Pour les populations des départements du Kouilou et de Pointe-Noire, l’enrôlement des agents civils de l’État est tout, sauf une mauvaise nouvelle. Tant l’opération réserve des retombées positives aussi bien pour l’État que pour les fonctionnaires. Des salles pleines comme des œufs. De longues files d’attente à l’entrée de bureaux. De la sous-préfecture de Tchiamba-Nzassi, dans le département de Pointe-Noire, à Loango, dans le département voisin du Kouilou, en passant par tous les six arrondissements de la capitale économique, à quelques exceptions près, le décor aura été le même partout du 17 au 19 avril 2023.
C’est en effet durant ces trois jours qu’a été lancée la deuxième phase de l’enrôlement biométrique des agents civils de l’État, après celle de Brazzaville de décembre dernier. Une opération qui s’est déroulée sous la supervision du directeur de cabinet du ministre de la Fonction publique, Christian Aboke-Ndza, en présence de son homologue directrice de cabinet du ministre de l’Enseignement primaire et secondaire, chargé de l’alphabétisation, Régine Tchicaya-Oboa, du coordonnateur du Projet d’appui à l’amélioration du système éducatif (PRASEED), Calixte Kolyardo, et des autorités locales.
En mobilisant toute cette armada d’experts, le Gouvernement et ses partenaires, dont la Banque mondiale qui a apporté un appui financier au PRASEED et au Projet des réformes intégrées du secteur public (PRISP), n’ont qu’un objectif en tête. «L’enrôlement est à sa deuxième phase après l’opération réalisée à Brazzaville en décembre dernier. L’opération en cours fait partie des projets retenus par le Gouvernement au nombre des projets à grand impact social. Elle constitue pour nous une révolution silencieuse», a expliqué Christian Aboke-Ndza.

Révolution «silencieuse»

Et si la révolution à venir se veut insidieuse, elle n’est pas moins ambitieuse pour autant. «Pour l’État, la maîtrise des effectifs va lui permettre de maîtriser la masse salariale qui correspond à ces effectifs et ça permet à l’État de faire des économies. Et ces économies peuvent permettre à l’État d’imaginer d’autres approches de motivation des agents civils de l’État», a poursuivi M. Aboke-Ndza.
Des avantages dont jouiront aussi les agents civils de l’État. «Pour l’agent civil de l’État qui, au sortir de cette opération aura une carte professionnelle biométrique sécurisée, où toute sa carrière est logée, c’est une révolution. Pourquoi? Parce que de cette carte dépendra la gestion automatique de la carrière de l’agent civil de l’État. Cela veut dire qu’à la fin de ce processus, la Fonction publique va gérer automatiquement la carrière de l’ensemble des agents civil de l’État. Ça va nous éviter des phénomènes que vous connaissez», a expliqué directeur de cabinet du ministre de la Fonction publique.
Parmi ces phénomènes, la parafiscalité, symptôme de la corruption, la falsification de documents administratifs. «Imaginez-vous qu’on vous demande une somme de 10 000 francs CFA pour l’achat d’un timbre, alors que nous savons tous que dans le cadre de la gestion de la carrière des agents civils de l’État, il n’y a jamais eu de timbre», a-t-il poursuivi.
Pour sa part, le ministère de l’Enseignement primaire et secondaire, chargé de l’alphabétisation y voit une occasion sûre de maîtriser les effectifs du personnel enseignant ainsi que des volontaires (pris en charge par l’État) et des enseignants communautaires (dont la prise en charge est assurée par les parents d’élèves dans les milieux ruraux).

Lutte contre les antivaleurs

Des arguments tout à fait suffisants pour convaincre les usagers. «On nous a déjà dit que cette opération consistera à fiabiliser le fichier de la Fonction publique. En tant que citoyen, on a besoin d’une administration qui gère nos données de manière fiable et sécurisée», se félicite M. Mbemba, un agent de la direction départementale des sports du Kouilou.
Voulant s’arrimer aux exigences des institutions internationales qui font de la transparence une exigence de gouvernance, le Congo-Brazzaville exécute ces dernières années un ambitieux programme de lutte contre les antivaleurs. En témoignent des textes de loi, sans oublier des institutions telles que la Commission nationale de transparence et de responsabilité dans la gestion des finances publi-
ques (CNTR).
Des politiques qui font partie des arguments pour convaincre la Banque mondiale, pour financer le projet d’enrôlement biométrique des agents civils de l’État, comme l’a expliqué Calixte Kolyardo.

Déogracias
Madocie MONGO
&
John NDINGA-NGOMA