La deuxième réunion ministérielle du comité de pilotage de la Plateforme d’appui aux solutions dans le cadre des déplacements forcés liés à la crise centrafricaine s’est tenue à Brazzaville le 21 février 2025. Placée sous le patronage du Premier ministre Anatole Collinet Makosso, elle a rassemblé le vice-premier ministre de la RDC; la ministre congolais des Affaires sociales, de la solidarité et de l’action humanitaire, Mme Irène Marie Cécile Mboukou-Kimbatsa Goma, ainsi que d’autres membres du Gouvernement; la ministre centrafricaine de l’action humanitaire et de la réconciliation nationale, présidente de la plateforme, Mme Josiane Lina Bemaka Soui; les ministres membres de la plateforme; les représentants des Nations-Unies, du HCR, de l’Union européenne, de CEEAC, les partenaires techniques et financiers, etc.
Cette réunion a permis de renforcer la coordination entre les pays signataires de la Déclaration de Yaoundé et les acteurs engagés dans la protection des réfugiés. Les participants ont échangé des bonnes pratiques et tiré les leçons et les expériences d’autres initiatives, tout en établissant des perspectives claires pour l’amélioration des politiques et pour en œuvre de nouvelles initiatives en faveur des personnes déplacées.
La ministre Irène Marie Cécile Mboukou-Kimbatsa Goma a souligné l’importance du rôle du HCR dont l’expertise et le soutien sont essentiels dans la mise en œuvre des stratégies de protection et d’inclusion des réfugiés.

Elle a indiqué que le Gouvernement congolais s’est pleinement investi dans la mise en œuvre d’une politique harmonieuse et efficace pour les réfugiés centrafricains présents sur son territoire. En 2024, la République du Congo comptait 68.745 réfugiés, dont 35.220 Centrafricains vivant particulièrement dans le département de la Likouala.
Depuis 2017, 10.555 réfugiés ont été rapatriés volontairement. Les enquêtes sur les intentions de retour réalisées en 2024 montrent que 62,6% des réfugiés sont prêts à retourner en RCA, motivés à 48,5% par une amélioration de la sécurité dans leurs pays. «Nous estimons donc que si les conditions sont remplies, des convois de retour reprendront cette année 2025 pour ceux qui le souhaitent», a fait savoir la ministre.
Le directeur du bureau régional du HCR pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre a indiqué que la plateforme est en marche et doit être soutenue, précisant que les solutions doivent inclure des initiatives favorisant l’autonomisation et la résilience des personnes déplacées.
Le premier conseiller, chef de délégation adjoint de l’Union européenne, a rappelé le montant des fonds consacrés à la crise centrafricaine qui s’élève à 40 millions d’euros et a réaffirmé l’intérêt de son institution à la plateforme d’appui.
La ministre centrafricaine a exprimé, au nom du Président Faustin-Archange Touadera, sa reconnaissance et sa gratitude au Gouvernement et au peuple congolais qui ont ouvert les portes de leur pays pour accueillir ses concitoyens, ainsi qu’à l’endroit de ses homologues des pays signataires de la déclaration de Yaoundé, adoptée le 27 avril 2022.
Actuellement, 677.000 Centrafricains vivent dans des pays voisins, avec des chiffres significatifs au Cameroun (281.865), en RDC (206.254), au Tchad (140.167), en République du Congo (35.220), au Soudan (10.058) et au Soudan du Sud (2760).
Depuis 2017, 52.937 réfugiés ont regagné la RCA dont 20.000 en 2024. «Des signes forts qui incitent mon pays à faire de la plateforme d’appui aux solutions, un mécanisme véritable pour la recherche des solutions», a-t-elle déclaré.
En 2025, la RCA prévoit d’accueillir au moins 40.000 réfugiés. Par ce mécanisme, le pays vise à renforcer son engagement avec tous les acteurs pour atteindre l’objectif de 300.000 réfugiés d’ici 2028. Au-delà de ce rapatriement volontaire, elle s’est dite consciente que des milliers de réfugiés ne voudront pas encore retourner en RCA, a reconnu Mme Josiane Lina Bemaka Soui.
Il est donc crucial de renforcer les activités de protection, notamment en matière de documentation civile, d’éducation, d’autonomisation, de résilience et d’inclusion socio-économique dans les pays d’asile.
Anatole Collinet Makosso a rappelé que «nul ne choisit d’être réfugié» et a affirmé que le Congo est une terre d’asile. Il a mis en avant les grandes avancées du pays dans le cadre du pacte mondial pour les réfugiés, garantissant aux réfugiés les mêmes droits que les nationaux.
Les participants ont réaffirmé leur engagement à poursuivre les activités de la plateforme d’appui aux solutions, qui vise à coordonner les efforts régionaux pour aider les personnes déplacées.
Un plan d’activités 2025 a été adopté, axé sur le renforcement des échanges techniques, la mobilisation des ressources financières et l’exploration de nouveaux mécanismes de financement; le plaidoyer pour les politiques inclusives garantissant la protection des personnes déplacées. A l’issue de cette rencontre, le Congo a pris la vice-présidence de la plateforme.
Cyr Armel YABBAT-NGO