Le Congo s’enfonce dans une sinistrose à laquelle beaucoup donneront les noms les plus divers. Pourtant, à défaut de s’entendre sur un qualificatif unique, force est de constater cette dégradation, lente et rapide à la fois, des indicateurs du quotidien. L’effacement des repères qui fondent l’orientation d’une Nation, consolident son vivre ensemble et marquent les étapes de son avancée dans la modernité est signe que nous devons nous arrimer davantage au développement. Produire plus et mieux.
Sur un mur craquelé des anciens silos de la MINOCO, à Nkayi, des lettres pourpres continuent de proclamer : « Autosuffisance alimentaire d’ici à l’an 2000 ». Nous sommes en 2025. Ce que nous avons réalisé en progrès et en avancées dans l’affirmation de notre indépendance alimentaire peut très certainement se mesurer. Mais combien de Congolais mangent à leur faim ? Combien le font au bout d’un processus qui entraîne toute la Nation. Quand trouverons-nous des épinards à n’importe quelle saison sur les étals? Des safous et des mangues à satiété ?
Certes, il nous faut encourager ceux de nos paysans qui continuent de gratter un peu de terre, surtout pour nourrir leur famille. Mais les insuffisances à fournir nos marchés, interrogent aussi sur les différentes politiques menées à coups de slogans. Chaque année nous déplorons de n’être pas suffisamment alimentés en tomates, en pommes de terre, oignons et autres légumes tropicaux. Quand serons-nous capables de produire et d’alimenter nos populations sans forcément recourir aux productions de nos voisins, comme si nous étions absolument nuls en tout !
Les pluies qui s’abattent dans la sous-région ces jours-ci sont une calamité, car elles provoquent des débordements de rivières, et des morts. Mais elles sont aussi une opportunité pour une agriculture qui ne souffrira pas des mêmes avatars que l’agriculture sahélienne, par exemple. C’est pour dire : des terres, nous en avons ; les pluies les arrosent généreusement, que manque-t-il ? Une impulsion ? Une orientation entraînante ? Une brutale bascule dans le temps ?
Nos paysans ont de l’ardeur au travail. Ils préparent leurs terres, produisent et vendent. Mais à l’évidence, il nous faut nous engager à plus. Mettre tous la main à la tache et désengorger des bureaux où nous nous asseyons à deux par chaise, ou à tour de rôle. Nos slogans continuent d’être beaux et alléchants, mais les traduire en acte manquera toujours. Tant que les contre-exemples du costume-cravate-mallette ne seront pas présentés comme modèles à suivre.
Albert S. MIANZOUKOUTA