L’ancien chef de l’exécutif du Mali n’est plus! Soumeylou Boubèye Maïga est décédé lundi 21 mars 2022 à Bamako, au Mali, à l’âge de 67 ans. L’annonce de sa mort a suscité émotion, consternation et aussi des messages de condoléances et d’hommages multiples sur le continent. Il avait été détenu entre 2017 et 2019.

Après la triste nouvelle, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, a exprimé sa «tristesse» suite à cette disparition. Même émotion du côté du président du Niger, Mohamed Bazoum, qui a traduit sa «consternation». En effet, la mort de Soumeylou Boubeye Maïga lui «rappelle celle du président Modibo Keïta en 1977. Je pensais que de tels assassinats relevaient d’une autre ère», a déclaré le chef de l’Etat nigérien. Les deux dirigeants ont trouvé la mort en prison.
La nouvelle est «triste et tragique», s’indigne le défenseur sénégalais des droits de l’homme, Alioune Tine, qui estime qu’«on aurait pu éviter cette fin au Premier ministre avec cette chronique d’une mort annoncée».
En Côte d’Ivoire, «c’est avec une grande tristesse» que le président Alassane Ouattara a «appris le décès de son jeune frère». Le chef de l’Etat ivoirien a adressé ses «condoléances les plus émues à sa famille et à ses proches».
L’homme politique sénégalais Abdoulaye Bathily salue quant à lui la mémoire d’un «militant courageux» et d’un «homme d’Etat lucide». il précise que «Boubèye restera une figure emblématique du Mouvement démocratique, en particulier de la révolution du 26 mars 1991».
De son côté, l’ex-ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Alpha Barry, évoque une grande perte pour le Mali mais aussi pour la sous-région, car Boubeye Maïga était «à la disposition du Sahel et de toute l’Afrique de l’Ouest», mettant au service des Etats voisins sa «faculté de compréhension et d’analyse des phénomènes terroristes», notamment. Autre hommage, celui du ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, attristé de voir disparaître «un éminent homme d’Etat malien, un africaniste engagé et un ami personnel».
D’aucuns voient en la mort de Soumeylou Boubèye Maïga, la triste fin d’un poids lourd de la politique malienne. Lui qui était détenu à la maison centrale d’arrêt de Bamako puis transféré dans une clinique. Son état de santé s’était dégradé et malgré les recommandations médicales, son évacuation sanitaire n’a jamais été permise par les autorités de transition.
Journaliste de profession, spécialiste des questions de sécurité et de défense, celui que l’on surnomme «le Tigre» se frotte très tôt à la politique.
Il prend part à la révolution malienne de mars 1991, avant de se mettre au service de trois chefs d’Etat élus.
Sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré, Soumeylou Boubèye Maïga, aussi connu sous le surnom «SBM», occupe notamment les fonctions de directeur de la sécurité d’Etat et de ministre de la Défense. En tant que patron des renseignements, il a la réputation d’être un homme à poigne, en déjouant au moins «un coup d’Etat». Candidat à la présidentielle de 2007, il est nommé ministre des Affaires étrangères de l’ex-président Amadou Toumani Touré.
En 2013, il devient ministre de la Défense du président Ibrahim Boubacar Keïta. Grand commis de l’Etat au carnet d’adresses fourni, il est ensuite nommé Premier ministre du président déchu IBK, dont il contribue largement à la réélection en 2018. Il est débarqué un peu plus tard, mais il pesait toujours sur la scène politique de son pays.
Homme de gauche, ses interlocuteurs le trouvaient «précieux». Peu avant son arrestation en août 2021, Il ne cachait pas qu’il avait encore une fois l’intention d’être candidat à la prochaine élection présidentielle.

Azer ZATABULI