Un accès humanitaire «sans restriction» à la région septentrionale du Tigré, a été accordé aux Nations unies par le Gouvernement éthiopien, à l’issue de quatre semaines de conflit armé et de demandes répétées pour y acheminer de l’aide. Un accord signé par l’ONU et le ministre éthiopien de la Paix accorde «un accès sans restriction, continu et sécurisé du personnel et des services humanitaires aux populations vulnérables dans les régions gérées par le Gouvernement au Tigré et dans les zones frontalières des régions Amhara et Afar voisines. Il permettrait aux Nations unies et à leurs partenaires humanitaires de distribuer de l’aide partout où des gens en ont besoin. De premières évaluations des besoins sur place commenceront dès que les équipes de sécurité donneront le feu vert aux équipes de l’ONU.
Depuis le 4 novembre, le Tigré est privé de tout approvisionnement. Lorsque le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale à l’assaut des forces du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui dirigeait la région et défiait son autorité depuis des mois. L’ONU avait déjà mis en garde depuis des semaines contre une possible catastrophe au Tigré, quasiment coupé du monde depuis, en raison d’un blackout sur les communications et des restrictions d’accès.
Selon le Bureau onusien de coordination humanitaire (OCHA), avant le conflit, environ 600.000 personnes dont 96.000 réfugiés érythréens vivant dans quatre camps dépendaient totalement de l’aide alimentaire pour se nourrir au Tigré, et un million d’autres bénéficiaient d’un «filet de sécurité» alimentaire.
L’ONU avait réclamé mardi un «accès urgent» au Tigré, la région ayant «désespérément besoin» d’aide humanitaire. Le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) avait fait part de son inquiétude pour les camps de réfugiés érythréens au Tigré probablement «désormais à court» de nourriture. Les quatre semaines de combats ont déplacé un nombre indéterminé d’hommes, de femmes et d’enfants à l’intérieur du Tigré, qui ont désespérément besoin d’aide humanitaire en dehors de quelque 45.000 personnes qui ont fui au Soudan voisin, a fait savoir l’Organisation internationale des migrations (OIM).
D’après le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dans le principal hôpital de la capitale régionale, Mekele, débordé par l’afflux de blessés, les stocks de médicaments de base et consommables médicaux sont «dangereusement bas». Aucun bilan précis des combats n’est disponible, notamment des victimes civiles.
Les réseaux de téléphonie mobile et internet ont été partiellement rétablis ces derniers jours dans plusieurs localités du Tigré, mais le territoire de la minorité tigréenne représentant moins de 6% des 110 millions d’Ethiopiens fait toujours face à de nombreuses pénuries.

Alain-Patrick MASSAMBA