Un sommet pour faire progresser l’ambition collective en matière de préservation et de gestion durable des forêts tropicales s’est déroulé du 1er au 2 mars 2023 à Libreville, au Gabon. Il a été co-présidé par les Présidents gabonais Ali Bongo Ondimba et français Emmanuel Macron.

Plus de vingt pays représentatifs des grands bassins forestiers du monde, des membres de la communauté scientifique, des populations locales et de nombreux dirigeants d’entreprises y ont participé, autour d’un même objectif, la sauvegarde des forêts tropicales, dont celle du Bassin du Congo. Au terme des travaux, les participants ont livré leurs conclusions et décrit leurs projets dans le Plan de Libreville. Première mesure et décision phare du document, la création d’un fonds de 100 millions d’euros. Alimentée pour moitié par la France et à hauteur de 20 à 30 millions d’euros par la Fondation Walton et Conservation international, cette enveloppe servira à financer un mécanisme de rémunération des pays exemplaires dans la conservation des forêts et la sauvegarde de leurs stocks vitaux de carbone et de biodiversité. Et ce, via des certificats biodiversité, qui pourront être échangés avec des Etats souverains ou avec le secteur privé.
D’après le Président Emmanuel Macron, «ce nouveau dispositif devra répondre au modèle défaillant du marché carbone qui a dérivé ces dernières années sur un marché volontaire et déprécié le prix du carbone avec des phénomènes de greenwashing. Le grand risque, si on s’arrête là, c’est qu’une défiance s’installe à l’égard des crédits carbone».
La secrétaire exécutive de la Convention pour la diversité biologique des Nations unies, Elisabeth Mrema, a souligné que «pour arrêter la perte de biodiversité, limiter le changement climatique et atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres, ces flux financiers doivent doubler d’urgence d’ici 2025, et tripler d’ici à 2030».
Présent à ces assises, le Président Denis Sassou-Nguesso a partagé avec ses pairs, sa riche expérience en matière de préservation des écosystèmes forestiers et de sauvegarde du climat. Précurseur dans la préservation de l’environnement, il a réitéré son appel à la mise en place d’une décennie d’afforestation.
Le Président Ali Bongo Ondimba a clos ce sommet, en précisant: «Le monde a pris conscience que sans la forêt, le climat et la biodiversité sont en péril. A chacun désormais de faire sa part. Et de tenir ses engagements. L’heure est à l’action».
Présente au sommet, Anne Raimat, directrice de l’ONG Climate chance, a relevé: «Il ne faut pas complètement balayer ce mécanisme. Si les entreprises jouent le jeu, et respectent le triptyque «éviter, réduire, compenser», alors on peut avoir les résultats positifs. Bien sûr, tout cela doit être contrôlé. Il faut des études d’impact fiables, et être en mesure de vérifier si les projets jouent vraiment sur le développement local et la conservation de la biodiversité».
Autres mesures d’emprises prises par le Plan de Libreville, l’initiative des chefs d’entreprises présents au sommet pour la création de 10 millions d’emplois dans les activités liées à la gestion durable des forêts d’ici à 2030. Il est aussi signalé que, ce «Plan est volontariste et met au cœur de toutes ces actions les populations locales qui vivent autour des forêts».
Ce sommet a été également l’opportunité de faire progresser et renouveler l’ambition collective concernant la préservation et la gestion durable des forêts, qui sont essentielles pour relever les défis mondiaux interdépendants, au premier plan desquels le changement climatique et la perte de biodiversité. La promotion d’une solidarité Nord-Sud, centrale pour la protection de ces réserves vitales, a été également un élément clé.

Alain-Patrick MASSAMBA