Entré dans le mystérieux silence de la mort des suites d’une longue maladie, le samedi 20 février 2021, à Paris en France, l’abbé Jessy Gublin Biyoudi, prêtre de l’archidiocèse de Brazzaville ayant séjourné en France pour des raisons de santé, a été inhumé lundi 1er mars 2021. La communauté diocésaine chrétienne de Brazzaville lui a rendu l’hommage dû à son rang et à son statut. Après la messe de ses funérailles, le cortège funèbre s’est rendu au cimetière de la mission, près de la cathédrale Sacré-Cœur, où il repose désormais.

Abbé Jessy Biyioudi
Abbé Jessy Biyioudi

Présidée par Mgr Anatole Milandou, archevêque de Brazzaville, la messe a été concélébrée par Mgr Urbain Ngassongo, évêque de Gamboma et par plusieurs prêtres de différents diocèses du Congo, dont les abbés Donatien Bizaboulou, vicaire épiscopal chargé des vocations, des séminaires et du clergé, Rhod Sakani Yiseno et Adéodat Bouétouz, condisciples du défunt, prêtres de l’archidiocèse de Brazzaville, en mission pastorale et d’étude en France, ayant accompagné la dépouille mortelle du disparu de Paris à Brazzaville, etc.
Dans la foule des participants à la messe il y a eu les parents du regretté prêtre, le colonel Rémy Ayayos et Hyppolite Hombessa, bienfaiteurs ayant soutenu jusqu’au bout le regretté prêtre, alors que le second a accompagné la dépouille mortelle du défunt de Paris à Brazzaville.
C’est à l’abbé Donatien Bizaboulou en sa double qualité de vicaire épiscopal chargé du clergé et d’ancien directeur du Moyen séminaire Saint Jean, à l’époque où le regretté prêtre était encore au séminaire, qu’a échu le privilège de présenter la biographie du disparu.
Tandis que l’abbé Rhod Sakani Yiseno (Izhé) en sa qualité d’ami intime et condisciple du défunt depuis le Moyen séminaire Saint Jean, a prononcé l’homélie: «Quand arrive la mort, nous sommes déboussolés, désemparés. Nous sommes attristés. La mort est un véritable chemin qui nous permet de vivre l’éternité. Mourir devient une chance, une grâce pour pouvoir rencontrer le Seigneur. Si nous ne mourions pas chers frères et sœurs, au fond pourquoi le fils de Dieu serait-il venu passer sa vie sur terre? La vie est un coude à coude avec la mort. Car la mort n’est ni avant nous, ni après nous, elle est en nous et avec nous. Vivre pour nous disciples du Christ, c’est apprendre à mourir chaque jour avant la mort. Sans l’amour nos richesses les plus proches ne sont que des idoles. C’est cet amour qui sauve.» «Je vous assure que j’ai de plus en plus peur d’être prêtre! Parce que finalement nous imaginons et nous découvrons qu’être prêtre, c’est être condamné à être en bonne santé. Or, le principe naturel nous dit que la maladie ne prévient pas. (…)», a fait savoir le prédicateur.
L’archevêque de Brazzaville s’est exprimé pour demander pardon à l’abbé Jessy pour tout le bien qu’on lui aurait fait mais qu’on ne lui a pas rendu. Il a aussi rebondi sur la question de la sécurité sociale des prêtres, soulevée par le prédicateur. En faisant savoir que cette question est sur la table des évêques, elle fera l’objet d’une réflexion approfondie lors des prochaines retrouvailles des évêques du Congo.
C’est Mgr Urbain Ngassongo qui a prononcé la prière du dernier adieu et celle de la bénédiction de la tombe au cimetière.
Qui était l’abbé Jessy Biyoudi?
