Le document stratégique de promotion des investissements a été validé, avec amendements le 7 décembre dernier à Brazzaville, par des experts, au cours d’un atelier qui a réuni les principaux acteurs du secteur privé, notamment les représentants des associations professionnelles, du port de Brazzaville, le Conseil congolais des chargeurs et les structures étatiques comme l’Agence pour la promotion des investissements (API). Il présente le potentiel du secteur agricole congolais, de la pêche, du tourisme, de la filière forestière, de l’économie de transit, tout comme les atouts institutionnels et humains.

Mettant en lumière, les efforts fournis par le Gouvernement pour améliorer le climat des affaires, le document stratégique de promotion des investissements en République du Congo s’inscrit dans le cadre de deux projets majeurs: le Projet d’appui au développement des entreprises et de la compétitivité (PADEC) financé par la Banque mondiale, et le Projet d’appui au climat des investissements et à la gouvernance sectorielle forêt/bois (PACIGOF), financé par la Banque africaine de développement (BAD).
Le Congo dispose de nombreux atouts de nature à lui permettre de faire face aux enjeux et défis de son développement économique. Mais, son économie reste faiblement diversifiée. Depuis son accession à l’indépendance en 1960, elle a enregistré des taux de croissance relativement modérés. Entre 2008 et 2018, on a pu observer que la performance de l’économie était largement tributaire de la tenue des cours du baril de pétrole brut sur les marchés internationaux. Ainsi, après avoir enregistré une bonne performance dans le sillage de la flambée des cours du brut pendant la décennie 2010 jusqu’en 2014, le pays est entré en récession suite à l’effondrement du prix du baril de brut.
Entre 2016 et 2020, la moyenne annuelle du taux de croissance du Congo se situe à – 4,12%, selon les données du ministère de l’Économie. A la même période, l’investissement privé (entreprises et ménages) a chuté à – 4,36%, alors que la contribution du secteur privé formel à l’emploi est estimée à 30%.
Depuis 2018 à la faveur de la remontée des cours du brut, la croissance de l’Économie congolaise a repris une trajectoire positive, mais cet élan a été cassé par la crise sanitaire de la COVID-19. Frappée en plein, l’économie congolaise peine à se relever. Elle a besoin, pour renouer avec la croissance, d’investisseurs étrangers.
Face à la situation d’évidente dépendance au pétrole, le Gouvernement, depuis quelques années, travaille à la diversification de son économie, pour amortir les chocs pétroliers, fournir plus d’opportunités de travail aux populations, et atteindre ses objectifs de développement. C’est dans cette perspective qu’il a élaboré un Plan national de développement (PND) 2018-2022 avec l’ambition d’atteindre un taux de croissance de 4% à 5% environ à l’horizon 2022. Un des axes stratégiques de ce plan adopté en août 2018 est «la diversification de l’économie basée sur les secteurs porteurs de croissance, notamment l’agriculture au sens large (agriculture, élevage, pêche, pisciculture, agroforesterie), en vue de renforcer la sécurité alimentaire et l’inclusion des pauvres et des femmes, notamment en zone rurale, le tourisme et l’industrie.» Pour atteindre cet objectif, une des actions prioritaires retenues est l’«augmentation du volume des investissements privés nationaux et étrangers.» A cet effet, a été créée le 22 août 2012, l’Agence pour la Promotion des Investissements (API) du Congo, devenue opérationnelle en 2014, avec pour objectif ultime de susciter l’intérêt d’investisseurs privés, nationaux et étrangers, pour la valorisation des nombreuses ressources du pays. Cela n’étant point tout, il a fallu adosser à l’API une stratégie de promotion des investissements pour le pays afin de transformer en réalisations concrètes les nombreux atouts dont il dispose, et partant réduire, si ce n’est mettre fin à la faiblesse du cadre congolais de promotion des investissements, l’insuffisante coordination des acteurs de promotion des investissements, les insuffisances des rapports avec les administrations compétentes impliquées dans la promotion des investissements et la fragilité du système judiciaire. Des faiblesses qui n’ont point contribué au développement des affaires dans le pays.
A l’ouverture de l’atelier national de validation, le directeur de cabinet du ministre de l’Économie, de l’industrie et du portefeuille public, Raymond Dirat, soulignant le poids du secteur privé dans la relance économique, a indiqué que le nouveau document stratégique de promotion des investissements permettra aux entrepreneurs locaux et étrangers de rassembler les ressources nécessaires à la production des biens et services, c’est-à-dire les moyens nécessaires à l’accroissement de la richesse nationale. «Le Gouvernement de la République a fait aboutir ce projet d’élaboration de la stratégie de la promotion des investissements, avec l’appui de la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale (…) Les chiffres de 2016-2020 confirment la faiblesse structurelle du secteur privé congolais. Dans ces conditions, le Congo se trouve dans l’obligation de stimuler l’investissement privé aux fins d’améliorer les conditions de vie de sa population», a-t-il soutenu.
Pour le coordonnateur des projets, PADEC et PACIGOF, Benoît Ngayou, le document adopté par les experts contribuera à réduire la dépendance de l’économie congolaise vis-à-vis du pétrole et à tracer des pistes de solutions durables de sortie de crise, en prônant comme modèle la diversification de l’économie. La raison? «Le Congo connaît un affaiblissement des facteurs de production de son économie, entraînant ainsi des besoins importants en matière de relance économique et de promotion des investissements.»
La nouvelle stratégie de promotion des investissements est une sorte de feuille de route pour la promotion des investissements à mobiliser. Reste à savoir si elle sera un véritable levier susceptible de repousser les limites de l’attractivité du Congo, en termes d’investissements directs étrangers (IDE) dues par différentes contraintes, se traduisant par un rang peu flatteur dans les classements Doing Business de la Banque mondiale, et l’indice de perception de la corruption de Transparency international dont le plus récent place le Congo-Brazzaville à la 46e place sur 54 pays d’Afrique et à la 171e place sur 186 États dans le monde.

Viclaire MALONGA