Si l’on n’y prend garde, le conflit de l’Est de la République démocratique du Congo pourrait se transformer en un incendie rugissant qui dévorera le cœur de l’Afrique Centrale. Il était jusqu’ici conscrit au centre de la République démocratique du Congo, plus précisément à son Est, il pourrait embraser plus vigoureusement les pays des alentours. Avec, comme premier d’entre eux, le Rwanda vers qui il voue désormais une haine tenace, tribale. Peu importe que le Rwanda nie être le soutien principal du Mouvement du M-23, l’hypothèse séduit y compris dans l’homme de la rue à Kinshasa.
C’est que l’irruption, de nouveau, du Président Joseph Kabila Kabange sur la scène politique, a rejeté des tysons au bucher. Il suffit de souffler dessus. En soutenant depuis quelque temps, sans détours de langage, que l’homme était le véritable patron de la rébellion du M-23, le Président Félix Tshisekedi a donné l’impression d’en savoir plus sur son prédécesseur qu’il n’a voulu en dire jusqu’ici. Or, patron ou pas, Joseph Kabila s’est bien révélé être en accointances assummées avec les rebelles de l’Est. Une première fois avortée, sa tentative de revenir à Kinshasa «par l’Est» a été vécue comme un passage en force, un acte de trahison.
C’est à Goma, donc à l’Est, que M. Kabila a finalement annoncé qu’il s’est établi (définitivement ?). La ville est aujourd’hui sous occupation totale de la rébellion qui se dit, quant à elle, «heureuse» de le savoir là. Jamais déclaration d’amour n’aura été plus explicite. Au moins dans la tête de nombreux Congolais. Cette situation ne résout pas le problème, elle le complique. La présence d’un ancien président en zone rebelle, ne conduira certainement pas à l’abréviation du conflit. Désormais, le Congolais lambda sait.
Les populations qui ont nourri toutes sortes de suspicions envers le régime et la personne de Joseph Kabila n’ont pas été forcément plus souriantes quand elles ont vu s’installer au pouvoir un Tshisekedi content d’avoir été déclaré vainqueur à la présidentielle de décembre 2023. Un deal avait été scellé entre les deux hommes. Il a permis une relative gestion pacifique de leurs rapports. Aujourd’hui tout cela est rompu et c’est la guerre entre les deux hommes. Mais ils sont tous deux porteurs d’allumettes.

Albert S. MIANZOUKOUTA