On n’a aucune photo qui prouve qu’il se porte bien. On a aucun élément rassurant. Pour moi, c’est inhumain, même s’il est prisonnier. Même un prisonnier a le droit de visite, à plus forte raison ses propres enfants», s’est plainte sur RFI, Sandra, la fille du général Mokoko.
Pour couper court à toutes les rumeurs sur l’évacuation du général Mokoko, une note d’information publiée le 4 août dernier par l’ambassade de Turquie au Congo affirmait: «…Avant son évacuation, un membre de la famille du patient s’était déjà rendu en Turquie, par un vol commercial, afin de l’assister durant la période du traitement.»
«Le retour importe peu. S’il a recouvré sa santé, c’est le plus important. Et la lutte continue pour que la justice triomphe un jour», a commenté, sur RFI, Trésor Nzila, directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH).
D’après une source pénitentiaire, Jean-Marie Michel Mokoko devrait regagner sa cellule à la Maison d’arrêt de Brazzaville, après tous les soins à l’hôpital militaire.
S.E.