Les candidats investis du Parti congolais du travail (PCT) aux élections législatives de juillet 2022 ont été pour la plupart élus dans leurs circonscriptions. Parmi eux, les ministres, les conseillers du Chef de l’Etat, les Haut-commissaires et quelques personnalités politiques. Un bon nombre a fait part de leur incompatibilité.
Comme des loups affamés, ils étaient tous allés à l’assaut des électeurs pour solliciter leurs suffrages. La campagne électorale avait mis au grand jour les méthodes peu démocratiques des uns et des autres. L’intolérance a surgi et l’argent a joué un rôle déstabilisateur.
Si au Sénat, l’enjeu n’est pas trop politiquement déterminant; il l’est plutôt à l’Assemblée nationale où la majorité demeure donc d’une importance indéniable pour le bon fonctionnement des Institutions.
Une chose est vraie, il y a eu un foisonnement de ministres qui se sont déclarés candidats. Plus de trente étaient en lice pour les élections législatives. L’engouement à se présenter aux législatives était plus grand que leur motivation à siéger.
Il se dégage pour cela une impression qu’au Congo, les nominations politiques valent mieux. Par le passé, il y avait des circonscriptions électorales qui, a mi-mandat, n’ont plus eu de représentants à l’Assemblée nationale. Certains députés suppléants siégeant, ont trouvé la mort, leur siège est resté vacant, parce que le ou les titulaires ont choisi de rester au Gouvernement plutôt que de rejoindre l’hémicycle, en porte à faux avec la loi électorale.
Rien ne justifie ce refus. Les députés sont élus au suffrage universel direct au même titre que le Président de la République. Pour cela, ils sont des députés nationaux, et non pas seulement de leurs circonscriptions. Ça, c’est la vérité sur le papier. La réalité est toute autre.
Le député est la seule autorité des pouvoirs publics à être directement et régulièrement en contact avec les populations, dans la dure réalité de leur vie quotidienne. Aujourd’hui, la fonction parlementaire est dévoyée. Elle se trouve au cœur d’un enjeu politique budgétivore, par la faute de l’Etat.
D’où l’engouement constaté lors des élections. ministres, conseillers du Chef de l’Etat, Haut-commissaires et autres personnalités politiques, indépendants et surtout, beaucoup d’enfants des dignitaires du pays, veulent tous être députés. En témoignent les dernières législatives et locales.
Bien que la loi électorale n’interdise pas aux membres du Gouvernement d’être des candidats, le principe du cumul de fonctions appliqué aux directeurs généraux de la SNPC et de la CNSS ne devrait-il pas aussi l’être pour les ministres?
Ils se présentent pour ne pas siéger. C’est donc à titre conservatoire qu’ils sont candidats, pour qu’en cas de limogeage, il n’y ait pas trop de déséquilibre dans leur vie quotidienne puisqu’ils vont continuer à percevoir des privilèges parlementaires quand ils vont retrouver de plein droit leur siège à la fin de l’incompatibilité.
Pour cette 15e législature, 35 cas d’incompatibilité ont été introduits au bureau de l’Assemblée nationale par 21 ministres sur les 37 que compte le Gouvernement. Parmi eux: Anatole Collinet Makosso, Firmin Ayessa, Pierre Mabiala, Jean Jacques Bouya, Gilbert Ondongo, Raymond Zéphirin Mboulou, Bruno Jean Richard Itoua, Thierry Lézin Moungalla, Jean-Marc Thystère-Tchicaya, Honoré Sayi, Aimé Ange Wilfrid Bininga, Josué Rodrigue Ngouonimba, Arlette Soudan-Nonault, Rosalie Matondo, Denis Christel Sassou-Nguesso, Emile Ouesso, Antoine Thomas Nicéphore Fylla Saint-Eudes, Ghislain Thierry Maguessa Ebome, Inès Néfer Bertille Ingani, Ludovic Ngatsé, Hugues Ngouélondélé, Juste Désiré Mondélé.
Les Haut-commissaires, Charles Ngafouomo, Hellot Matson Mampouya et Rigobert Maboundou; les conseillers du Chef de l’Etat, Laurent Tengo, Claudia Ikia Sassou-Nguesso, Blandine Nianga, Adélaïde Moungany et Arcène Niamba, ainsi que les personnalités comme Denis Auguste Marie Gokana, Vadim Osdet Mvouba, Zacharie Mokemo, Rodrigue Malanda-Samba, Oscar Otoka, ont refusé de siéger.
KAUD