L’affaire est dans toutes les conversations en Centrafrique, celle de la rencontre qui a mis tête-à-tête le Premier ministre Firmin Ngrebada et le chef rebelle Ali Darass, le 25 juillet 2020. Les deux hommes se sont rencontrés à huis clos, après un rendez-vous organisé avec l’aide des représentants des institutions régionale et continentale. Mais, cette entrevue est mal accueillie et les coulisses de la rencontre créent un malaise dans le pays.

Selon certaines sources, cette rencontre avait été organisée avec l’aide du représentant de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), Adolphe Nahayo, et de celui de la commission de l’Union africaine (UA), Mathias Matondo. Les deux hommes auraient notamment été en contact avec Laeticia Jeanne-Marie Boukoro Amphy Wang, directrice de cabinet du Premier ministre Firmin Ngrebada. C’est elle qui aurait servi de principal relais entre l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) et les collaborateurs de son leader, Ali Darass.
Cette rencontre survient à un moment important de l’histoire de la Centrafrique, qui se prépare à l’élection présidentielle de décembre prochain. Alors que, depuis sa nomination pratiquement, le Premier ministre centrafricain est l’objet de beaucoup d’adversité. Sur la scène politique nationale notamment, Firmin Ngrebada apparaît de plus en plus fragilisé. Il fait face à un front anti-MINUSCA, la mission de l’ONU en Centrafrique, et ses adversaires ne désarment pas.
Le 17 mars, Bethsaida Mbongo, président du Mouvement des patriotes centrafricains pour la paix (MPCP) avait une nouvelle fois appelé à manifester pour demander la mutation de trois fonctionnaires de l’ONU et la démission du Premier ministre. Ce leader affirmait que Zalko Bars Dimitroff, Torres Ray et José Carlos, cadres de la MINUSCA, ont livré des armes à des groupes armés de Bangui, il disait détenir des «preuves».
Concernant la prochaine élection présidentielle centrafricaine que Brazzaville suit avec intérêt, des états-majors des partis politiques du pays de Barthélemy Bognada se mobilisent de plus en plus, à telle enseigne que même des leaders de l’opposition en exil sont rentrés au bercail pour prendre une part active dans cette échéance d’envergure. C’est le cas des ex-Présidents Michel Dzotodia et François Bozizé qui ont regagné Bangui depuis quelques mois. Si le premier avait rencontré sans écueil le Président Faustin-Archange Touadéra candidat à sa succession, le second lui, avait eu fort à faire pour être reçu au palais par l’actuel chef de l’Etat.

Aristide Ghislain
NGOUMA