Le no man’s land séparant les postes-frontières marocain et mauritanien au nord de Guerguerate, long de 4 kilomètres, bloqué depuis le 20 octobre par des éléments du Front Polisario, empêchant ainsi tout trafic sur cette portion de la RN1, a été nettoyé et sécurisé par les Forces armées royales, selon les sources diplomatiques marocaines, pour mettre un terme au blocage de cette zone-tampon.
Au ministère des Affaires étrangères à Rabat, on ajoute que le Maroc «n’a eu d’autre choix que d’assumer ses responsabilités afin de mettre un terme à la situation de blocage générée par ces agissements et restaurer la libre circulation commerciale. Le Polisario en assume seul l’entière responsabilité et les pleines conséquences».
Pour le diplomate marocain en poste au Congo, Abdellatif Seddafi, l’action du royaume chérifien sur l’artère vitale de l’axe Maroc-Mauritanie-Sénégal a été motivée par des raisons juridiques s’appuyant fondamentalement sur le Droit international: «Le statut de la zone à l’Est du dispositif de défense. Long de 2.000 Kms, le dispositif de défense marocain a été érigé entre 1980 et 1987, afin de protéger notamment les populations civiles et ce, dans un contexte marqué par les attaques et les incursions répétées du polisario et de l’Algérie.
Son tracé n’a pas suivi, volontairement, les frontières internationales du Maroc pour éviter de nouveaux accrochages directs entre le Maroc et l’Algérie.
Le dispositif sécuritaire, strictement défensif qu’on y trouve constitue, à la fois, un facteur de paix et de stabilité ainsi qu’un rempart aux risques qui guettent la région sahélo-saharienne. Par ailleurs, la multiplication des actes de provocation transgresse les dispositions clairement prévues par les Accords de cessez-le-feu de 1991 dans la zone à l’Est du dispositif de sécurité remise à la MINURSO, libre de toute présence ou installations militaires ou civiles. «Aucun fait accompli ou changement de statu quo n’est permis entre le dispositif de défense et les territoires algérien et mauritanien», stipulent ces Accords.
De ce fait, le Royaume du Maroc ne saurait, en aucune manière, tolérer toute rupture, fait accompli, modification, atteinte ou remise en cause de ce statu quo, tout comme il ne ménagera aucun effort pour sauvegarder ses intérêts supérieurs et s’opposer à toute atteinte à l’intégrité de l’ensemble de son territoire.
Le Statut du passage de Guerguerate: Les provocations du «polisario» au niveau du Poste frontalier de Guerguerate entre le Maroc et la Mauritanie, visant à altérer le statut juridique et historique de la zone située à l’Est et au Sud du dispositif marocain de défense, mettent gravement en danger la viabilité du cessez-le-feu.
Le dispositif marocain de défense a été établi dans une logique purement défensive, pour protéger les populations civiles du Sahara marocain contre les incursions du «polisario». Il n’établit aucune répartition de la région du Sahara marocain. Il ne s’agit en aucun cas d’une frontière internationale du Sahara.
Au moment de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, la zone située à l’Est et au Sud du dispositif marocain de défense a été placée par le Maroc sous la responsabilité de l’ONU.
La zone située à l’Est du dispositif marocain de défense n’a été qualifiée de «territoire libéré» dans aucun rapport du Secrétaire général de l’ONU et dans aucune résolution du Conseil de Sécurité.
La présence du «polisario» dans la zone située à l’Est et au Sud du dispositif est illégale, comme l’ont rappelé les résolutions 2414, 2440, 2468, 2494 et 2548 du Conseil de Sécurité, dans laquelle l’instance exécutive onusienne avait exprimé ses préoccupations quant à la présence du «polisario» dans la zone tampon, et exigé qu’il s’abstienne de toute action de déstabilisation qui pourrait compromettre l’élan du processus politique.
La violation du cessez-le feu et des résolutions du Conseil de sécurité par le «polisario»: Le blocage dans la zone tampon de Guerguerate est un acte de défiance flagrant à l’endroit du Conseil de Sécurité, qui, dans ses résolutions 2414, 2440, 2468, 2494, et 2548, a exprimé sa préoccupation quant à la présence du «polisario» dans la zone tampon, lui demandant de s’abstenir de tout acte susceptible de déstabiliser la situation ou de compromettre la reprise du processus politique, et de se retirer immédiatement de la zone tampon.
Ces agissements du polisario constituent une violation flagrante des Accords militaires et menacent le cessez-le-feu établi depuis 1991. Cela représente également un défi vis-à-vis de l’autorité du Conseil de Sécurité et de ses membres, qui, depuis 2017, exhorte dans ses résolutions au plein respect des Accords de cessez-le-feu.
Le blocage dans la zone Guerguerate n’est pas un acte isolé. Il s’inscrit dans le cadre d’une stratégie visant à modifier le statut juridique et historique de la zone tampon à travers une politique du fait accompli, que le Conseil de Sécurité a fermement rejetée dans les cinq résolutions qu’il a adoptées depuis 2017, en exigeant du «polisario» de se retirer immédiatement de la zone tampon.
Il s’agit également d’un acte de mépris ouvert envers le Secrétaire général de l’ONU, qui a lancé trois appels pour préserver la liberté de circulation civile et commerciale à Guerguerate. Le dernier en date a été réitéré le 21 octobre 2020. Le blocage n’est que la dernière itération d’une stratégie de discréditation du Secrétaire général de l’ONU et de la MINURSO par le «polisario».
Le Conseil de Sécurité et, à travers lui, la Communauté internationale sont témoins des actes gravissimes du «polisario», appuyé par l’Algérie, qui cherchent à déstabiliser toute la région et à torpiller tous les efforts des Nations Unies, déployés par leur Secrétaire général, visant à parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique, durable, et fondée sur le compromis au différend artificiel sur le Sahara marocain. Les violations sont documentées de manière approfondies dans le dernier Rapport du Secrétaire Général de l’ONU.»
En définitive, Guerguerate est en réalité une zone-tampon placée sous la responsabilité de l’opération de maintien de la paix de l’ONU, la MINURSO. Celle-ci est censée garantir la libre circulation sur cet axe routier essentiel pour les échanges commerciaux régionaux. Le Polisario, qui y multiplie les incursions depuis plus de quatre ans malgré les rappels à l’ordre de l’ONU, avait installé un poste fixe et plusieurs barrages. Les miliciens du Polisario sont désormais démantelés.

Viclaire MALONGA