Le football congolais recelait jadis de très fortes individualités. On peut citer, entre autres, Jean-Luc Ntsiélantsiéné, un remarquable milieu de terrain doté d’une frappe de balle meurtrière qui embrasait les gradins. Il est décédé lundi 27 janvier dernier à Pointe-Noire où il résidait depuis plus de deux décennies. Le 19 juin prochain, il aurait soufflé ses 67 bougies (né en 1953 à Gamboma).
Son entourage l’avait surnommé «Luc Mawa», reprise du nom d’un grand footballeur de la RDC voisine. Jean-Luc Ntsiélantsiéné, bon technicien, excellent passeur, actif et clairvoyant, attirait d’emblée le regard par l’élégance et la souplesse de son style. Mais pas seulement. Il se muait aussi en buteur. Alors, le public scandait son nom sur l’air des lampions. Ntsiélan… ! Ntsiélan… ! Il avait raison. Gabarit (1,83m et 78kg) puis coups francs démolisseurs des murailles les plus hermétiques l’ont jeté sur la scène sportive. Jean-Luc avait une bombe dans les pieds, dirait l’autre, tant il indisposait les gardiens de but adverses. Dès lors, il ne pouvait plus passer inaperçu sur un terrain de football. Ainsi, quand venait le moment de tirer un coup franc, tout le stade le réclamait à cor et à cris. Il appartenait dorénavant à la race des canonniers que le football congolais avait déjà portés sur les fonts baptismaux.
Jean-Luc peut être aussi cité comme un exemple de longévité sportive, même si sa performance ne figure pas au livre des records Guiness. Il s’offrit son dernier match de championnat en 1988, après 20 ans de course sur la pelouse.
Ce milieu de terrain n’a porté que la vareuse de trois clubs, Afrique Sport, en division 2, Télésport et Etoile du Congo, en division 1, en plus de celle de l’équipe nationale qu’il a revêtue une quarantaine de fois entre 1977 et 1985, sans titre continental. Mais avec un cauchemar inoubliable: la lourde défaite (2-5) subie face aux Léopards du Zaïre (actuellement RDC), au Stade de la Révolution et, dans une moindre mesure, les finales de Coupe de l’UDEAC perdues respectivement face au Cameroun en 1984 à Brazzaville et au Gabon en 1985 à Franceville.
Jean-Luc Ntsiélantsiéné a commencé à faire parler de lui avec Télesport, repéré par l’entraîneur Robert Ndouri ‘’Piantoni’’. Il s’impose avec autorité aux côtés des gars comme Bienvenu Kimbembé ‘’Akim’’, Jean-Pierre Nkouka ‘’Matthews’’ (+), Nkounkou ‘’Le Pape’’ (+), Jacques Nkounkou, Ndzon, Mazengo, Mvila, Ndongui, Banzouzi ‘’Lungwika’’, Ngambié, Kivouvou (+), Joseph Okou, etc. C’est un précieux régulateur au sein de cette équipe des PTT. Si bien que Maurice Ondjolet, alors entraîneur des Diables-Rouges, ne résiste pas à la tentation de l’emmener en décembre 1977 au Cameroun, pour les éliminatoires des Jeux africains d’Alger. Dès son premier match contre le Burundi, il se signale en inscrivant le premier but (16e) de la rencontre. Le Congo finit par l’emporter 8-0. Le test étant concluant, Jean-Luc est sans surprise sélectionné pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations 1978 au Ghana.
De retour du Ghana, l’Etoile du Congo s’intéresse au jeune prodige et l’enrôle dans son effectif. Le succès couronne l’entreprise. Il suscite l’admiration des dirigeants, des entraîneurs et, surtout, des supporters. Dès lors, Jean-Luc forme un trio du tonnerre avec Jean-Jacques Ndomba ‘’Géomètre’’ et Joseph Mondane, au sein d’une équipe offensive, créatrice et constellée d’autres vedettes. Telles Christ Daniel Fidissa, Alfred Ondongo ‘’Brésilien’’, Jean-Baptiste Okouo-Akaba, Ngassébé ‘’Garry’’, Didier Bonazébi ‘’Saviem’’, Paul Ntandou, Gabriel Ndengaki, Joseph Okou, Félix Mbemba ‘’Lobilo’’, etc.
Jean-Luc devient vite l’un des chouchous du peuple vert, et, plus tard, le capitaine de l’équipe. Il reste très attaché à l’Etoile du Congo et, au total, y évoluera durant une décennie. Jusqu’en 1988. Il a gagné six titres de champion du Congo avec les ‘’Vert et jaune’’, ainsi que deux fois la Coupe du Congo.
A la fin de la période stellienne, ce milieu de terrain décide de s’installer à Pointe-Noire. Fin de carrière! Après, qu’avons-nous vu dans le miroir de l’histoire?
Adieu, Ntsiélan!

Guy-Saturnin MAHOUNGOU