Enseignant-retraité, Patrick Obemo compte parmi les attaquants ayant fait la pluie et le beau temps de l’AC Léopards de Dolisie, à l’époque de feu président Maurice Nimi Tsati, dans les années 1970. Aujourd’hui membre du club départemental des marcheurs du Niari, il a bien voulu se prêter à nos questions.

*Comment êtes-vous arrivé à l’AC Léopards?
**J’ai d’abord débuté dans AC Atome de Malembe, mon village natal, dans le district de Kimbangou. Mon talent étant hors du commun, les dirigeants m’ont amené au chef-lieu du district pour jouer dans AS Rivaux, leur équipe. Nous avions disputé beaucoup de match aussi bien à Dolisie qu’ailleurs, sans une défaite. Je ne manquais pas de scorer à chaque rencontre. Du coup, j’étais devenu la convoitise de toutes les équipes de la contrée. Admis au Brevet d’étude moyenne générale (BEMG) en 1977, je suis parti à Dolisie au lycée Vladimir Lénine, aujourd’hui lycée Victor Justin Sathou. Informés de ma présence à Dolisie, les comités de l’AC Léopards m’ont fait chercher et enrôlé dans leur équipe. J’avais pour coéquipiers Matamba, Dela, Hamed Ngouma, Charly Mouelet, ‘’Ray’’ Kibouka, Rougou, Golema, la liste est longue. Je jouais au poste d’avant-centre. J’ai joué plusieurs matches au championnat national ancienne formule. J’ai croisé plusieurs fois les Jacques Ndomba ‘’Géomètre’’, Fidissa, Tselansienne, Kekomi, ‘’Toatao’’, Sadi ‘’Bleck’’, Maboundou-Bitemo, Poati ‘’Hidalgo’’, Makanga Laplata, Malonga Kapata, Maurice Ondjolet, etc.

*Quels souvenirs gardez-vous de l’AC Léopards de Dolisie?
**C’est le président Maurice Nimi Tsati qui m’a surtout marqué. Photographe de son état, il me louait déjà un studio et assurait ma nutrition avec 500 frs chaque jour. A l’époque, 500 frs c’est comme 5.000 frs aujourd’hui. Cela m’a permis de bien faire mes études à Dolisie. C’est aussi grâce à lui que j’ai foulé pour la première le sol de Brazzaville. Il était pour moi plus qu’un tuteur.

*Après avoir raccroché, pourquoi ne vous êtes-vous pas lancé dans l’encadrement des jeunes?
**L’encadrement, dans n’importe quelle discipline sportive, suppose avoir les moyens. Les jeunes ont du talent, mais la bonne volonté ne suffit plus. Ne dit-on pas un homme une mission des moyens!

*On dit aussi de vous que vous êtes un artiste musicien.
**Après l’obtention du Bac, je suis allé à l’université Marien Ngouabi. Pour convenance personnelle, j’ai abandonné le sport pour faire de la musique. J’ai monté un groupe au nom de ‘’Feu vert’’. Nous avions participé plusieurs fois à l’émission ‘’Les Jeunes talents’’ de la Voix de la Révolution congolaise. Après ma formation d’enseignant, j’étais affecté à Pointe Noire, où j’ai monté au quartier Nkouikou un groupe tradi-moderne nommé GAF (Groupe d’animation funéraire), avec pour spécificité l’animation des veillées mortuaires. Ce groupe avait un répertoire alléchant, à tel enseigne qu’il était sollicité dans presque toutes les veillées de la place. J’ai traîné le groupe Bane ba libung (Les enfants de la mer) au BCDA pour avoir piraté mes œuvres. J’avais gagné le procès, mais la guerre est venue tout brouiller. Les titres comme Communiqué ; Me Mulelama, etc., se jouent et se dansent encore dans les veillées, partout. Revenu à Dolisie avec ma guitare acoustique, je me suis fait griot. Du coup, je suis devenu le griot départemental du Niari, lors des cérémonies officielles et culturelles.

Propos recueillis par
Equateur Denis NGUIMBI