Ce n’est pas sans une certaine appréhension que le football congolais va aborder dans un mois le rendez-vous camerounais du Championnat d’Afrique des nations (CHAN). Cette inquiétude s’explique par la qualité du jeu qui n’est pas encore convaincante et l’inefficacité offensive des Diables-Rouges A’ au cours de leur campagne de préparation sur le chemin de Douala, ville où le tirage au sort les a affectés.
Ce n’est pas la récente sortie de Kigali, d’où ils sont rentrés lundi 2 mars avec un match nul sans but (0-0) face au Rwanda, qui va rassurer les supporters congolais qui ne savent pas trop sur quel pied danser. Un score qui confirme les carences offensives du ‘’Onze’’ national et accentue le doute sur leur capacité à atteindre l’objectif fixé par la Fédération congolaise de football (FECOFOOT): une place dans le dernier carré, synonyme de participation à une demi-finale.
Le supporter congolais ne peut s’empêcher de ressentir de l’angoisse en raison de l’absence d’attaquants de race qu’en son temps, Sylvain Bemba appelait les «bêtes noires des gardiens de but». Les attaquants habités par le feu ont déserté les Diables-Rouges. Ceux qui osent, de temps en temps, faire flamber le gazon et les filets adverses au sein de leurs clubs sont étrangement muets quand ils arrivent en sélection nationale. Ils multiplient les maladresses devant les bois d’en face. «Cela est inconcevable», s’emporte un profane. Lorsqu’ils escamotent régulièrement les rares occasions de but qu’ils s’offrent, cela pose naturellement problème.
On n’est donc pas surpris de l’indigence offensive chronique de la sélection nationale congolaise. En quatre matches disputés, elle n’a réussi que 2 buts: largement déficitaire pour une équipe ambitieuse! On ne remporte pas une victoire sans marquer plus de buts que l’adversaire, dirait Lapalisse.

Qu’est ce qui ne va pas réellement?

Seulement voilà: il ne suffit pas d’aligner des attaquants de feu pour espérer remporter une victoire. «Le problème est la carence de l’équipe dans l’animation du jeu. Le choix des joueurs est peut-être loin d’être judicieux. Le jeu en mouvement n’est pas un point fort de l’équipe non plus», constate un technicien avisé. Et d’ajouter: «L’idéal serait de présenter un groupe ayant la capacité de porter rapidement le danger, ballon au pied, dans le camp adverse à partir de la défense. Les défenseurs doivent être les premiers attaquants quand l’équipe est en possession du ballon. Aussi faut-il rechercher des défenseurs ayant une technique individuelle au-dessus de la moyenne. De même les attaquants doivent se muer en premiers défenseurs, en cas de perte de ballon, pour étouffer l’adversaire dans son propre camp».
«Il y aurait aussi un manque de fraîcheur physique en cette période avancée de la saison sportive», pointe-t-il encore. C’est peut-être là l’une des raisons du manque de fougue, de rythme, de détermination; de cette fragilité physique, de cette technique collective sans mordant et de cette vulnérabilité psychologique évidente. Lacunes qui ont caractérisé les prestations des Diables-Rouges A’ lors des confrontations avec la RDC et le Niger à Kinshasa, avec le Cameroun à Brazzaville, et enfin, avec le Rwanda à Kigali. A cela vient s’ajouter le problème d’équilibre ou de complémentarité des joueurs du milieu de terrain qu’il faut régler.
La chance du staff technique est d’avoir encore un mois pour parfaire l’animation du jeu et la cohésion du groupe. Et si possible de renforcer l’effectif.
Une partie du public est inquiet, mais une autre se refuse à verser dans le pessimisme. Après tout, il n’y a pas encore le feu à la maison.

Jean ZENGABIO