L’histoire du Congo depuis son indépendance le 15 août 1960, est toujours demeurée tumultueuse et mouvementée. Après les espoirs suscités au sein du peuple par la réussite en 1991-1992, des états généraux de la Conférence nationale souveraine suivis d’une transition pacifique du système de parti unique à celui fondé sur la démocratie et le pluralisme, le Congo se voyait organiser ses premières élections démocratiques.

Le PCT qui régnait sans partage depuis décembre 1969, autorisait en 1990 la naissance d’autres formations politiques dans le pays. Son Comité central, réuni en session ordinaire du 29 juin au 4 juillet 1990, proclamait sa volonté de réaliser à terme le multipartisme comme aboutissement de la démocratie pluraliste au Congo.
Des partis politiques se constituèrent, mais n’eurent d’existence légale qu’en janvier 1991. Reconnues, ces associations politiques ont attendu jusqu’en mai-juin pour participer au débat démocratique.
La recommandation fut ensuite donnée au Président de la République de convoquer en mai-juin 1991, une conférence regroupant les délégués des partis, des organisations de masse et sociales, des confessions religieuses, des associations et des personnalités.
C’est la conférence nationale souveraine. Elle avait pour minima d’adopter les propositions relatives à la nouvelle Constitution, la loi sur les partis et celle sur l’exercice des libertés publiques à la loi électorale. Un calendrier électoral devait également être fixé.
Cette volonté affichée par le PCT fait suite à l’appel à la grève générale des 14 et 15 septembre 1990 qui a brusquement accéléré les événements. Le processus démocratique s’ouvrait ainsi au Congo. La conférence nationale devait proclamer sa souveraineté face au pouvoir, contrairement à celle de 1972 initiée par le PCT et contrôlée de bout en bout par lui.
La tenue réussie de cette Conférence (28 février au 10 juin 1991) a suscité les espoirs au sein du peuple. La CNS a demandé l’instauration d’une démocratie pluraliste par une nouvelle Constitution dont elle donne les principes; elle élit un Premier ministre de transition, André Milongo (1991-1992), tandis que Mgr Kombo préside le Conseil supérieur de la République (CNT); le Chef de l’État Denis Sassou-Nguesso reste en fonction.
Le 15 mars 1992, les Congolais adoptaient par référendum la première Constitution post-ère socialiste, la sixième du genre. Il a permis au pays de tourner la page de la période marxiste de parti unique et instaure un régime semi-présidentiel, inspiré de la Ve République française.
Le pays reprend ses symboles post-indépendance: la République Populaire du Congo est rebaptisée République du Congo, troque son drapeau rouge frappé du marteau et de la faucille pour son drapeau vert-jaune-rouge originel, et change son hymne. national. Les «Trois Glorieuses» cèdent la place à «La Congolaise».
La nouvelle loi fondamentale comporte des verrous juridiques, dans son article 178, excluant notamment la possibilité de réviser la Constitution pour toucher à la limitation des mandats présidentiels, à la «forme républicaine» de l’État ou encore «la réduction ou l’abolition des droits et libertés fondamentaux».
Les élections municipales organisées en mai 1992 laissent apparaître de profondes divisions du corps électoral sur une base régionaliste. L’UPADS l’emporte dans le «Nibolek», le RDPS arrive en tête à Pointe-Noire et le MCDDI s’impose dans le Pool. Entaché de nouvelles irrégularités, le scrutin local ouvre la voie à une montée des tensions politiques.
L’élection présidentielle a eu lieu les 9 et 16 août 1992. C’est la première élection démocratique depuis l’instauration du multipartisme en 1991. C’est également la première fois depuis 1963 qu’une élection ne se déroule pas en congrès interne d’un parti politique. Le 16 août, deuxième tour de l’élection présidentielle, dont les résultats sont proclamés le 20 août : Pascal Lissouba est élu Président de la République avec 61,33 % des voix. Il prête serment devant la Cour suprême le 31 août 1992.
C’est l’une des élections crédibles et transparentes que le pays n’ait jamais organisées.
A la faveur de ce pluralisme démocratique, plusieurs partis politiques sont nés et s’exprimaient librement, avant de replonger dans l’hibernation après la guerre de juin-octobre 1997.

L’inconstance des hommes politiques
Le 4 mai 1996, le Président Pascal Lissouba prenait l’engagement devant l’opinion nationale et internationale d’organiser des élections libres et transparentes. Le 7 mai, le RDPS, au cours d’une réunion, analysant le dossier relatif à l’établissement des listes électorales initiales, élaborées et présentées par le Gouvernement, conteste et présente ses objections. Il contestait le recensement administratif, en relevant le caractère partisan de la composition de cette commission et déplorait l’exclusion des partis politiques et des maires de communes de plein exercice.
Devant cette dénonciation, Mgr Ernest Kombo en appelle à la confiance et au sens de l’honneur pour le bon déroulement du recensement et des élections. Au regard de ces contestations faites par les partis politiques et la société civile, Me Martin Mbéri faisait savoir que les propositions du Gouvernement n’étaient pas définitives, que la commission pouvait être revue, en tenant compte des propositions faites par les uns et les autres.
Dans cette perspective, l’alliance URD-FDU propose, tout en posant comme exigence de transparence «la parité la plus totale au niveau de toutes les instances à créer, en vue des élections présidentielles», s’inclinait..
Nommé Premier ministre, David-Charles Ganao, devant le Parlement, le 15 septembre 1996, prenait l’engagement solennel de réussir l’organisation des élections dans la transparence, à la satisfaction générale de la classe politique.
La contestation allant crescendo, le pays connaîtra le plus sanglant conflit électoral de son histoire, en 1997, à la veille de l’élection présidentielle.

Cyr Armel YABBAT-NGO