Successeur de Georges Pompidou et prédécesseur de François Mitterrand, l’ancien Président français Valéry Giscard d’Estaing «VGE», est décédé mercredi 2 décembre 2020, à l’âge de 94 ans. En 1974, il avait été le plus jeune Président français de la Vème République, élu à 48 ans. Mort du COVID-19 dans sa propriété d’Authon, dans le Loir-et-Cher, au centre de la France, l’ancien dirigeant français fut très proche de l’ancien Président centrafricain Jean-Bédel Bokassa, l’empereur Bokassa Ier. L’affaire des diamants reçus de ce dernier, «son frère» l’avait empêché d’obtenir un second mandat. Il avait fini par le lâcher.

Plusieurs fois ministre sous Charles de Gaulles et Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing a marqué son époque et surtout l’histoire de son pays, en se révélant comme un Président moderne, très proche de ses concitoyens. Gaulliste par sa politique, son seul mandat de sept ans fut fécond avec d’importantes réformes. Hospitalisé à plusieurs reprises ces derniers mois pour des problèmes cardiaques, c’est son entourage qui a annoncé la nouvelle de son décès.
En France comme à travers le monde, sa disparition a suscité des messages de condoléances pour saluer la mémoire d’un grand homme d’Etat. Emmanuel Macron, l’actuel Président français a salué un chef d’Etat dont le septennat a transformé la France. Les anciens Présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande ont, eux aussi, rendu hommage à leur prédécesseur en reconnaissant ses hautes qualités républicaines et humanistes. Il était un grand défenseur de l’Europe même après son départ du palais de l’Elysée. Valéry Giscard d’Estaing était proche du chancelier allemand Helmut Schmidt.
Giscard «l’Africain» comme Charles De Gaulle avant lui, et aussi Jacques Chirac après lui, sa politique dans le cadre de l’histoire des relations franco-africaines a oscillée entre ambivalences et ruptures. Pendant son septennat, sous le poids des affaires et des révélations gênantes sur son mercantilisme et ses compromissions, l’homme a vu sa côte de popularité baisser en Afrique. Notamment, le scandale de la plaquette de diamants valant un million de francs (entre 650 000 et 700 000 euros aujourd’hui) qu’il avait reçue en cadeau de la part du chef de l’Etat centrafricain Jean-Bédel Bokassa. L’affaire avait empoisonné les dernières années de son unique septennat. Cette affaire, pesant lourdement sur son destin politique, lui a fait perdre le scrutin de 1981 face à son adversaire socialiste, François Mitterrand.
Les débuts de Valéry Giscard d’Estaing en Afrique remontent à une période antérieure à son entrée au Gouvernement. Ils s’expliquent par son goût pour la chasse à laquelle l’aurait initié l’un de ses cousins dirigeant d’une banque d’affaires africaine qui l’avait conduit pour la première fois en Afrique noire, au début des années 1960, période qui consacre les indépendances africaines. Outre le Centrafricain Jean-Bédel Bokassa, l’homme s’attire la sympathie d’autres dirigeants du continent comme Ahmed Sékou Touré de Guinée, Mobutu Sese Seko de l’ex-Zaïre. Ce fut un acteur avéré de ce qu’on appelait naguère «La Françafrique», et un fin connaisseur des dossiers ou circuits y afférents. Il avait pris avec courage la mesure de supprimer le Secrétariat général aux Affaires africaines et malgaches, en écartant son chef historique, Jacques Foccart.

Aristide Ghislain NGOUMA