Le monde du football congolais a eu encore sa dose de tristesse, avec le décès de l’ancien entraîneur adjoint des Diables-Rouges version ‘’Yaoundé 1972’’, Désiré Mayala ‘’Larbi’’, à 87 ans. Sa mort mardi 23 décembre 2021 a sonné la disparition totale du trio de techniciens qu’il constituait au Cameroun avec Adolphe Bibanzoulou ‘’Amoyen’’ (entraîneur principal) et Michel Oba (directeur technique national) qui l’avaient précédé dans l’au-delà.
Désiré Mayala ‘’Larbi’’ s’est éteint dans la discrétion qui fut un peu la marque de fabrique de cet ancien milieu de terrain qui avait porté le maillot d’un seul club au Congo, Lorraine, dit ‘’La Lorra’’, une de ces équipes qui n’avaient pas beaucoup de supporters et qui ne disent absolument rien à la génération actuelle. Lorraine, équipe de Poto-Poto, a, d’ailleurs disparu au début des années 70 parce que, probablement, il n’y a pas eu des dirigeants capables de prendre la relève de ses géniteurs.
‘’Larbi’’ aura marqué l’équipe nationale de ses empreintes ineffaçables en étant un titulaire indiscutable à son poste de prédilection, au détriment des stars de ces fameuses grandes équipes qui ne meurent jamais. Preuve qu’il fut un joueur exceptionnel. Son nom restera pour toujours associer à la plus belle page et aux plus grandes figures de l’histoire du football congolais.
Enfant de Poto-Poto, ‘’Larbi’’ est né le 10 septembre 1934 à Brazzaville, de parents profondément catholiques. A partir de 1947, il poursuit ses études secondaires au Collège Chaminade (actuellement Lycée Chaminade) qui avait une association sportive, l’Amicale de l’Ecole Chaminade, où l’on pratiquait tous les sports collectifs et l’athlétisme.
De ce foot scolaire, et fort de son talent, Mayala ‘’Larbi’’ frappe gaillardement à la porte de l’A.S. Lorraine qui est sous la férule du président Michel Ewango (+). C’était en 1951. Et il ne tarde pas à intégrer la grande sélection de Brazzaville constellée de vedettes, mais il y trouve une place de titulaire à part entière en février 1955 : «J’étais tout heureux pour mon baptême du feu, en février 1955, au Stade Eboué, contre F.A.C de Vienne (Autriche). Nous l’avions emporté par 7-3», aux côtés de mecs comme Mambéké-Boucher et les frères Boniface et Clément Massengo.
1959 marque un tournant dans sa vie. Grâce à des Corses travaillant aux P.T.T. comme lui, il s’en va tenter sa chance en France. «J’ai demandé et obtenu une mise en disponibilité de cinq ans. C’est ainsi que j’ai débarqué sur l’Île de Beauté pour signer au S.C. Bastia, en la saison 1959-60. Mais un an avant la fin de mon contrat, je suis rentré au pays pour préserver mon emploi et ma pension de retraité», expliquait-il.
Lorsqu’il met fin à son séjour à Bastia, Mayala ‘’Larbi’’ retrouve son équipe d’origine, l’A.S. Lorraine. De même que l’équipe nationale avec laquelle il remporte la Coupe des Tropiques en 1962, à Bangui. Il met définitivement fin à sa carrière en 1967: «Il fallait bien que je m’arrête. J’avais 33 ans et je jouais au plus haut niveau depuis seize ans».
L’année suivante, ‘’Larbi’’ bénéficie d’une bourse de formation d’entraîneur à Cologne (Allemagne). Il s’y rend avec Bibanzoulou ‘’Amoyen’’. A leur retour, diplômes en poche, la FECOFOOT leur confie la sélection nationale, qu’ils conduisent à la CAN victorieuse de 1972 au Cameroun. Limogés tous les deux en 1973, Mayala ‘’Larbi’’ prend, ensuite, les rênes d’Inter Club jusqu’en 1977.
Des souvenirs? Tout footballeur en a. Et Mayala ‘’Larbi’’ n’oubliait pas ses «buts avec l’équipe nationale aux Jeux de l’Amitié d’Abidjan en 1961 et à la Coupe des Tropiques de Bangui en 1962». Mais il y a aussi la victoire sur les Français du Stade de Reims (5-2) en janvier 1961, le tournoi du Katanga en juillet 1961, les victoires sur le Congo-Belge (13-1) et le Gabon (6-2) au Tournoi de ‘’La Semaine de l’AEF’’ (l’ancêtre de ‘’La Semaine Africaine’’), les 13, 14 et 15 août 1955, les victoires remportées par Lorraine à la Coupe de Noël 1954 et 1959, la CAN victorieuse de 1972, comme entraîneur, etc.
‘’Larbi’’ avait mis une croix sur les stades. Parce que le football congolais est en déclin. Les nouvelles n’étaient plus gaies. Et il portait maintenant un jugement très sévère, surtout sur ceux qui dirigent ce football. «Ils sont en panne d’imagination», estimait-il.

Guy-Saturnin MAHOUNGOU