Il ne fait aucun doute que le pays sombre dans une léthargie que d’aucuns justifient par l’approche des élections en 2026. Ces élections, nous le savons, vont forcément installer une nouvelle génération de dirigeants à beaucoup de postes de l’administration, des partis politiques et des institutions centrales du pays. En tête de celles-ci, une présidence de la République, pour l’instant muette sur ses projets. Va se représenter ou passer la main? A qui? En force, en écrasant principes et règles, ou en douceur (en faisant jouer les mécanismes retenus jusqu’ici par la Constitution?), on prête toutes les intentions au Chef de l’Etat qui ne se prononce pas.
Dans les rues, ça murmure. Ça bougonne aussi parfois, ça suggère des réponses aux questions venant d’une opinion aguerrie, coutumière de toutes les acrobaties pour prolonger un mandat. Détricoter un texte réputé primordial, ça nous connaît. Trouver les explications les plus endormantes pour justifier les triturages des garde-fous que, la main sur le cœur, on avait proclamé hautement inviolables quelques mois plus tôt, est aussi dans nos prouesses avérées. Rien, dans notre volonté de bâtir de nouvelles lois et des commodités nouvelles pour asseoir des approches démocratiques en surface ne nous est impossible. Nous savons faire tout cela. Nous l’avons déjà fait.
Cette fois, il nous est demandé d’adhérer à une démarche qui ne nous fasse pas renâcler devant la suggestion de franchir un nouveau cap. Nous sommes habitués à nos dirigeants (et eux à nous). Ils ne s’attendent pas à des surprises de notre part dans le scénario déjà concocté et dont les citoyens n’ont qu’une vague idée, mais dont ils savent que ceux qui le leur proposent ne voudraient aucunement qu’il soit différent de la proposition de départ. Nous voulons d’une alternance qui n’alterne que le langage, à la rigueur; pas un chamboulement comme nous n’en avons connu qu’en 1992. Le Congo veut rester éternel dans ses hommes au pouvoir, son modèle de transmission et de conservation du pouvoir. Hors de ceci, l’alternance n’est qu’un mot pour les autres.
Université (étudiants et enseignants), retraités, retard de payement à la BEAC, carburant, électricité, eau ou même les sports etc…: le pays est en attente et scrute l’horizon. Les signes d’espérance sont peu visibles. Devant l’amoncellement des ordures devant nos maisons, la multiplication des deuils et des inquiétudes face aux changements climatiques, nous sommes un pays en attentes multiples.
Albert S. MIANZOUKOUTA