Le frère du pape émérite Benoît XVI, Mgr Georg Ratzinger, est mort mercredi 1er juillet 2020, à Ratisbonne, en Allemagne où son frère l’avait visité il y a quelques semaines. Il est décédé à Ratisbonne, ville dont il a dirigé pendant 30 ans le célèbre chœur des «Moineaux de la cathédrale» (Regensburger Domspatzen). Né en 1924 dans la petite ville de Pleiskirchen où leur père est gendarme, Georg Ratzinger est, dès sa plus tendre enfance, passionné par la musique. Dès l’âge de 10 ans, il prendra même en main l’harmonium de l’église paroissiale de Traunstein, que son titulaire nazi avait délaissé. Il y consacrera sa vie de prêtre.
Car dans la famille Ratzinger, le catholicisme est bien ancré. Georg a même reçu le prénom d’un autre abbé Ratzinger, journaliste et député au Reichstag où il défendit le catholicisme social et s’opposa au Kulturkampf et au militarisme prussien. Comme son petit frère après lui, il se sent appeler à la prêtrise et, en 1935, il entre au Petit séminaire de Traunstein, où Joseph le rejoindra quatre ans plus tard et où il continue à se perfectionner.

Les condoléances du Pape François à Benoît XVI après la mort de son frère
Le Souverain Pontife a envoyé une lettre au Pape émérite après le décès de son frère.
«Vous avez eu la délicatesse de m’informer en premier lieu de la nouvelle du décès de votre frère bien-aimé, Mgr Georg. Je tiens à vous renouveler l’expression de ma plus profonde sympathie et de ma proximité spirituelle en ce moment de tristesse», écrit le Saint-Père à son prédécesseur.
Le Pape émérite, 93 ans, a donc perdu le dernier membre de sa famille proche encore en vie. Il y a quelques semaines, malgré son âge avancé et les fatigues du voyage, il n’avait pas hésité à se rendre en Allemagne au chevet de Georg, dont l’état de santé s’était dégradé, afin de lui faire un ultime adieu. Des liens étroits d’amitié et de confiance unissaient les deux frères, qui furent d’ailleurs ordonnés prêtres le même jour, le 29 juin 1951. Funérailles

Le Pape émérite Benoît XVI a suivi en direct du Vatican les funérailles de son frère Georg Ratzinger. Il était lié à la communauté des célébrants de la cathédrale de Ratisbonne, a souligné l’évêque de Ratisbonne, Rudolf Voderholzer, au début du requiem, jeudi 9 juillet 2020.
Le secrétaire privé du Pape émérite, l’archevêque Georg Gänswein, a lu une nécrologie écrite par Benoît XVI sur son frère. La lettre a été datée du 7 juillet et a été adressée à l’évêque Rudolf Voderholzer de Ratisbonne.
«Que Dieu te rende, cher Georg, tout ce que tu as fait, souffert et donné», a écrit le pape émérite dans la lettre. L’archevêque Gänswein a dû lutter plusieurs fois pour contenir ses larmes afin de lire le texte. Dans cette lettre, Benoît XVI explique son étonnant voyage à Ratisbonne pour rendre visite à son frère sur son lit de malade le 18 juin 2020. «Ce n’est pas lui qui a demandé que je vienne. Mais j’ai senti qu’il était temps d’aller le voir à nouveau. Pour ce signe intérieur que le Seigneur m’a donné, je lui suis profondément reconnaissant». Lorsqu’ils se sont dit au revoir au matin du 22 juin, juste avant le vol retour vers Rome, tous deux avaient compris «que ce serait un départ de ce monde pour toujours». Mais ils savaient aussi que Dieu «qui nous a donné cette union dans ce monde règne aussi dans l’autre monde et nous donnera une nouvelle union», a-t-on lu dans la lettre.
Le pape émérite a remercié l’évêque de Ratisbonne, Rudolf Voderholzer, pour son engagement «en ces semaines d’adieu». Benoît XVI a également rappelé les circonstances difficiles du changement de rôle de Georg Ratzinger en tant que directeur musical de la cathédrale de Ratisbonne (Kapellmeister). Si sa mère n’était pas morte plus tôt, «il n’aurait pas accepté l’appel» qui lui avait donné «la joie et la douleur en même temps», rappelle Benoît XVI.
Au début du Requiem, l’évêque de Ratisbonne, Rudolf Voderholzer, a de nouveau rappelé la visite surprenante de Benoît XVI à son frère aîné du 18 au 22 juin 2020. «Ce signe d’humanité en a ému plus d’un. Raison de plus pour partager votre douleur», a déclaré Mgr Voderholzer. Le requiem a été retransmis sur le site du diocèse depuis la cathédrale de Ratisbonne. Le secrétaire privé de Benoît XVI, l’archevêque Georg Gänswein, et le nonce apostolique en Allemagne, l’archevêque Nikola Eterovic, ont concélébré. L’ancien évêque de Ratisbonne, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, le cardinal Reinhard Marx de Munich et l’évêque Gregor Maria Hanke d’Eichstätt y ont également participé. Le service funèbre a été organisé musicalement par une école de 16 anciens élèves de la chorale de la cathédrale.
Après la messe de requiem, il a été enterré au cimetière catholique inférieur de Ratisbonne.

Gislain Wilfrid Boumba