Ancien cercle civil et militaire français construit en 1904 dans lequel le Général de Gaulle a organisé, en janvier et février 1944, la «Conférence de Brazzaville», et qui abritait une partie des archives historiques de l’ex-Afrique équatoriale française (AEF), le Centre de formation et de recherche en art dramatique (CFRAD) était rongé par l’érosion. L’effondrement, en février 2018, d’une partie de sa façade arrière suite à des pluies torrentielles, provoqua une indignation générale.

Le gouvernement congolais, à travers le ministère de la Culture, a sollicité une aide de la France pour ce vestige de la coopération franco-congolaise. D’où la signature d’une convention pour sa réhabilitation.
Après les travaux de stabilisation de l’érosion, l’ambassadeur de France, François Barateau, a saisi l’occasion de la célébration de la fête nationale de son pays, le jeudi 14 juillet dernier, pour remettre officiellement les travaux réalisés au ministre de la Culture et des arts, Dieudonné Moyongo. Cette action s’inscrit pleinement dans l’année mémorielle «2020-de Gaulle à Brazzaville», co-organisée par l’ambassade de France et les autorités congolaises, afin de commémorer dignement, dans le respect des mesures sanitaires en vigueur, un ensemble d’événements pour marquer les 80 ans du premier séjour du Général de Gaulle dans la capitale de la France Libre.
D’un montant de 300 000 euros (environ 195 millions de F. CFA), ces travaux s’inscrivent dans le cadre du projet «Préservation et Valorisation du patrimoine mémoriel de la République du Congo» qui concerne également la création d’une station de numérisation d’archives à Bacongo.
Afin de stabiliser l’édifice du CFRAD et d’empêcher qu’il ne soit totalement avalé par les érosions, d’importants travaux de consolidation ont été réalisés. Des travaux de réhabilitation sont encore nécessaires, mais l’urgence a été traitée.
Sans cette action, ce haut lieu de mémoire conjointe serait sur le point de disparaître, amputant la jeunesse congolaise d’un des symboles qui ont construit son histoire.
Et c’est pour permettre aux jeunes de s’approprier leur histoire qu’une station de numérisation a été conçue à Bacongo. Les archives de l’ex-A.E.F y sont stockées. Les fonds inventoriés sont prêts à être numérisés, en vue notamment de leur mise en ligne, afin de permettre à tous de les consulter gratuitement et facilement.
«Comme vous le savez, il y a deux ans à peu près, le gouvernement congolais nous a demandé de l’aider en urgence à sauvegarder le bâtiment historique du CFRAD (…) Donc, il y avait une urgence à sauvegarder ce bâtiment. Ces travaux ont été faits. Nous avons donc en quelque sorte remis les clés ce matin au ministre, les travaux de stabilisation sont assurés. Maintenant, effectivement, il y a plusieurs phases à ce projet de cette convention que nous avons nouée voici plus d’un an maintenant, qui concerne plus spécialement les Archives, c’est-dire le traitement des archives, la conservation, la sauvegarde, la numérisation, puis la valorisation, parce que les archives ne doivent pas rester des choses mortes, ça doit servir aux jeunes, ça doit servir aux chercheurs, ça doit servir à tous les citoyens qui ont envie de se renseigner sur leur histoire, et en l’occurrence, cette histoire partagée, comme vous le savez, des années 40», a indiqué François Barateau.
«Les choses évoluent dans le bons sens, comme l’a dit Monsieur l’ambassadeur. L’érosion qui menaçait dangereusement le CFRAD a été endiguée, grâce à la convention que nous avons signée en 2018 avec l’ambassade de France. Cette convention avait pour objet la préservation, la valorisation et la numérisation des Archives. Vous savez, les Archives, c’est la mémoire d’un pays. Mais ici, ces archives vont au-delà de la mémoire du pays. Avec le travail de numérisation, à peu près 80 000 vues. Nous allons sélectionner les archives fragiles, et les archives qui sont beaucoup consultées. Donc, d’ici là, nous aurons 80 000 vues, ce n’est pas rien. La première phase, c’était de faire en sorte que l’érosion soit endiguée. Nous allons continuer à réfléchir avec nos partenaires, bien sûr, avec le chef du Gouvernement, pour voir comment préserver ce bâtiment qui est l’un des vestiges de notre histoire avec la France», a, pour sa part, affirmé Dieudonné Moyongo.
Le projet de réhabilitation du CFRAD et de la création d’une station de numérisation d’archives à Bacongo a bénéficié de la mobilisation de l’expertise française, à travers les Archives de France et l’association Archivistes Sans Frontières.

Véran Carrhol YANGA