Introduction
Depuis décembre 2019, le monde connait une crise sanitaire causée par le déclenchement et la propagation rapide du coronavirus, appelé aussi COVID-19. Au départ on parlait d’une épidémie qui a fini par prendre des proportions redoutables au niveau mondial, devenant ainsi une pandémie, avec des conséquences graves sur tous les plans.

Apparu pour la première fois en Chine, plus précisément dans la ville de Wuhan, vers la fin du mois de novembre 2019, le virus s’est vite répandu dans le monde, avec une vitesse de croisière sans précédent, pour se développer en décembre 2019. Au début de l’année 2020, et même avant, le virus a traversé les frontières du pays asiatique pour se manifester en Europe (Italie d’abord, France, Espagne, Allemagne par la suite). Quelques jours plus tard, les médias parlent de la présence de la maladie, presque dans tous les continents et dans la plupart des pays ; même dans certains pays occidentaux, où la pandémie a été minimisée, la propagation sera plus rapide avec des dégâts incommensurables, le cas des USA et de la Russie (deux pays, avec le nombre plus élevé des victimes). Partout, le personnel de santé (en première ligne), les gouvernants, les associations et la société civile se mobilisent à travers plusieurs initiatives, afin de combattre ce coronavirus. Malheureusement, toutes les mesures de riposte contre cet ennemi invisible se sont avérées infructueuses. Elle a fait et continue à faire des ravages. Cette pandémie qui s’est montrée redoutable nous permet, au-delà de son aspect tragique, d’en tirer des leçons, afin de changer nos habitudes.
Ainsi, dans les lignes qui suivent, allons-nous d’abord présenter la situation que nous impose le coronavirus, puis esquisser quelques leçons à tirer, avant de conclure cette réflexion.

1. Présentation de la situation
Si, comme déjà dit, le virus apparait en Chine vers la fin de l’année 2019 et se propage rapidement dans le monde au début de l’année 2020, au Congo, les premiers cas ont été signalés dès le 14 mars 2020. Avec les premières déclarations du Gouvernement, commence la période de l’urgence sanitaire, avec la fermeture de tous les lieux idoines au développement du virus comme les écoles, les bureaux, les lieux de culte, les bars, les restaurants, les stades, etc.). Le message du Président de la République du 28 mars 2020 durcit le ton, en renforçant les normes déjà prises dans la déclaration du Gouvernement du 18 mars 2020. Le Président de la République, par son adresse, instaure l’état d’urgence sanitaire, avec l’obligation du confinement à domicile et le couvre-feu de 20h à 5h. Avec ces mesures drastiques, le combat ou la lutte contre le coronavirus, considéré comme «l’ennemi invisible» à abattre, prend d’autres proportions. Un ennemi invisible qui viendrait de partout, qui se cacherait partout, difficile à dénicher.
Pour les scientifiques, experts en santé publique et pour les gouvernants des Etats, l’unique moyen de vaincre cet ennemi invisible serait la prévention qui passerait par le respect des normes d‘hygiène (lavement des mains, utilisation des gels hydro-alcooliques), par la protection (le port des bavettes ou masques pour tous; le port des blouses ou tenues médicalisées pour le personnel soignant), mais aussi et surtout, par le respect des gestes barrières et le confinement à domicile, retenu comme le moyen le plus sûr pour limiter les dégâts et stopper ainsi la propagation rapide de ce virus. Cette loi a été adoptée et appliquée dans la plupart des pays, excepté quelques-uns (le cas du Burundi, du Bénin, du Cameroun, pour ne se limiter qu’en Afrique).
Le confinement à domicile a été, pour ainsi dire, l’une des mesures plus difficiles à digérer partout où il a été instauré, que ce soit en Europe qu’en Afrique. Car, habitué à vaquer librement à ses occupations, en dehors de la maison, la population s’est vue obliger de rester chez soi, dans sa maison, loin de tous les contacts physiques (amis, collègues, parents, etc.). Il faut l’avouer, c’était dur de vivre une séparation obligée par une contrainte, limitant aussi une partie de sa liberté (liberté de sortir, liberté de travailler en dehors de la maison, liberté de jouer, liberté de voir les êtres chers, liberté de circuler, etc.). Bref, le coronavirus, avec ses exigences, a changé nos habitudes et notre rythme de vie habituel. Alors, quelles leçons pouvons-nous tirer de cette pandémie?

2. Quelques leçons à tirer
Les leçons à tirer du coronavirus, il faut le dire, sont nombreuses et à tous les niveaux : politique, religieux, sanitaire, familial, etc. Nous allons les énumérer, de manière succincte, dans les lignes qui suivent. En général, nous retenons, tout simplement, que le coronavirus n’a épargné aucun secteur, chaque secteur a été affecté et fortement par cette pandémie mondiale.

