Il était tant attendu par l’ensemble des acteurs sociopolitiques pour mettre un terme au conflit qui ensanglante le pays depuis des décennies. Le dialogue politique a été ouvert lundi 21 mars dernier à Bangui par le président Faustin Archange Touadéra.

Promis de longue date par le chef de l’Etat, ce dialogue se tient malheureusement sans les principaux opposants politiques. Ceux-ci ont annoncé dimanche 20 mars, leur retrait affirmant que leurs revendications, notamment l’inclusion des groupes armés et l’inscription à l’ordre du jour de la crise post-électorale, n’ont pas été satisfaites.
C’est sans les ténors de l’opposition que le dialogue a débuté lundi dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Plusieurs centaines de personnes étaient présentes: des membres du gouvernement, des députés, des diplomates en poste à Bangui. Il y avait aussi les anciens présidents Michel Djotodia et Catherine Samba-Panza, l’ancien chef de guerre Abdoulaye Hissène.
Le président du Comité préparatoire, le ministre d’Etat Obed Namsio, a dit regretter l’absence de l’opposition. Hormis deux représentants dans le présidium et malgré la «main tendue du chef de l’Etat». «La porte est toujours ouverte» a-t-il lancé.
«Ce n’est pas un dialogue de trop, mais une chance de plus pour la paix», a déclaré le président Touadéra. Avant de donner, le coup d’envoi des travaux, pour trois jours de travail en commissions puis trois jours de débats. Les thématiques abordées vont être très larges.
L’objectif des organisateurs est de mettre un terme à la crise et de ramener la paix, sans toutefois préciser par quelles mesures concrètes, espérant qu’une solution naîtra des discussions.
L’opposition réclamait aussi un débat sur la crise électorale de 2020, puisqu’elle juge toujours illégitime la réélection du président Touadéra. Moins d’un électeur sur trois seulement avait pu voter en raison de l’attaque coordonnée des groupes rebelles à travers le pays.
«Nous n’entendons pas servir de faire-valoir à cette parodie de dialogue», a indiqué Nicolas Tiangaye au nom de l’opposition élargie, qui comprend la COD2020, le MLPC de Martin Ziguélé et Patrie de Crépin Mboli-Goumba. Le MKMKS de Jean-Serge Bokassa et le MDRC de Joseph Bendounga avaient déjà fait savoir qu’ils ne répondraient pas présent à l’ouverture du dialogue.
La décision de l’opposition est jugée «absurde» par le MCU, le parti au pouvoir. Mathurin Dimbelet-Nakoé s’étonne que l’opposition se retire au dernier moment après avoir siégé au Comité d’organisation, établi les thématiques et défini les contours du dialogue. «Malgré la main tendue par le chef de l’Etat, ces gens-là ne sont pas pour la paix, lance-t-il. Un groupe de personnes ne peut pas continuer à prendre la République centrafricaine en otage».
Du côté de la société civile, on exprime sa déception mais on garde espoir dans l’issue du dialogue. «C’est lamentable», a réagi Hyacinthe Longba, défenseur des droits de l’homme et membre du Comité d’organisation du dialogue. «J’aurais aimé voir toutes les sensibilités autour de la table», a renchéri Paul-Crescent Beninga, rapporteur général issu de la société civile.

Gaule D’AMBERT