La Commission épiscopale Justice et Paix (CEJP) et l’Action évangélique pour la Paix (AEP), ont organisé conjointement le 7 juillet dernier, dans la salle de conférences de la CEEDUC, la consultation sur l’observation des élections. Respectant les mesures barrières dues à la pandémie de la COVID 19, vingt-deux personnes membres du clergé et les responsables laïcs des différents services des deux Eglises y ont pris part. Cette consultation a connu deux phases à savoir: l’animation des panels; et l’atelier sur la démarche de l’Eglise suivi des recommandations.
Le premier panel animé par Samuel Nsiakaka, secrétaire général de la Fondation Niosi, a porté sur le rappel historique des conflits armés que le Congo a connus de 1993 à 2020, et de leur incidence sur le processus démocratique. L’intervenant a informé l’assistance que, tous ces conflits ont eu la particularité de se déclencher, soit à l’orée ou après les échéances électorales avec pour seul but, l’accès ou le maintien au pouvoir. Ces conflits n’ont pas permis une alternance démocratique. Bien au contraire, ce processus a connu un recul.
Le deuxième intervenant sur ce panel Christian Mounzeo, président de la Rencontre pour la paix et les droits de l’homme, était axé sur: «l’impact des conflits sur les droits humains en République du Congo». Il a fait un bref rappel des différents instruments internationaux de protection des droits humains qui existent, notamment (la Déclaration universelle des droits humains, le pacte international relatif aux droits civils et politiques, le pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels). Les instruments juridiques nationaux de protection des droits humains ont été aussi évoqués.
Intervenant à son tour, Brice Mackosso, secrétaire permanent de la Commission diocésaine Justice et Paix de Pointe-Noire, a mis un accent particulier sur la construction de la paix à partir des élections qui soient transparentes, libres et démocratiques. «La constitution est un texte sacré auquel l’on doit croire comme l’on croit à la bible» a-t-il renchéri. Malheureusement, l’histoire constitutionnelle du Congo a été marquée par plusieurs changements de constitution depuis l’indépendance à ce jour. Ces changements occasionnent une instabilité des institutions pour la simple raison que chaque président arrive au pouvoir avec sa constitution et s’en va avec, une fois qu’il a perdu le pouvoir. La réussite du processus électoral dépend de la qualité des institutions chargées d’organiser les élections.
«Quelle stratégie pour organiser une élection transparente et apaisée»? C’est le thème du deuxième panel co-animé par l’abbé Félicien Mavoungou et Victor Moussoki. Le premier a rappelé que le vote est un droit consacré par les instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux de protection des droits humains.
Victor Moussoki, quant à lui, est passé en revu certains textes juridiques, ayant trait au processus électoral. Il a recouru au magister en parcourant certaines lettres pastorales, notamment la lettre pastorale des évêques Camerounais sur les élections. La question du positionnement de l’Eglise par rapport au processus électoral a été au cœur de son propos.
Le troisième panel a eu pour thème: «L’implication de l’Eglise dans la réalisation d’un bon processus électoral» exposé par la pasteure Nelly Mfoutou Kado, coordonnatrice de l’AEP. Dans son propos, l’oratrice a tout d’abord souligné les symptômes qui ont caractérisé et freiné le processus démocratique au Congo. A titre d’illustration, elle a évoqué la fraude électorale, l’instrumentalisation de la constitution et toutes les violences qui en découlent. De ce triste constat, la pasteure a mis en perspective le rôle que l’Eglise est appelée à jouer.
L’abbé Félicien Mavoungou, coordonnateur national de la CEJP, a partagé son expérience sur l’observation électorale dans le cadre des missions de la CEEAC auxquelles, il participe régulièrement. La dernière en date est celle l’ayant conduit en 2016 en RCA.
Chaque exposé était suivi d’échanges. Les conférenciers ont apporté des réponses et des éclaircissements à toutes les préoccupations.
Qu’est-ce que l’Eglise catholique et l’Eglise évangélique du Congo peuvent faire pour réussir le processus électoral au Congo? Les réponses apportées à cette question par les participants des deux Eglises ont eu valeur de recommandations. Notons que tous les conférenciers sont membres de la coalition Tournons La Page-Congo puis de la campagne Publiez Ce Que Vous Payez.

Equateur Denis NGUIMBI