2.1. La leçon religieuse
L’aspect religieux a été fortement touché par le coronavirus, car dans la plupart des pays, il a été décidé la fermeture des lieux de culte, obligeant les chrétiens et croyants à rester chez eux, prier et méditer à la maison, ou suivre les célébrations à la télévision, sans contact physique avec les frères et sœurs et avec les pasteurs et guides. Mais en dépit de cet aspect négatif, «à quelque chose, malheur est bon», dit un adage, le coronavirus a fait naître chez de nombreux chrétiens la capacité ou la volonté de la prière et a fait développer d’autres valeurs souvent ignorées ou négligées. Par exemple, avec le confinement, le coronavirus a fait découvrir l’importance de la prière personnelle et familiale. Ceux et celles qui ont du mal à prier seul (e) et à la maison, ont été obligés, en cette période, de cultiver la relation intime et profonde avec Dieu, loin de la communauté paroissiale.

2.2. La leçon Politique
Au niveau politique, le coronavirus a surpris toutes les instituions du monde, même l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle-même, a brillé par une incompétence notoire. D’où les nombreuses critiques faites aujourd’hui à son égard, car, pour certains, elle n’a pas pu gérer la crise, pour d’autres, elle a été inefficace. Sans entrer dans ces débats inutiles devant la mort de nombreuses personnes, nous retenons qu’aucun pays ne s’est préparé à affronter une telle crise sanitaire. Comme dans la plupart des crises, il n’y a eu aucune prévision au départ. Beaucoup de tentatives dans la riposte ont eu lieu, mais sans succès; tous les efforts déployés jugés inefficaces sur le terrain par rapport à l’ampleur de la maladie. Il aurait fallu du temps pour que les mesures de ripostes se fassent avec vigueur. Bref, le coronavirus a mis a nu la politique mondiale et les politiques des Etats. Comme leçon à tirer: la nécessité de revoir la politique mondiale et les politiques des Etats, avec le souhait de mettre en place des cellules d’intervention rapide en cas de cataclysme. À défaut, il vaudrait, peut-être, pour plus d’efficacité, faire moins de la politique, pour mettre l’accent sur la santé, l’éducation et le développement des Etats.

2.3. La leçon Sanitaire
Le coronavirus a mis en cause nos capacités scientifiques et techniques et nos systèmes de prévention. Car, à ses débuts, aucun médicament ne fut trouvé et jusque-là, aucun vaccin, sauf les quelques tentatives de traitement à donner aux patients. Certains ont parlé de la Chloroquine, d’autres ont proposé autre chose, comme le médicament «Covid organic» venant de Madagascar. D’autres encore ont fait recours à la médecine traditionnelle, le cas de l’Afrique. Cette pratique a montré quelques résultats satisfaisants (le cas de Mgr Samuel Kleda, Archevêque de Douala au Cameroun), pour ne citer que ce cas. Il convient ici de relever le rôle considérable joué par les personnels de santé dans tous les pays. Il ont été les vrais combattants, les fantassins de la guerre contre le coronavirus, COVID-19. Alors, honneur aux personnels de la santé et nos hommages aux victimes, martyrs de cette pandémie.
Les leçons à tirer: parfaire la formation du personnel soignant; bien équiper nos hôpitaux et nos centres de santé; plus des budgets pour ces lieux qui méritent une attention particulière et les doter des produits de première nécessité.

2.4. La leçon Familiale
Le coronavirus a fait prendre conscience aux familles leur vocation «d’église domestique», c’est-à-dire le premier lieu d’éducation à la prière et aux valeurs de la vie. Même du point de vue social, certains ont fait l’expérience d’une vie familiale soudée, ou toute la famille se voit, se côtoie du matin au soir, car n’ayant plus d’activités extra-familiales à exercer. Même ceux qui ont travaillé pendant cette période (les métiers jugés nécessaires et indispensables), l’impact a été positif sur les familles, car après le boulot, on se précipitait pour vite regagner sa famille. Bref, le coronavirus a sans doute renforcé les liens et rapports dans beaucoup de familles, en dehors de l’ennui constaté ici et là, causé par l’effet du confinement à domicile obligatoire.

