En vertu des règlements de la Fifa, les autorités politiques n’ont aucun droit d’influer sur les affaires d’une association membre, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’à l’exclusion de l’organisme des compétitions internationales. L’instance suprême du football a ainsi suspendu en fin de semaine dernière la Fédération congolaise de football (FECOFOOT) en raison d’une «ingérence dans sa gestion».
Inutile de revenir sur les péripéties de la crise qui secoue la FECOFOOT. La Fifa avait conseillé aux autorités politiques congolaises de ne pas s’immiscer dans les affaires du football et réclamait la réintégration du Comité exécutif dirigé par Jean-Guy Blaise Mayolas évincé par un «groupe de parties prenantes de la FECOFOOT se faisant appeler ‘’Collectif des membres de l’Assemblée générale’’», avec le soutien du ministère en charge des sports. Face aux tergiversations de ce groupuscule poussé sans ménagement par la Fifa vers la sortie et qui se battait sans espoir, l’instance mondiale de football a bandé ses muscles et décidé de suspendre le Congo.
La décision prise par le bureau du Conseil de la FIFA pouvait être évitée. Elle est tombée finalement le 6 février 2025 et a été notifiée au secrétaire général de la FECOFOOT via un communiqué officiel. «La FECOFOOT est suspendue avec effet immédiat en raison de l’ingérence de tierces parties dans les affaires de la fédération, une situation particulièrement grave qui va à l’encontre des obligations de la FECOFOOT au regard des Statuts de la FIFA. Cette décision a été prise en accord avec la CAF, après que deux missions conjointes FIFA/CAF ont été dépêchées à Brazzaville», a précisé la FIFA par le truchement de son secrétaire général, Mattias Gafström.
La FIFA ne s’est pas contentée d’annoncer la suspension de la FECOFOOT, elle a aussi fixé quatre conditions à remplir pour que cette sanction soit éventuellement levée, entre autres : «Redonner le contrôle total du siège de la FECOFOOT, du centre technique d’Ignié et des autres installations de la fédération à la FECOFOOT» ; «Déclarer invalide ou annuler toute décision, juridique ou autre, autorisant la commission ad hoc à exercer un contrôle ou une autorité quelconque sur la FECOFOOT».
Le verdict de la FIFA est clair. Sera-t-il respecté de tous et sifflera-t-il la fin de la crise? Gros comme un ballon est le point d’interrogation. Il n’empêche, le Premier ministre congolais Anatole Collinet Makosso aurait décidé de réagir en prenant personnellement contact avec les dirigeants du plus puissant gouvernement du monde qu’est la FIFA. Il aurait décidé d’agir «pour s’enquérir de la situation et comprendre les exigences à remplir pour lever la sanction ». Commentaire d’un confrère: «Nos hommes politiques sont suffisamment intelligents. Le Congo est un pays de diplomatie aussi, et je suis certain qu’ils savent jusqu’où ils peuvent aller et ce qu’il faut éviter». Mais au vu de l’enchaînement des faits qui ont conduit à cette historique mise à l’écart, il ne semble pas que la sagesse ait guidé les autorités jusqu’ici.
Guy-Saturnin MAHOUNGOU