La Fédération de l’opposition congolaise composée du FROCAD, l’IDC et la composante Jean Marie Michel Mokoko (CJ3M), a organisé le mercredi 5 octobre dernier au Centre interdiocésain des œuvres (CIO), une conférence de presse co-animée par Clément Miérassa, Michel Mampouya et Jean-Félix Demba Ntelo. Pour rendre public le contenu de la lettre ouverte qu’ils ont adressée au Président de la République.

Pour ces dirigeants, cette lettre se veut une contribution à la recherche de solutions durables à la crise multidimensionnelle dans laquelle se «débat le pays, sans répit, depuis son accession à l’indépendance».
Très critique, la Fédération de l’opposition congolaise s’est attaquée aux différents messages à la nation du Chef de l’Etat qui, selon elle, «affichent un sentiment d’autosatisfaction en totale contradiction avec la réalité de la situation de chaos généralisé qui n’épargne aucun domaine vital aux plans politique, économique, social, culturel et moral».
Elle a souligné que le pays traverse une crise multidimensionnelle. «Le bilan de 62 ans dans tous les domaines vitaux, n’ouvre aucune perspective d’espoir pour les générations futures, car la crise actuelle qui plonge le pays dans une impasse totale, est complexe….Si l’on n’y prend garde, la persistance de cette crise sans perspective de solution, menacera à brève échéance, l’existence même du Congo en tant qu’Etat-nation, qui devrait être bâti sur les fondements mis en place par les pères de l’indépendance du pays», ont fait savoir ces dirigeants.
Avec trois guerres civiles meurtrières (1993, 1997 et 1998), ont-ils indiqué, «le Congo a connu la pire des folies de la violence politique. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est à craindre, monsieur le Président, que la détermination affichée par le PCT, de gagner quoiqu’il en coûte, toutes les élections tant par la fraude, la manipulation, l’intimidation, que l’arrogance et le mépris du peuple, ne soit le détonateur d’une bombe dont les conséquences d’une explosion inévitable ne pourraient être ni contenues, ni maîtrisées. Votre posture davantage partisane de Président du PCT, que de Président de la République, constitutionnellement garant de la paix, de l’unité et la concorde nationale, ne rassure pas le peuple congolais traumatisé et inquiet sur son devenir dans un monde en mutations permanentes».
Pour eux, le compromis historique par la réconciliation nationale n’a plus jamais inspiré le règlement des conflits politiques au Congo. «Autour de nous, certains pays changent, retrouvent réconciliation, dynamisme, progrès et goût de l’avenir dans le vivre ensemble. Sans réconciliation nationale, sans paix durable, sans le progrès, le Congo ne s’élèvera pas, les Congolais ne connaîtront pas dans leur majorité le bien-être», ont-ils expliqué.
Ces leaders de l’opposition pensent que l’emprisonnement de Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, ainsi la condamnation en exil de Jean Martin Mbemba et Benoît Koukebené, symbolisent «la poursuite du long calvaire de plus d’un demi-siècle de traque, de nos élites nationales commencé en 1965».
Replongé dans les luttes fratricides sur les enjeux du pouvoir, «le Congo est politiquement dans une impasse totale dont il faut impérativement trouver des voies de sortie pacifique et définitive…Ni les fuites en avant, ni les calculs partisans, tribalo-ethniques ou claniques, encore moins les tripatouillages constitutionnels, ne sauveront le pays d’une crise politique aussi profonde qui met en péril l’unité et la cohésion nationales».
Ils ont, malgré tout, estimé que la sortie pacifique et définitive de la crise actuelle est possible, «à condition qu’une volonté politique affirmée de toute la classe politique congolaise, émerge un sursaut collectif et national. Sans refaire une conférence nationale souveraine bis, le dialogue politique inclusif se relève comme la seule alternative pacifique en vue du sursaut national et patriotique, afin que le pays retrouve le chemin de la démocratie, de la paix et de sa crédibilité dans le concert des nations».
Ce dialogue préparé par tous, ont-ils dit, «impulserait un élan qui devrait être soutenu par la communauté internationale dans le but d’aider le Congo qui est véritablement en danger…Il ne s’agit pas ici de sauver un régime politique, mais une nation en péril. La présente approche de politique sur la crise congolaise est un appel à la responsabilité du Premier magistrat au sommet de l’Etat et des acteurs politiques et sociaux».

KAUD