Le sélectionneur national Paul Put est-il le coupable des contre-performances des Diables-Rouges ? Le ministre des Sports, le président de la FECOFOOT (Fédération congolaise de football), ainsi que nombre de journalistes et de supporters le pensent. Surtout depuis la dernière défaite du Congo (1-2) à domicile contre le Togo.
Après une défaite, on recherche toujours les causes et le coupable. C’est l’impitoyable loi du sport. Mardi 12 octobre dernier, à la sortie du Stade Président Alphonse Massamba-Débat, le patron du sport congolais Hugues Ngouélondélé et le président de la FECOFOOT Jean Guy Blaise Mayolas, l’ont trouvé : c’est le sélectionneur Paul Put ! Sa responsabilité est totale, d’après eux. «Sa tête est déjà mise à prix», commente la presse locale.
Le ministre, prenant ce qu’il a cru être ses responsabilités, a, le premier, annoncé la couleur deux jours après le match Congo-Togo au cours d’une séance de travail avec le Comité exécutif de l’instance dirigeante du football et le technicien belge recruté il y a à peine cinq mois. Visiblement tourmenté par la défaite qu’il qualifie de «débâcle», Hugues Ngouélondélé accuse le coach d’avoir fait des choix douteux. «Ce n’était pas un problème de joueurs, mais une faute de coaching», a-t-il assené. Puis il a décoché une autre flèche en se demandant si Paul Put était «le meilleur choix parmi les 64 entraîneurs» (NDLR : les collaborateurs du ministre ont fait partie des experts désignés pour éplucher les dossiers de candidatures) ayant postulé au poste de sélectionneur des Diables-Rouges; il a montré, selon lui, «ses limites dans ses choix tactiques et dans la composition de l’équipe, ne maîtrisant pas par ailleurs son groupe». Enfin, il a donné une sorte de carton jaune au technicien belge, le sommant de ramener des points, lors des prochains matchs des éliminatoires du Mondial ‘’Qatar 2022’’ sinon le contrat sera rompu. «C’est écrit noir sur blanc, et c’est du donnant-donnant. Vous nous donnez des mauvais résultats, nous nous séparons…», a-t-il averti.
Une large frange de la presse abonde dans le même sens : elle reproche à Paul Put l’accumulation de mauvais résultats alors qu’il serait «grassement payé avec l’argent du contribuable» et de privilégier des internationaux expatriés en Europe non performants plutôt que des joueurs locaux «en pleine forme».

Désamorcer la polémique

Le sélectionneur n’a pas éludé ses responsabilités. Bien au contraire. Soucieux de désamorcer la polémique, Paul Put a affirmé que s’il avait fait jouer tout son effectif (au moins 5 joueurs étaient absents pour cumul de cartons jaunes ou pour blessure), le résultat aurait été différent. «Nous sommes en train de reconstruire une nouvelle équipe, donnez-nous le temps ; il faut être patient», a-t-il plaidé. Et au sujet des joueurs locaux, le sélectionneur regrette que les dirigeants tardent à relancer le championnat. Qu’en dit Jean-Guy Blaise Mayolas? «Faux-fuyant. Même s’il parle de joueurs suspendus, il y avait des joueurs qui pouvaient faire mieux», a-t-il répliqué et a promis une réunion en interne «pour mettre les choses au clair avec l’intéressé».
Toutes ces réactions sont normales. Personne ne peut être satisfait de la situation actuelle des Diables-Rouges. Cependant, nombreux feignent d’ignorer que le mal dont souffre l’équipe nationale est celui de tout le football congolais. «En 24 matchs disputés avant l’arrivée de Paul Put, les Diables-Rouges n’en ont remporté que 5 (dont un en amical), perdu 11 et fait jeu égal 8 fois, avec quatre entraîneurs différents», révèle un féru de statistiques. «Il est trop facile de s’en prendre seulement au coach Paul Put sans s’interroger sur le niveau réel des internationaux et sur l’organisation générale de notre football», a réagi un autre analyste. «Tous semblent avoir oublié qu’un entraîneur ça ne chausse pas de crampons à la place de ses joueurs», pointe de son côté un rédacteur de ‘’Les Echos du Congo Brazzaville’’.

Jean ZENGABIO