Les prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité (sucre, huile, farine, carburant, savon, ciment….) continuent à flamber dans le Nord-est de la République centrafricaine. Cette hausse des prix touche particulièrement Birao, dans la préfecture de la Vakaga et Ndélé, dans la préfecture de Bamingui-Bangoran. Dans ces deux villes l’approvisionnement dépend en grande partie du Soudan voisin, en guerre depuis le 15 avril 2023. «A Birao, certains produits ont disparu des étals, d’autres ont vu leurs prix doubler. Une situation intenable», indique El Hadj Hissene Karama, président de l’Association des commerçants de la Vakaga.
Le président de la plateforme associative explique qu’«avant le conflit au Soudan, le sac de sucre était à 40.000 francs CFA. Maintenant, il est à 90.000. Le prix du carburant était à 1.000 francs, mais cette fois-ci c’est à 2.000. Et pour la farine, le sac est normalement à 35.000, cette fois-ci, c’est à 80.000».
En deux mois, les combats au Soudan ont déstabilisé toute la chaîne d’approvisionnement de la région, notamment au niveau d’Amdafock, à la frontière entre les deux pays. Fafa Olivier Attidzah, représentant du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés affirme que «les commerçants soudanais ne peuvent plus aujourd’hui desservir Birao comme ils le faisaient avant la crise. La route Amdafock-Birao est l’unique qu’utilise la préfecture de la Vakaga pour se ravitailler en tout. Tout vient du Soudan: le sucre, l’essence, le ciment, les couvertures, le petit bétail, la volaille, les légumes…. Tout vient d’Amdafock, côté Soudan ou bien de Nyala, avant d’arriver sur le territoire centrafricain».
L’absence des commerçants soudanais se fait sentir jusqu’à Ndélé, un peu plus à l’Ouest. Là aussi, l’inflation pèse sur les ménages. D’après Ibrahim Senoussi, sultan-maire de la commune de Dar el-Kouti, la hausse touche particulièrement l’essence et le sucre.
«La guerre au Soudan et la situation sécuritaire dans la zone n’a pas favorisé l’arrivée massive des commerçants soudanais et aujourd’hui, la rareté se fait sentir sur le terrain. Les prix augmentent sans cesse. Prenons seulement le sucre: en temps normal, quand les Soudanais arrivaient massivement, cinq kilogrammes de sucre coûtaient 2.300 francs, voire 4.000. Mais aujourd’hui, on l’achète à 6.500 francs, voire 7.000. La population ne peut pas tenir le coup», précise le sultan-maire.
Pour approvisionner la ville, le sultan-maire vise désormais sur la réhabilitation de l’axe Bangui-Ndélé. Selon plusieurs sources, l’insécurité reste un frein pour de nombreux transporteurs de marchandises.
A Birao, la situation est encore plus critique. La saison des pluies risque de renforcer l’isolement économique des habitants de cette localité et de ses environs.

Gaule D’AMBERT