Le Cameroun va tenir son élection présidentielle le 12 octobre prochain. Comme de normal, le président Paul Biya, au pouvoir depuis 43 ans, va se lancer dans la compétition pour un successeur éventuel. A 92 ans, ce sera son 8ème mandat. Et il n’est pas exclu qu’il l’emporte haut-la-main, tant les rangs de l’opposition pourtant encombrés, sont traversés par des dissensions. La «candidature consensuelle» de l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary a été jugée peu consensuelle à peine proclamée le 14 septembre. Les 11 autres leaders de l’opposition ne lui ont pas apporté leur soutien.
A moins d’un retournement de situation, peu d’observateurs doutent d’une victoire sûre du chef de l’Etat. Les fragmentations éthiques et géographiques ont fini par atomiser une opposition pourtant unie à vouloir le départ du président, mais peu encline à s’entendre sur le nom et les méthodes de succession. Au fil des années, même l’étranger a commencé à regarder M. Paul Biya comme une pièce maîtresse pour la stabilité de l’Afrique centrale. Autant dire que les candidats du changement pour le changement ont peu de chance d’accéder au pouvoir.
Le peuple blasé regarde ce qui se déroule sous ses yeux. Il est habitué au jeu des proclamations et des dénonciations qui ont fait le lit de la vieille classe politique, pourtant critiquée pour son inertie et sa trop longue durée au pouvoir. A moins d’un renoncement volontaire de M. Biya au pouvoir, les Camerounais devraient se retrouver en octobre prochain avec les mêmes leaders politiques. Le scénario qui se profile, dresse un tableau rassurant, avec des dirigeants qui, de temps en temps, lèvent la tête pour s’inquiéter de la guerre qui sévit dans la partie anglophone ou des agissements de l’activisme de Boko Haram, la secte islamiste basée au Nigéria voisin puis qui retombent dans le train-train habituel.
Albert S. MIANZOUKOUTA
