Le gouvernement burkinabé vient d’adopter un projet de loi portant amnistie de personnes condamnées dans le cadre du coup d’Etat manqué de 2015. D’après Edasso Rodrigue Bayala, ministre de la Justice et des droits humains, les personnes concernées devront reconnaître les faits, bien se comporter et faire preuve d’engagement patriotique dans la lutte contre le terrorisme.
En 2015, un groupe de soldats issus de l’ex-régiment de sécurité présidentielle avait tenté de mettre fin à la transition en cours après la chute de Blaise Compaoré. Suite à l’opposition d’une partie de l’armée et des populations, ce coup d’Etat avait échoué et plusieurs officiers, dont les généraux Gilbert Dienderé et Djibril Bassolé, avaient été condamnés à des peines de prison ferme.
Les personnes concernées par l’amnistie seront désignées dans un décret à venir. «L’une des conditions sera de manifester la volonté et l’intérêt d’être déployé sur le théâtre des opérations dans le cadre de la reconquête du territoire. Cette décision n’est pas pour autant une remise en cause des acquis de l’insurrection de 2014 qui a mis fin au régime de Blaise Compaoré», a indiqué le ministre de la Justice.
Un premier procès a eu lieu en septembre 2019, dont les jugements en appel se font toujours attendre. Selon le ministre Edasso Rodrigue Bayala, «la loi d’amnistie pourrait permettre de pallier la lenteur de la justice et débloquer la situation».
Ayant requis l’anonymat, un juriste burkinabé estime que «cette loi est bel et bien une volonté de réhabiliter les militaires qui sont en prison. Cela revient à cautionner le coup d’Etat, car ils seront blanchis, réhabilités et même dédommagés».
Dans l’attente d’en connaître le contenu, l’un des avocats des victimes du coup d’Etat manqué de 2015, dit ne pas comprendre les motivations profondes qui entourent cette mesure.
Alain-Patrick
MASSAMBA