C’est comme si nous n’étions pas en campagne électorale, ou que nous faisions tout pour que cela ne soit pas l’impression qui domine. Pourtant dans la majorité présidentielle le frétillement est net : la multiplication des meetings, la mise en place à cadence forcée des organes intermédiaires et de base du PCT, les mots de soutien pour la victoire du «candidat naturel» … tout cela annonce un temps de grande effervescence.
Mais ce n’est pas, nous assure-t-on, prendre une longueur d’avance. C’est seulement se préparer à l’échéance qui s’approche à grande vitesse. La nuance n’est pas tellement grande, à vrai dire, mais tout est fait pour que nous n’ayons pas le sentiment que la compétition s’engage en favorisant certains. Et, détail de taille, le Président de la République ne s’est toujours pas prononcé.
Son parti parle pour lui mais donne l’impression qu’il faut juste suggérer les choses, et pas les dire ouvertement. C’est comme si c’était secret, c’est comme si ça ne l’était pas. Du clair-obscur comme d’habitude ; du flou artistique pour ne pas donner des arguments de tricherie à l’opposition. Ou alors entretenir les apparences d’un jeu net, qui va se dérouler selon les règles d’impartialité.
L’opposition elle-même ne fait pas preuve d’originalité en moulinant la rengaine du dialogue national inclusif. L’exiger maintenant donne l’impression de rechercher un argument d’embarras pour la majorité. Dès lors qu’elle rejettera cette sollicitation, même avec des arguments puisés dans la situation économique désastreuse du pays ou la pandémie du coronavirus, on hurlera au jeu verrouillé.
C’est maintenant pourtant que les choses doivent se dire. Que voulons-nous: aller au vote? Faire voter la force publique avant le reste du corps électoral sera-t-il à ce point préjudiciable au jeu démocratique? Et la majorité entend-elle entretenir une suspicion de dés pipés dès lors qu’elle ne réclame pas l’ouverture de la compétition électorale? A voir le nombre de passages du PCT à la télévision nationale, on a l’impression que les autres partis n’existent pas !
Il faut dessoucher le terrain; offrir des conditions égales de compétition. Egales, ou au moins des conditions puisant dans l’équité entre partis riches, étendus sur tout le territoire, et formations peinant même à repeindre la façade de leur siège, quand elles en ont ! Nous n’avons certainement pas d’illusions à nous faire, mais au moins, gardons la sérénité qu’il faudra pour applaudir ou contester ceux qui seront élus.

Albert S. MIANZOUKOUTA