Le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov a effectué du 23 au 28 Juillet une tournée africaine. En cinq jours, il a parcouru plus de 13 000 kilomètres qui ont sonné comme une offensive de charme. Face à un continent menacé par la plus «grave crise alimentaire» de cette décennie, la Russie à travers cette visite a tenté de rassurer ses partenaires africains.

Dès samedi 23 juillet, au Caire, en Egypte, première étape de son périple, Serguei Lavrov avait annoncé : «Les exportateurs de céréales russes respecteront toutes les obligations». Le même jour, l’armée russe avait bombardé le port ukrainien d’Odessa, en dépit de l’accord conclu la veille entre Kiev, Moscou et la Turquie.
A l’issue d’un entretien avec le Président du Congo, Denis Sassou-Nguesso, où il s’est rendu après l’Egypte, le chef de la diplomatie russe avait affirmé que, les frappes russes sur le territoire ukrainien ont visé uniquement des infrastructures militaires, «à une importante distance du terminal des céréales».
Pour les pays africains, l’enjeu est capital. L’Egypte, qui importe 80 % de son blé de Russie et d’Ukraine, craint des émeutes de la faim. Ailleurs, la dépendance à ces céréales est variable, mais la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie met en péril des millions de foyers sur le continent.
Selon des observateurs, la tournée de Sergueï Lavrov s’est aussi inscrite dans la stratégie de communication menée par Moscou, qui se présente depuis plusieurs années comme une solution de remplacement aux pays occidentaux. «La Russie saisit aujourd’hui l’occasion de surfer sur la sympathie prorusse de nombreux Etats africains qui se cachent derrière un prétendu non-alignement».
Présente dans le domaine de la sécurité au Mali et en République centrafricaine notamment, la Russie tente d’élargir son périmètre à d’autres régions et secteurs afin d’accroître son influence en Afrique. L’Egypte a confié la construction d’une centrale électrique à quatre réacteurs à l’entreprise publique russe d’énergie atomique Rosatom. En République du Congo, une entreprise russe planche sur la construction d’un important oléoduc qui devrait acheminer le pétrole de la ville de Pointe-Noire vers le nord du pays. De même, face aux sanctions qui s’abattent sur elle, la Russie est obligée de trouver de nouveaux partenaires.
Après les étapes d’Egypte et du Congo-Brazzaville, Sergueï Lavrov s’est rendu en Ouganda et en Ethiopie, pays qui abrite le siège de l’Union africaine où il a également eu des entretiens avec les autorités de ces pays qui sont des alliés historiques de la Russie.
Pendant sa tournée africaine, Serguei Lavrov a, en outre, annoncé la tenue d’un sommet russo-africain, en 2023, sur le modèle de la première édition en 2019, qui avait réuni, à Sotchi, une quarantaine de dirigeants africains et de nombreux hommes d’affaires.

Alain-Patrick MASSAMBA