Une séance des questions d’actualité a eu lieu à l’Assemblée nationale, sous la présidence d’Isidore Mvouba, jeudi 3 février 2022 à l’initiative de Venance Monia, député de Dongou, dans la Likouala. Elle a porté sur la pénurie de ciment qui entraîne une hausse vertigineuse des prix du sac et de la tonne de ciment. Le Gouvernement, conduit par le ministre d’Etat Firmin Ayessa, a dû s’expliquer sans convaincre.

Les Congolais ne supportent plus l’augmentation du prix du sac de ciment. Un sac acheté avant entre 3000 et 3500 F.Cfa, est vendu actuellement à 6000 F.Cfa. La tonne est passée de 70.000 F.Cfa en novembre 2021, à 120.000 F.Cfa. Trop cher pour les Congolais qui n’arrivent plus à faire avancer leurs chantiers dont la plupart sont en arrêt. La classe moyenne n’arrive plus à construire à cause de la hausse du prix du ciment
Les vendeurs soutiennent pour leur part que l’augmentation du prix du ciment dépend du prix d’achat. Une situation qui n’a pas laissé indifférent le député Venance Monia, l’auteur de l’interpellation.
Pour le Gouvernement, cette situation est dûe à l’arrêt de quatre cimenteries sur les cinq installées au Congo: Dangoté, avec une capacité de production de 1.500.000 tonnes, a connu une panne au niveau de son broyeur en décembre dernier; Sonocc, installée à Loutété, département de la Bouenza, a une capacité de production de 400.000 tonnes mais connaît une dégradation sur son réseau téléphérique d’approvisionnement en substrats. «Le téléphérique est en panne, à cause de la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19, la commande que nous avons passée en France tarde à arriver. Mais, nous cherchons des véhicules pour assurer le transport du calcaire de la carrière à l’usine», expliquait le représentant de la Sonocc, au cours de la réunion tenue avec le ministre du développement industriel.
Les usines de CIMAF, à Hinda (Kouilou), d’une capacité de production de 500.000 tonnes et Diament ciment, à Mindouli dans le Pool, avec une capacité de production de 600.000 tonnes, sont en cessation d’activités et sont à la recherche de nouveaux partenaires qui se font au travers des administrateurs judiciaires.
Seule l’usine de Forspak, à Dolisie dans le Niari, avec une capacité de production de 500. 000 tonnes, est opérationnelle mais ne peut couvrir la demande nationale estimée à 1,2 million de tonnes par an.
Avec la fermeture des usines de Diament ciment et CIMAF, et les pannes de Dangoté et Sonocc, l’offre de ciment dans le pays est désormais de 400.000 tonnes supportée essentiellement par Forspak. «Une offre qui ne couvre pas la demande», a expliqué Antoine Thomas Nicéphore Fylla Saint Eudes, ministre du développement industriel et de la promotion du secteur privé.
D’après le ministre, Sonocc devrait reprendre la production le 12 février prochain. «Les câbles de périphériques sont déjà à Pointe-Noire. Dangoté pourrait réparer sa panne dès l’arrivée des pièces au cours du mois», a-t-il indiqué, sans donner d’autres détails.
Or, selon des sources recoupées, Dangoté menacerait de délocaliser son usine pour la RDC à cause des tracasseries et du péage placé à l’entrée de son unité de production, à Yamba, dans le département de la Bouenza.
Le roi du ciment, le milliardaire nigérian Aliko Dangoté avait investi 300 millions de dollars (150 milliards de F.CFA) pour construire cette usine de ciment.
Lui emboîtant le pas, Jacqueline Lydia Mikolo a estimé que la question d’approvisionnement du marché en ciment est en partie dûe à l’effondrement des rails du CFCO entre la gare de Kiélé Ténard et le Pk Mfilou. «En attendant, l’approvisionnement de Brazzaville se fait par des camions de distributeurs qui se font livrer directement à l’usine. La location de véhicules de transport Brazzaville-Loutété-Brazzaville taxe à 25.000 F.Cfa la tonne. A cela, s’ajoute la spéculation des distributeurs qui font que certains revendeurs particulièrement ceux de Dangoté, s’approvisionnent auprès de leurs collègues distributeurs agréés des usines en fonctionnement. Autrement dit, il y a un phénomène d’allongement de la chaîne de distribution. La situation est aggravée par l’autre phénomène constaté: celui de la vente à la sauvette, c’est-à-dire une vente qui s’effectue directement à travers les véhicules de distribution de ciment», a fait savoir la ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’artisanat et du secteur informel.
Elle a assuré que la reprise des usines et la réparation du chemin de fer permettront de stabiliser les prix sur le marché. A vrai dire, il se pose le problème de la loi de l’offre et de la demande. Plus il y a de produits sur le marché, moins ils coûtent.
A noter qu’avec l’installation des différentes usines, le Congo s’était donné l’ambition d’exporter du ciment. Le Gouvernement et les différentes sociétés de production devraient pour cela définir une politique d’exportation. Rien de tout ça n’a été fait et le Congo pourrait, si l’on n’y prend garde, revenir à son statut de pays importateur de ciment. Parmi les dispositions prises par le Gouvernement pour faire face à la spéculation, il est prévu la traque des commerçants véreux.

KAUD