2.5. La leçon éducative
S’il y a des domaines où le coronavirus a plus affecté, il faut aussi citer l’éducation. En effet, avec le déclenchement de la crise sanitaire, les écoles ont été vites fermées, aussi bien les universités que les maisons de formation. On peut le dire, haut et fort, le coronavirus n’a rien épargné, là où il est passé, il a frappé fort, comme l’éléphant à son passage. Toutes les structures scolaires et académiques ont subi un coup et continuent à subir; le calendrier annuel a été perturbé, il est difficile à le redresser, malgré les quelques tentatives de redressement pour essayer de rattraper le retard. Nous avons vu quelques initiatives tant bien louables, mais peut-être pas encore adaptées à notre réalité congolaise, comme celle de l’école à domicile où l’enseignement est transmis en direct à la télévision. Les enfants et les étudiants sont restés à la maison, tout comme les enseignants. Si ces derniers ont pu sans doute s’occuper en lisant davantage ou en faisant des recherches, ce n’est peut-être pas le cas chez les élèves et même chez les étudiants; nombreux ont pris ce temps de confinement comme un temps de vacances et même de désespoir, car ne sachant pas réellement la réouverture des salles de classes. Heureusement que lors de sa déclaration du 15 mai, le Gouvernement a annoncé la reprise des cours, mais uniquement pour ceux des classes d’examen (au début de juin). Pour les autres, c’est donc une année scolaire passée à moitié, difficile à combler, surtout ceux qui n’ont pas eu des bons résultats au premier semestre.
À ce niveau, le coronavirus nous donne aussi quelques leçons. Si ailleurs, malgré le confinement, les cours ont continué en ligne, grâce au développement du système informatique, chez nous, par contre, ça n’a pas trop marché, car limité aux seules classes d’examens, d’autres niveaux d’études sont restés oisifs et totalement en climat des vacances. Alors, il y a une urgence à signaler: celle de revoir très vite notre système éducatif, et encourager l’utilisation de l’outil informatique dans la didactique et la pédagogie dans nos écoles. Il convient d’ajouter que le coronavirus nous a fait prendre conscience des notions hygiéniques les plus élémentaires, par exemple le lavement des mains et d’autres mesures hygiéniques.

2.6. La leçon socio-économique
Le coronavirus a aussi impacté le niveau économique du monde et de chaque pays, et même beaucoup joué, on parle même de nombreuses conséquences économiques occasionnées par cette pandémie. A la veille du lancement de l’état d’urgence, nous avons vu chaque ménage faire ses petites réserves, mais pour combien de temps, avec le niveau de vie de nos familles? La plupart des activités sont restées bloquées, ceux qui sont dans le secteur informel se sont retrouvés en chômage forcé. Bien que les marchés soient restés ouverts (les marchés dits domaniaux), il fallait quand même de l’argent pour s’y rendre. Les Congolais, pour la plupart, vivent au jour le jour, nombreux ne savent pas comment épargner, la misère n’a fait qu’augmenter durant ce temps, poussant nombreux à se lancer dans le commerce, pour trouver de quoi mettre sous la dent, ou de quoi nourrir sa famille.
L’Etat a pris toutes les mesures barrières de lutte contre le coronavirus, COVID-19, mais il a manqué les mesures d’accompagnement. Au Congo, les quelques ménages ont eu la chance de bénéficier du projet ‘’Lisungi’’, mais une simple minorité, au détriment de la grande majorité des ménages.
Nous disons, au finish, que, sur le plan socio-économique, beaucoup d’efforts sont à faire. Sur ce, l’Etat congolais devrait suivre l’exemple des pays développés en ayant des banques alimentaires ou des réserves alimentaires à utiliser pendant les catastrophes ou les temps de crise, comme celle que nous vivons. Sinon, plutôt que de mourir du coronavirus, les populations pourraient mourir de faim. Ce qui n’a pas été le cas chez nous, heureusement. Mais en dépit de tout cela, beaucoup de choses restent à faire dans la prévention, la gestion des conflits et des catastrophes naturelles. Personne n’a prévu le coronavirus, c’est vrai, mais on peut déjà se servir de cette crise pour l’avenir, car «un homme averti en vaut deux», dit l’adage populaire.

Conclusion
En dehors de ces points cités, il y aurait encore beaucoup de choses à dire, car cette crise sanitaire causée par le coronavirus ne cesse de susciter des interrogations, à tous les niveaux, car partout, on accuse les gouvernements d’avoir mal géré la crise. Il faut aussi le reconnaître, la crise a surpris tout le monde, avec sa rapidité et ses dégâts. Mais c’est juste un avertissement pour nous pousser, nous tous, gouvernants et société civile, à plus de responsabilité dans la gestion de la chose publique. Cette crise a montré aussi les faiblesses et les défaillances de toutes nos institutions (sanitaire, militaire, religieuse, civile, administrative et surtout économique). C’est l’occasion ici d’en tirer des leçons pour mieux faire après. Quoi qu’il en soit, le coronavirus, en bien ou en mal, nous donne beaucoup de leçons, sachons-nous corriger, si nous voulons aller loin, car «qui veut aller loin, ménage sa monture», dit l’adage populaire.

Armand Brice IBOMBO
Enseignant-chercheur