Nous sommes en approche de la fin d’une année qui sera singulière à plus d’un titre. Dans le monde, dans notre sous-région et dans notre pays, c’est peu de dire que Noël 2020 ressemblera à très peu d’autres Noël vécues jusqu’ici. D’un strict point de vue de simple rhétorique d’ailleurs, jamais, même avec la répétition des séquences les plus profondément incisées dans nos traditions et nos mœurs, une année n’a été véritablement semblable à celle qui la précède.
Mais le fait est que, jamais en dehors des guerres cataclysmiques déclenchées par nos soifs de pouvoir, au Congo et dans le monde, aucune année n’aura été aussi traumatique. Jamais aucune année, même en prenant l’arc d’un siècle, n’aura été aussi anxiogène, en débordement insolent de toutes les frontières dont nous nous sommes entourés. La pandémie du coronavirus s’est joué des riches et des pauvres. L’image effrayante de ces millions de cercueils alignés dans des cimetières au Brésil, en Epagne resteront stressantes en absolu.
Ouf ! l’année se termine par l’espoir d’un vaccin pour tous. A condition toutefois que l’égoïsme des puissants, qui s’est aussi affirmé au cours de cette année, notamment avec le vol et le détournement des masques, ne capte pas trop en avant la mise à disposition des vaccins américains, chinois, russe et européen annoncés. La COVID-19 est venue réaffirmer que les mots sont les mots, et que les actes sont autre chose. Dieu nous fait la grâce, jusqu’ici, de rendre moins rigoureuse l’expansion du virus chez nous
Mais nous avons tous en mémoire les images des figures fauchées à jamais, entrées de force dans le tréfond de nos mémoires du fait de la pandémie. Certaines étaient connues, des amis ou des connaissances. Nous avons vécu une année 2020 qui a remis en question y compris les fondements de nos sociétés. Et, normalement, même nos dirigeants ont dû se rappeler au devoir de servir en toute honnêteté et de garantir la santé des peuples qu’ils dirigent. Cette maladie tend à secouer les consciences.
Il reste que le virus passera et que l’égoïsme ne trouvera pas cette année, ni l’année prochaine, un vaccin au mal-agir, à la mégestion et à l’indifférence aux autres qui sont, tous liés, ont conduit aussi au fait que le coronavirus n’est venu qu’ajouter aux maux dont nous souffrions. Le CHU n’est pas devenu un mouroir du fait du seul virus. Il continue d’y mourir des hommes et des femmes emportés par des pathologies identifiées depuis longtemps. A l’heure du virus dévastateur, mourir de paludisme ou de diarrhée n’est-il pas une blague contre la vie ?
Toutefois, ne terminons pas l’année dans la morosité. L’espérance est toujours garantie, même pour qui ne croit pas en Dieu. Notre vie en communauté, même si elle ne devrait plus se vivre dans les rapprochements festifs de nos assemblées de naguère, reste marquée du sceau d’une humanité qui nous est portée en salut par le petit Jésus que nous accueillons en ce Noël.
Albert S. MIANZOUKOUTA