Le père Joseph Aimé Porret a été pour la chrétienté de la paroisse Saint Pierre Claver de Bacongo, de l’archidiocèse de Brazzaville et de l’Eglise du Congo, un monument de la pastorale d’évangélisation pendant 51 ans.

Dimanche 6 septembre 2020, 23e dimanche du temps ordinaire de l’année liturgique A, Mgr Anatole Milandou, archevêque métropolitain de Brazzaville, avec à ses côtés Mgr Louis Portella Mbuyu, évêque émérite de Kinkala, a présidé l’eucharistie à 11h, au cours de laquelle la communauté paroissiale de Saint Pierre Claver de Bacongo a dit au revoir au père Joseph Aimé Porret. Une dizaine de prêtres, parmi lesquels les abbés Brice Armand Ibombo et Donatien Bizaboulou, respectivement, secrétaire général de la Conférence épiscopale du Congo (CEC) et vicaire épiscopal de l’archidiocèse de Brazzaville, ainsi que les pères Brel Gustinau Malela Daouda et Jean de Dieu Passy, respectivement, supérieur régional des pères du Saint Sacrement et curé de la paroisse. M. Bonaventure Mbaya, ancien ministre et ancien enfant de chœur des années 59 de cette paroisse a rehaussé de sa présence cette messe animée par la chorale Tanga ni Tanga.
C’est Mgr Louis Portella Mbuyu qui a donné l’homélie. «C’est avec un cœur serré que le père Joseph Aimé Porret quitte le Congo, à l’âge de 83 ans, puisqu’à son arrivée en 1969, il avait 32 ans. 51 ans de vie missionnaire au Congo, c’est un parcours élogieux. A son arrivée au Congo, j’avais à peine 2 ans de sacerdoce lorsque je l’ai connu. C’est donc un pasteur humble, simple, dévoué et homme de prière qui nous quitte ce jour pour rejoindre sa famille biologique».
Vers la fin de la messe, des allocutions ont été prononcées. Dans une lettre au père Joseph Aimé Porret lue par le père Divin Maboundou, les Scolastiques en formation en RD. Congo, aux Philippines et au Canada ont exprimé leur reconnaissance au père Joseph Aimé Porret. «Tata Aimé, tata Louzolo, quand nous avons lu dans la circulaire annonçant votre retour définitif sur la terre de vos ancêtres, deux sentiments ont habité nos cœurs: sentiment de regret et de joie. L’on se demandait si nous pourrions avoir encore un confrère et un pasteur vaillant comme vous. Un pasteur prêt à se salir les mains pour le peuple de Dieu, un pasteur en sortie, toujours préoccupé du bien spirituel et même financier de son troupeau. Un pasteur zélé, un patriarche. Un mot serait mieux pour résumer tout: merci. Merci non pas parce que vous partez, mais parce que vous restez à jamais implanté dans les chambres de nos sublimes pensées et souvenirs».
Le père Joseph Aimé Porret a donné un témoignage sur le cardinal Emile Biayenda qu’il a connu. «Je l’ai trouvé à la paroisse Saint-Esprit de Moungali au mois d’août 1969, où il revenait des études de sociologie à Lyon. On était voisin de chambre jusqu’à sa nomination comme vicaire épiscopal en mars 1970 où il est allé habiter à l’ancien évêché à la cathédrale. C’est avec lui que j’ai commencé le ministère à la paroisse. Il était très simple, attentif aux autres, accueillant, surtout pour les personnes âgées et les pauvres. Il était fidèle à recevoir ses amis qui l’ont aidé au temps des épreuves difficiles qu’il a vécues. Jamais je ne l’avais entendu parler de ses tortures, jamais de plaintes, de critiques contre ceux qui l’ont arrêté, torturé».
Ensuite, le père Aimé Porret a dit toute sa gratitude pour la grande mobilisation au cours de cette messe. «Très ému pour cette mobilisation, malgré la COVID-19. Je dois rentrer en France pour les problèmes de santé. Ce n’est pas la communauté paroissiale de Saint-Pierre Claver qui m’a chassé comme certains le disent, mais un problème de santé. Merci à tous pour votre générosité. Et le seul commandement que je vous laisse, c’est d’aimer vos prêtres comme l’a toujours souligné le Pape François».
Le père Brel Gustinau Malela Daouda a souligné: «Tata Aimé, tu es ce père que nous avons reçu comme un don précieux de la part du Seigneur. Merci de nous avoir donné l’amour d’un homme qui nous a montré le chemin du ciel par le mystère de l’Eucharistie». «De Moungali, en passant par Mouleké jusqu’à Bacongo, tu étais attaché à la culture de notre pays. Tu as vécu comme l’un des nôtres, un frère, un père venu de France depuis 1969 et qui repart, aujourd’hui, dès ce soir même, comme un congolais s’envolant pour un autre pays, du retour du front. Tata Aimé, si notre pays disposait des structures sanitaires viables, ou encore si les hôpitaux locaux étaient dotés de l’essentiel d’appareils performants, notre région des Sacramentins se serait pliée en quatre, malgré nos soucis pécuniaires accentués pour vous dispenser de ce voyage», a déclaré le supérieur de la Région Cardinal Emile Biayenda de la congrégation du Saint Sacrement.
Pour Mgr Anatole Milandou, le père Aimé Porret, c’est une présence qui va nous manquer. 51 ans de bon berger, c’est une présence efficace, discrète. «Les événements heureux et malheureux que nous ayons connus dans notre archidiocèse, notamment la tragédie de Saint Pierre Claver, est un témoignage de vie inestimable. Le père Aimé Porret a parcouru les ruelles et avenues pour visiter et partager la communion aux malades. Il était toujours proche du petit peuple dans ce pays à la vie politique très agitée et sanglante».
A la fin de la messe, l’archevêque de Brazzaville a offert au père Aimé Porret la chasuble portant l’effigie du cardinal Emile Biayenda imprimée lors du 40e anniversaire de son assassinat, en mars 2017.
Le père Joseph Aimé Porret, un prêtre, un missionnaire
Né le 29 octobre 1937 à La Giettaz, en Savoie (en France), il est baptisé le 30 octobre de la même année. Il fait sa première communion en 1947 à Giettaz et la confirmation en 1948 à la paroisse Notre-Dame de Bellecombe. La profession de foi en 1949 à Brusque. Première profession religieuse dans la Congrégation des pères du Saint Sacrement, le 29 septembre 1958 et la profession perpétuelle le 12 avril 1964. L’ordination diaconale le 3 avril 1965 par Mgr Martin au séminaire français et sacerdotale le 26 août 1965 à Annecy, en la Basilique de l’Annonciation, par Mgr Sauvage. Il arrive au Congo le 28 août 1969. De 1969 à 1973, il est prêtre Fidei donum, vicaire à la paroisse Saint-Esprit de Moungali. De 1973 à 1986, il est incorporé à la province Saint Jean-Baptiste du Canada, vicaire puis curé de la paroisse Saint Jean Marie Vianney de Mouleké. De 1986 à 2013, il est vicaire puis curé de la paroisse Saint Pierre Claver de Bacongo. De 2013 à 2015, il est économe à la communauté du barrage. De 2015 à 2020, vicaire et économe de la paroisse Saint Pierre Claver de Bacongo. C’est le père Joseph Aimé Porret qui débaptisa la paroisse de la Tsiemé du nom de Saint-Augustin, un évêque d’Hippone en 1975.

Pascal BIOZI KIMINOU