Le putsch perpétré au Mali ne passe pas inaperçu en Afrique. Diplomatie oblige, l’Union africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ont été les premiers à réagir et à prendre des sanctions contre le pays. Beaucoup ont pensé que ce mode opératoire pour accéder au pouvoir était désormais révolu.

Le monde a condamné le coup de force qui vient d’interrompre le pouvoir d’un homme élu démocratiquement, et qui exerçait un second mandat à la tête du Mali, après sa réélection il y a quelques mois. De jour en jour, la pression montait et des manifestations de l’opposition devenaient inquiétantes pour l’avenir du pays. Avec à sa tête l’imam Mahmoud Dicko, le mouvement citoyen du M5-RFP s’est révélé le principal déclencheur de la chute du Président Ibrahim Boubacar Keïta «IBK».
Si l’Union africaine et l’Union européenne appellent au retour de l’ordre constitutionnel, sur le continent les craintes sont de plus en plus apparentes pour éviter de vivre le cas malien. Au niveau de la région ouest-africaine mais aussi au Sahel, des voisins du Mali se tiennent en éveil et renforcent leurs dispositifs sécuritaires. L’action des mutins maliens est en effet regardée avec beaucoup de frayeur. Du Nigérien Mahamadou Issoufou au Tchadien Idriss Déby Itno en passant par l’Ivoirien Alassane Ouattara et le Guinéen Alpha Condé, les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest et du Sahel ont suivi avec appréhension la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta. Tous, minute après minute avaient les yeux rivés sur Bamako, tout en craignant les répercussions de ce mauvais vent dans leurs pays respectifs.
D’autres pays du continent engagés dans le processus électoral de fin de mandats présidentiels comme le Niger, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Burkina Faso ou pas, ont accueilli avec effroi le putsch perpétré à Bamako. Certains dirigeants, surtout ceux absolument accrochés à leur fauteuil, sont conscients que le cas malien peut aussi, d’une manière ou d’une autre, se produire sur leur sol. En Afrique centrale, région connue pour la longévité impressionnante de ses dirigeants au pouvoir, le sujet alimente les conversations. Des citoyens attestent même que le cas malien pourrait représenter un «cas d’école» pour les régimes de ces pays, qui passent par des référendums ou changements sans cesse de constitutions.

Aristide Ghislain
NGOUMA