Député de Sibiti 2 (Lékoumou), l’opposant Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou a été évincé de ses fonctions de deuxième secrétaire de l’Assemblée nationale, le 7 janvier 2024, par la majorité des députés réunis en session extraordinaire, la troisième du genre, sous l’autorité d’Isidore Mvouba, son président. Il est remplacé par Alain Pascal Léyinda, député de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), élu dans la circonscription électorale unique de Mayoko, dans le département du Niari.
Le premier secrétaire de l’Assemblée nationale, Fernand Sabaye, a motivé cette décision par la saisine du président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle, Accel Arnaud Ndinga Makanda, demandant le remplacement de Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou, deuxième secrétaire de l’Assemblée nationale, «suite à son refus délibéré d’exécuter les tâches qui relèvent de sa compétence à l’occasion de la cérémonie de clôture de la septième session ordinaire budgétaire le 23 décembre 2024», a-t-il déclaré.
En réponse à cette requête, l’Assemblée nationale a été convoquée en session extraordinaire en vue de procéder au remplacement de Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou. Mais à en croire certains observateurs, les raisons de cette destitution sont tout autres. Tous ou presque s’accordent à dire qu’elle est plutôt en lien direct avec sa conférence de presse organisée le 14 décembre dernier où l’ex-deuxième secrétaire a fustigé, sans langue de bois, le pouvoir et son exécutif dans leur gouvernance. Des propos jugés inadmissibles, par le PCT qui a lourdement réagi contre l’opposant qu’il avait pourtant soutenu lors de son élection au poste de deuxième secrétaire où il était aux prises avec le candidat de l’UDH-Yuki.

La révocation de Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou a été votée par acclamation.
Ce vote était précédé par les déclarations des représentants des trois groupes parlementaires (PCT, UPADS et UDH-Yuki) présents à l’Assemblée nationale. «Le deuxième secrétaire du bureau de l’Assemblée nationale s’est permis, sans aucun signalement ni justificatif, de s’absenter de son propre gré de la cérémonie de clôture de la dernière session ordinaire budgétaire du 23 décembre 2024, provoquant ainsi un retard préjudiciable à la tenue de cette cérémonie. Ce comportement a causé une désorganisation avec pour conséquences un grave dysfonctionnement de l’Assemblée nationale. Ayant fait ainsi, le député Kignoumbi-Kia-Mboungou a prouvé son incapacité à demeurer membre du bureau de l’Assemblée nationale», a rappelé le président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle, Accel Arnaud Ndinga-Makanda.
Le sort de Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou était donc scellé. «Je ne veux pas revenir sur le reproche qui m’est fait, semble-t-il que j’ai boycotté la session, encore que j’ai préparé la synthèse mais je ne pouvais pas la présenter. Je voudrais vous demander des excuses de n’avoir pas pu présenter la synthèse comme je le faisais d’habitude. Quand j’ai dit tout cela, je voudrais renouveler mes remerciements de la confiance que vous m’avez faite depuis 2009 jusqu’à ce jour», a-t-il affirmé.
Alain Pascal Léyinda, député de Mayoko, dans le département du Niari, était candidat unique et succède au député de Sibiti 2, qui occupait ce poste depuis 2009. Il a été élu par 142 voix contre deux bulletins nuls. Pour lui, cette élection prouve que les institutions de la République fonctionnent d’autant plus que l’Assemblée nationale n’a fait qu’appliquer les dispositions contenues dans son règlement intérieur et de l’article 119 de la Constitution. Il a remercié tous ses collègues de l’Assemblée nationale qui ont voulu porter leur choix sur sa «modeste personne» en le responsabilisant au niveau du bureau.
Il a aussi remercié son parti, l’UPADS, et son premier secrétaire, Pascal Tsaty Mabiala, qui l’ont proposé à ce poste, sans oublier le Président de la République. «C’est sous le signe de la prise de responsabilité que je place mon action. Il faudrait que les Congolaises et les Congolais sachent, comprennent ce qui se fait à l’Assemblée nationale, parce que nous n’avons pas communiqué suffisamment. Je vous rappelle que le deuxième secrétaire a pratiquement trois grandes missions. La première, il est chargé de la communication, de la presse et de l’information. Il est le porte-parole de l’Assemblée nationale, c’est lui qui porte la parole des 151 députés», a indiqué Alain Pascal Léyinda, tout en indiquant qu’il vient avec l’ambition de faire en sorte que l’Assemblée nationale soit au plus près de la population. «Il faut que le peuple sache ce que le député fait exactement au niveau de l’hémicycle, le contrôle de l’action du gouvernement».
Clôturant les travaux, Isidore Mvouba s’est félicité du climat de franchise et de convivialité qui y a prévalu. «On peut dire sans ambages que la démocratie, une fois de plus, a dit son mot. Chaque député a voté librement sans pression et selon sa conscience. L’autorité a ainsi parlé pour accompagner la démocratie. La preuve irréfutable est que l’Assemblée nationale est une chambre hautement politique. En somme, les députés que nous sommes se sont engagés diligemment à défendre les valeurs cardinales qui fondent notre République comme la liberté, la paix, la sécurité des citoyens, la cohésion sociale, le respect de l’autre, l’unité plus que tous les enfants du Congo qu’ils soient du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest», a-t-il signifié.
Cyr Armel
YABBAT-NGO