Leader de la révolution burkinabè, le capitaine Thomas Sankara qui s’était emparé du pouvoir à la suite d’un coup d’Etat en 1983 a été assassiné quatre ans après, le 15 octobre 1987. Lundi 11 octobre dernier à Ouagadougou, le tribunal militaire commis à cette tâche, a ouvert le procès, puis l’a suspendu.

Veuve Sankara
La veuve Mariam Sankara espère l’aboutissement de ce procès

Durant le règne de Blaise Compaoré, son compagnon d’arme et ami qui lui a succédé, aucune tentative visant à mettre la lumière sur cet assassinat n’a abouti. Ce n’est qu’après la déchéance de celui-ci en 2014 que les choses ont commencé à se repréciser.
Quatorze personnes figurent dans le box des accusés, dont deux absents de taille: Hyacinthe Kafando, soupçonné d’avoir dirigé le commando qui a tué Thomas Sankara et ses compagnons, et Blaise Compaoré, l’ancien président, accusé d’avoir commandité le crime. Ce procès suscite beaucoup d’espoir d’obtenir la vérité sur les événements du 15 octobre 1987.
Pour Me Bénéwendé Stanislas Sankara, qui avait déposé la première plainte pour le compte des victimes en 1997, le pouvoir de Blaise Compaoré n’a pas facilité les choses. Au contraire, il s’était constitué en premier adversaire du dossier. C’est donc pour lui, l’aboutissement d’un long processus qui suscite beaucoup d’espoir, pour les personnes affectées par cet assassinat. Il s’agit à travers ce procès de «réhabiliter socialement et politiquement Thomas Sankara».
Devant le bâtiment Burkina, du Conseil de l’entente, Luc Damiba, secrétaire général du Comité du mémorial Thomas Sankara, repense au fil des événements: «C’est juste là où se trouvent les fleurs qu’on l’a abattu. Avec les témoins, les survivants, avec la reconstitution judiciaire, on sait exactement ce qui s’est passé ici. Donc, pour nous, c’est très important que dans la salle d’audience, on dise ce qui s’est passé exactement ici, on a envie de savoir la vérité. On ne peut pas rater ce projet».
Paul Dipama, cousin de Frédéric Kiemdé, tué aux côtés de Thomas Sankara, n’a découvert la tombe de son proche que le lendemain des événements, sans une explication. «Je me suis rendu au cimetière de Dagnoen où j’ai vu une feuille avec un morceau de bois piqué sur la tombe avec son nom. Vraiment, ce n’était pas du tout beau à voir! On ne comprenait rien. Depuis lors, je n’ai jamais, jamais, eu la vérité, on n’a jamais su ce qui s’est passé», a-t-il évoqué.
Suspendu aussitôt après son ouverture, le procès de Thomas Sankara reprendra le 25 octobre prochain.

Gaule D’AMBERT