Réunis en séance plénière le 6 août dernier, les sénateurs ont validé la création de trois nouveaux départements et de deux districts, ainsi que l’érection de quatre communautés urbaines. Les travaux ont été présidés par Pierre Ngolo, président du Sénat.

Initiés par le Gouvernement, ces 15 projets de loi sur la création de trois départements (Congo-Oubangui, Nkéni-Alima et Djoué-Léfini) et de deux districts (Odziba et Bouemba), la redéfinition du ressort territorial de cinq départements (Pool, Brazzaville, Plateaux, Cuvette, Likouala) et du district de Ngabé, ainsi que l’érection en communautés urbaines des localités de Loango, Ngouha 2, Mpouya et Ngombé.

Raymond Zephirin Mboulou
Raymond Zéphirin Mboulou

Ainsi, la sous-préfecture d’Odziba devient le siège du département du Djoué-Léfini et la sous-préfecture de Gamboma, celui de département de la Nkéni-Alima. Le département du Congo-Oubangui qui englobe Liranga, aura pour chef-lieu Mossaka.
Cette nouvelle territorialité, a dit le ministre Raymond Zéphirin Mboulou, vise à rapprocher davantage l’administration des administrés; créer les conditions d’émergence d’une administration orientée vers le développement; tirer profit du positionnement des localités dans la sous-région; prendre en ligne de compte l’existence des infrastructures et des structures économiques, sociales et culturelles.
«Il s’agit de la mise en place des entités qui vont permettre à l’hinterland de se mettre dans des dispositions judicieuses pour impulser le développement local grâce à l’exploitation des ressources et du positionnement dans le pays et en Afrique centrale», a-t-il ajouté.
Pour le ministre, la sous-préfecture de Loango ne remplit pas encore les critères et des normes pour devenir une commune. «C’est pourquoi, nous l’avons fait passer en communauté urbaine. Nous verrons dans quelques années, comment Loango pourrait devenir une commune comme les autres chefs-lieux de département», a précisé Raymond Zéphirin Mboulou.
Il a indiqué que cette réforme est un processus évolutif. «En tenant compte des moyens que nous pourrons avoir, nous allons compléter le système territorial par la création des communautés urbaines. Nous en aurons sur toute l’étendue du territoire, car nous avons des grands villages. Cela dépend de ce que nous allons avoir au titre budgétaire, car il va falloir construire des locaux pour l’administration publique», a déclaré le ministre.
A noter que le vote de ces projets, retransmis en direct sur la chaîne nationale, a suscité un débat qui laisse les Congolais dubitatifs, en raison de leur bien fondé. Un sentiment partagé par quelques sénateurs qui ont voulu savoir l’opportunité de cette réforme.
Pour Michel Mahinga, le département du Niari remplit bien les critères. «Depuis longtemps, on a parlé de la Nianga-Louessé. On ne sait pas aujourd’hui, ce qu’est devenu ce projet. Ce sont là des grands départements qui devraient être à l’avant-garde du découpage. On a plutôt privilégié les départements de la zone Nord. C’est regrettable», a-t-il signifié.
Jean-Marie Epouma Andzimba pense, plutôt, qu’il faut faire des réformes de manière impartiale et objective. «On a l’impression au niveau de l’opinion que ce rapprochement des administrés de l’administration n’est nécessaire que dans la partie nord du pays. C’est gênant. Nous redoutons que nous puissions induire un sentiment d’injustice en ce qui concerne le Niari et la Bouenza. Il faut éviter les démarches politiciennes», a-t-il exhorté.
Le sénateur Gaspard Kaya-Magane s’est interrogé sur le fondement réel et les motivations profondes de ces créations. «Est-ce qu’une nation peut se gérer de la sorte? Est-ce que le Gouvernement a évalué l’impact financier de cette réforme lorsqu’on sait qu’il a de la peine à faire fonctionner l’existant? Est-ce que c’était une priorité?».
Autant de questions et d’interrogations qui ont fait sortir le ministre de sa réserve. «Qu’on ne nous amène pas cette affaire de tribalisme ou de régionalisme ici au Sénat», a-t-il martelé, tout en rassurant les sénateurs que son département travaille pour que tous les problèmes qui se posent sur le territoire national soient traités.
En créant ces nouveaux départements et districts, Raymond Zéphirin Mboulou pense qu’il ne se posera pas un problème de circonscriptions électorales jusqu’en 2027. «Celles qui sont issues des élections de 2022 et 2023 demeureront. Nous n’avons pas créé d’autres circonscriptions», a-t-il assuré.
Et d’ajouter: «Les conseils départementaux fonctionneront dans le modèle actuel. Il n’y aura pas deux conseils dans le Pool et dans les Plateaux. Pour l’heure, c’est le statu quo», a-t-il conclu.

Cyr Armel YABBAT-NGO

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