Rappelé à Dieu en exil le 24 août dernier à Perpignan, au Sud de la France, des suites de la maladie d’Alzheimer à l’âge de 88 ans, l’ancien Président congolais Pascal Lissouba a été inhumé provisoirement lundi 31 août dans la ville précitée. Dans la stricte intimité familiale. Après une cérémonie religieuse qui s’est déroulée à la Cathédrale Saint Jean-Baptiste.

A Brazzaville, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), le parti fondé par le premier Président de la République du Congo élu au suffrage universel direct et condamné en décembre 2001 par contumace à 30 ans de travaux forcés, a également organisé une cérémonie en hommage au Professeur Pascal Lissouba. Celle-ci s’est déroulée au siège du parti, à Diata, dans le 1er arrondissement Makélékélé. Elle a été marquée par un office religieux. Les membres de l’UPADS ont aussi suivi, en direct, les obsèques de celui qui a été Premier ministre de 1963 à 1966, puis Président de 1992 à 1997.
Que peut-on retenir du Président Pascal Lissouba?
«(..) Panafricaniste convaincu et illustre scientifique, il fut un homme épris de paix, un homme d’ouverture et de consensus, dont la principale ambition était d’œuvrer pour l’émancipation de son peuple. Sa vision politique fut sans ambiguïté: faire du Congo une nation démocratique, décentralisée, unie et juste, où tous les Congolais – grâce aux progrès de la science et de la technologie – sauraient transformer les innombrables potentialités de leur pays en un avenir meilleur pour tous.
Tout au long de sa vie, Pascal Lissouba a servi son pays avec honneur et dévouement, même lorsqu’il fut contraint de le quitter», dit le communiqué de la famille du défunt Président daté du 27 août dernier et qui porte l’estampille de son fils, le député Jérémy Lissouba.
«Son grand amour pour notre pays, sa grande foi dans les Congolais pour faire ce pays, comme il le disait lui-même, une petite Suisse», a commenté, pour sa part, Claudine Munari, dans une interview accordée à Radio France Internationale. Et Joseph Ouabari Mariotti, ministre de la Justice sous Pascal Lissouba, de renchérir: «Je garde de lui le souvenir d’un homme d’Etat de haute facture, un grand homme. Il était travailleur, rigoureux et perfectionniste. Il y a des chefs d’Etat qui ne voient par leur ministre parfois pendant un an, deux mois, six mois. Mais lui, il rencontrait ses ministres quand il avait besoin; un homme d’ouverture, un homme d’une grande humilité, et puis un homme qui voulait que le travail soit bien fait, préoccupé par l’avancée progressiste de son pays, préoccupé par les destinées de son pays, un homme qui ne mettait pas de barrière entre lui et ses collaborateurs. Et ça, c’est capital. Et puis, il y a la grande réforme qu’il a faite, la réforme sur le partage de production (ndlr: sur le pétrole). Il était un rassembleur…»
«Il a conservé une aura au-delà de son bassin d’origine. Son parti continue d’incarner l’opposition au régime. Lissouba gardera l’image d’un président volontariste, intellectuel. Son instruction lui a à la fois valu une image de président froid, rigoureux, et aussi éloigné, parfois, des réalités locales. C’était un personnage détaché des biens matériels, ce qui tranche avec la réputation de son tombeur et de bien des dirigeants d’Afrique centrale, souvent associés au népotisme et à la prédation», a quant à lui, déclaré, au journal français ‘’Le Point’’, Serge Loungou, Maître de conférences en géographie politique à l’université de Libreville (Gabon).
A signaler que Pascal Lissouba est le deuxième chef d’Etat à être inhumé provisoirement en France, après Jacques Joachim Yhombi Opango, décédé le 30 mars dernier, des suites du coronavirus, et qui repose au cimetière parisien de Bagneux. Il est le deuxième chef d’Etat congolais à mourir en exil, après l’abbé Fulbert Youlou, premier Président de la République du Congo démocratiquement élu, décédé le 5 mai 1972, à Madrid, en Espagne.

Sévérine EGNIMBA