L’analyse des conséquences du coronavirus sur le Plan national de développement (PND) 2018-2022 souligne qu’il y a un recul des investissements privés. A cela s’ajoutent l’accroissement de l’endettement public, la baisse des réserves de charge, la minorisation de la priorisation des dépenses de santé et celles relatives à la protection et à l’assainissement. Le Congo est durement frappé par l’actuelle crise sanitaire, qui a fait son irruption depuis le mois de mars dernier, donc 6 mois déjà, à travers le monde et au Congo.

Les conséquences du coronavirus constituent un ensemble de facteurs qui expliquent la difficulté pour le Gouvernement de poursuivre efficacement la mise en œuvre du PND. Cette crise mondiale, dont les conséquences peuvent s’étendre sur plusieurs années selon les estimations du FMI et de la Banque mondiale, n’augure pas de lendemains meilleurs pour l’économie du Congo. D’où des interrogations sur la capacité du Gouvernement à poursuivre efficacement l’exécution du Plan national de développement. Compte tenu des contraintes qui pèsent sur l’économie, la mobilisation des investissements s’avère très problématique. -A l’instar des autres pays, le Congo est frappé de plein fouet par les conséquences néfastes de cette crise sanitaire, au social comme à l’économique. On note, entre autres, au niveau économique, la baisse des recettes publiques tributaires de la production pétrolière de 50,2 %.
Au niveau social, la perte temporaire des milliers d’emplois dans le secteur formel et informel. Les projections au niveau social montrent que le développement va être marqué par les évolutions à la fois des revenus (pétrolier et non pétrolier) et des dépenses publiques. La croissance restera insuffisante pour insuffler un recul de la pauvreté et une nette amélioration des conditions de vie des populations. La croissance économique réelle, de 1 % en moyenne par an sur la période 2018-2022, se traduira par un recul du revenu réel par habitant de l’ordre d’un point et demi par an. Les conséquences de la COVID-19 sur les finances publiques peuvent être évaluées à travers plusieurs indicateurs, tels que les recettes publiques, les dépenses publiques, le solde budgétaire et la dette. Le réajustement du budget, exercice 2020, suite à la pandémie donnera lieu à un solde budgétaire déficitaire d’un montant de 779,740 milliards de francs CFA, représentant 13 % du PIB, alors que le PND 2018-2022 affiche pour l’année en cours un excédent équivalent à 3,4 % du PIB. Le déficit du collectif budgétaire, qui s’explique par un volume de dépenses supérieur à celui des recettes, intervient après quinze années successives de solde excédentaire. Ce déficit, avec un besoin de financement global évalué à 1220 milliards de F.CFA, soit 20,3 % du PIB nominal, devra être financé par le recours à l’endettement. Au niveau interne, cette dette serait financée par le secteur bancaire et au niveau externe par les emprunts bilatéraux, multilatéraux et obligataires. En 2019, la dette du Congo était estimée à 3.891 milliards de F.CFA, soit 95,3 % du PIB. Elle s’était répartie en dette intérieure à 976 milliards de F.CFA et en dette extérieure à 2.915 milliards de F.CFA. Avec le retournement de la conjoncture économique actuelle, cette dette pourrait atteindre 120 % du PIB en 2020 et 106,9 % du PIB en 2021. Ces proportions inquiétantes et le règlement du financement de la dette réduiront assurément la marge de manœuvre du Gouvernement pour faire face au financement des plans et programmes de développement. Les pertes massives d’emplois et l’arrêt des activités, émanant de la COVID-19, seront les raisons de l’aggravation future de la vulnérabilité des populations.
On assistera alors à une hausse du nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, où le taux pourrait dépasser le niveau prévu en 2020 (46,5%) par le PND 2018-2022. Outre l’explosion des besoins d’assistance sociale, le coronavirus a mis à nu des insuffisances dans le domaine sanitaire. Il se dégage ainsi l’urgence de la concentration des efforts d’investissement dans le renforcement et la modernisation du système sanitaire, dont le plateau technique. Face à la baisse d’activités, les entreprises nationales auront de moins en moins de devises pour l’achat à l’étranger des biens et services utiles à leur fonctionnement. Les entreprises frappées par la rareté des devises auront ainsi du mal à importer et partant à faire croitre leur chiffre d’affaires.
Le Gouvernement pourra connaître des difficultés à mobiliser suffisamment de recettes fiscales pour financer ses dépenses, dont celles se rapportant au Plan national de développement. Mais la volonté du Gouvernement, couplée à la pression internationale, fera de la santé, les années à venir, à compter de 2020, l’un des domaines prioritaires des actions du Gouvernement.
A rappeler que trois axes sont prioritaires dans le PND 2018-2022: le renforcement de la gouvernance; le développement et la valorisation du capital humain ainsi que la diversification et la transformation de l’économie.

Philippe BANZ