Présidente du comité technique de riposte contre le coronavirus, la ministre de la Santé, Jacqueline Lydia Mikolo, accompagnée des membres dudit comité et des présidents des commissions, a visité les différents sites de prise en charge des malades du COVID-19. Pour discuter avec les soignants, les malades, les ouvriers et sur les questions de prise en charge et du bien-être des malades. Si certaines améliorations ont été apportées, il reste néanmoins quelques détails pratiques à régler pour soulager le moral des malades et la conscience du personnel soignant et des chauffeurs qui menacent d’aller en grève.

Tout a commencé à l’hôpital de l’Amitié sino-congolaise, à Mfilou, où la présidente du comité technique est allée se rendre compte de l’évolution des travaux de réhabilitation du site de prise en charge qui n’a toujours pas encore reçu les malades du COVID-19. Les ouvriers sont encore à pied d’œuvre pour peindre les bâtiments, carreler les salles d’hospitalisation et monter les lits.
Au stade d’avancement des travaux, ce site ne sera pas encore prêt de recevoir les malades avant une semaine. D’ores et déjà, la société Faubert Congo a manifesté sa solidarité en faisant à l’hôpital un don d’une valeur de 64 millions de F.Cfa, composé d’un respirateur artificiel complet, 80 thermoflashs, 20.000 masques chirurgicaux, 200 combinaisons d’isolement pour médecins, 40 combinaisons de protection pour médecins et 120 masques écrans faciaux chirurgicaux.
Il a été réceptionné par Jacqueline Lydia Mikolo, qui a témoigné sa satisfaction. «C’est heureux et un plaisir de recevoir ce don. Nous tenons à vous remercier pour ce geste que vous venez de faire à l’endroit des populations congolaises. Vous venez de doter l’hôpital de Mfilou de tout le matériel dont il a besoin pour démarrer ses activités. Grâce à vous, l’hôpital pourra débuter sereinement et ne manquera de rien», a-t-elle déclaré à l’endroit des responsables de Faubert Congo.
Au Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU-B), la visite a porté sur l’évolution des travaux de réhabilitation de l’ancienne maternité devant abriter les malades du COVID-19. Pour une capacité de 25 lits équipés de respirateurs, ce site vient en complément de celui déjà implanté au niveau du bâtiment qui abritait le service de rhumatologie.
La peinture est déjà terminée. Les ouvriers s’attèlent à équiper les salles et réaliser quelques travaux de finition. Au niveau du stand de pré- triage installé à l’entrée du CHU-B, il a été constaté le manque de chaises pour les malades, alors que le personnel soignant est, quant à lui, assis pendant l’interrogatoire. Un des médecins a déploré le manque de médicaments.
Elonda était le deuxième site visité. Il abrite 76 malades asymptomatiques composés exclusivement des personnels militaires dont 11 femmes. L’une d’elle est même venue témoigner devant les caméras, un événement rare au Congo!
Vêtue d’une blouse de protection, la présidente du comité technique de riposte a voulu toucher du doigt la réalité en allant au contact de ces malades et prendre directement leurs doléances.
A l’hôtel de la Concorde de Kintelé qui abrite 138 patients dont 35 femmes et un enfant de 2 ans dont la mère venait d’être évacuée dans la matinée au CHU-B, l’ambiance était électrique. Sur ce site, le personnel soignant menaçait d’aller grève pour non-paiement de leurs émoluments depuis deux mois. Ceux de la buanderie sont en grève et les cuisiniers ont aussi décidé de leur emboîter le pas, tout comme les chauffeurs si rien n’est fait dans un bref délai.
Ils réclament aussi les états saisis de leur paie et la grille officielle de leurs primes qui leur est payée à la main sur simple papier écrit. Quant aux malades, beaucoup réclament leur sortie pour avoir terminé leur traitement. Les résultats des tests réalisés tardent encore à venir. Pour certains, depuis plus d’une semaine. Ils en ont ras-le-bol de rester enfermer dans leurs chambres.
La clinique Albert Léyono était le dernier site visité par le comité technique de riposte. Un de ses deux compartiments est en cours de réhabilitation. Tandis que l’autre pavillon abrite les 20 patients du COVID-19 qui sont internés dans ce centre, dont 5 femmes. Le manque de motivation du personnel soignant et les caprices des malades à s’adapter aux menus proposés constituent les problèmes qui minent ce site.
Livrant ses impressions au terme de la visite, Jacqueline Lydia Mokolo a rappelé que son équipe est venue faire le travail du Gouvernement qui est celui de s’«assurer que les financements qui ont été mis à la disposition de la riposte pour mettre à niveau les structures de prise en charge ont bien servi à cela et qu’ils doivent être mis à la disposition de la population où le sont réellement», a-t-elle déclaré.
La ministre est revenue sur la question des respirateurs qui fait débat. «Ils sont là. Il y en a qui sont installés et d’autres non. Tout simplement parce qu’il y a encore des travaux. Mais aussi parce que le besoin ne s’est pas fait sentir. Ces respirateurs ne sont pas sollicités. Ce n’est pas parce que quelqu’un est malade qu’il faut le mettre sous respirateur. C’est la polémique des gens qui n’ont plus rien à dire ou à trouver contre le travail du Gouvernement et cherchent toujours la petite bêtise», a-t-elle affirmé, tout en promettant de trouver les solutions aux doléances posées par le personnel soignant et non soignant.
S’agissant des faux médicaments, Jacqueline Lydia Mokolo a fait savoir que le Gouvernement a mis en place un système d’alerte très performant. «Nous avons au niveau des frontières une brigade chargée des faux médicaments. Les Congolais doivent arrêter l’automédication», a-t-elle exhorté.
La ministre s’en est prise aux détracteurs qui critiquent le manque d’oxygène dans les différents hôpitaux. «Ce sont les arguments de ceux qui n’ont plus rien à dire. Le Gouvernement a signé un contrat avec la société Air Liquide pour rendre l’oxygène disponible pendant une période de six mois», a-t-elle indiqué.
A signaler que le Congo compte à la date du 2 juillet 2020, 1382 cas positifs pour 486 guéris et 41 décès.

Cyr Armel YABBAT-NGO