Né le 31 mars 1980, à Madingou dans le département de la Bouenza d’une famille chrétienne, l’abbé Jessy est l’aîné d’une fratrie de 5 fils: quatre frères et une sœur. Ses parents: René Biyoudi et Céline Maboundou soutiennent le projet vocationnel de leur fils aîné. Ainsi le laissent-ils entrer au Petit séminaire Saint Jean de Kinsoundi en l’an 2000. Le jeune séminariste Jessy est à cette époque plein d’enthousiasme et d’humour. Il incarne la joie de vivre. Les classes de chants, le réfectoire sont avec Jessy des moments et des lieux de grande convivialité et de communion fraternelle. Alors ses collègues l’affublent affectueusement du surnom de Djespsy Well. Au bac la Terminale avait fait du 100/100 à Saint Jean et toute la promotion sera envoyée en RDC pour les études philosophiques et théologiques. Le Grand séminaire Saint Robert Bellarmin de Mayidi les accueille. Jessy est ses collègues y sortiront gradués en philosophie et en théologie. Du témoignage unanime de ses amis «Jessy était l’expression d’une ambiance sans barrières; un garçon proche de tout le monde et en qui il n’y avait ni détours ni mesquineries; un garçon du franc parler et de grandes convictions. Oui ce Jessy qu’on appellera plus tard de façon très affectueusement «Sepelas».
De retour à Brazzaville en 2000 et après une belle expérience en paroisse, l’abbé Jessy est ordonné diacre en juin 2011 avant que sa vie ne soit couronnée par l’ordination presbytérale, le 11 février 2012, à la Place mariale de la Cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville. Durant son parcours pastoral, l’abbé Jessy se révèle un grand entrepreneur aux milles idées, un prêtre capable d’un investissement intense.
Dans le champ missionnaire, l’abbé Jessy occupera tour à tour la fonction de vicaire dans les paroisses suivantes: de 2012 à 2013, Saint Augustin de la Tsiemé; de 2013 à 2014, Notre-Dame du Rosaire de Bacongo; de 2014 à 2017, Basilique Sainte Anne du Congo; 2017, Saint Louis Marie Grignon de Montfort de Mikalou.
Cependant suite à une maladie chronique et douloureuse, l’abbé Jessy s’en va à Paris courant septembre 2017 pour y suivre des soins médicaux censés le rétablir. A propos de sa maladie, une 1ère alerte avait sonné en 2001 à Saint Jean pendant le cours de latin. Dans un rictus Jessy avait la langue tirée. Mais «Djepsy pourquoi, tu fais ça», lui dit son voisin croyant qu’il faisait des farces. Mais on se rendit bien compte qu’il convulsait d’une probable crise de paludisme. Il sera conduit à l’hôpital et tout semblera rentrer en ordre. Ensuite à Mayidi, Jessy refait une autre crise. Conduit à l’hôpital pour le soigner, on s’apprête à lui injecter une solution glucosée pour vite le remonter. Alors, un prêtre-médecin exige qu’on vérifie d’abord sa glycémie. Stupeur et affolement, on découvre que Jessy avait dépassé très largement le taux de sucre toléré dans le sang. Il avait ainsi basculé dangereusement dans le diabète avec insuline. Et c’est depuis ce temps qu’on découvrait cette grave maladie qui a conduit notre frère à la mort le 20 février 2021, à l’hôpital de La Pitié Salpêtrière, 9 jours après son 9e anniversaire de sacerdoce.
L’intrépide serviteur de Dieu Abbé Jessy se savait condamner par la maladie et pourtant il est resté courageux devant l’épée de Damoclès qui restait suspendue au-dessus de sa tête. Son corps s’affaiblissait inexorablement. Cependant sa foi croissait indubitablement.
Le clergé diocésain remercie vivement Hyppolite Hombessa qui a eu la charitable promptitude de préfinancer le retour de la dépouille mortelle de l’abbé Jessy Gublin. Merci spécial aux abbés Rhod Sakani Yiseno (Izhé) et Adéodat Bouétouz qui ont tenu à accompagner depuis Paris la dépouille du défunt.

Gislain Wilfrid BOUMBA