Depuis la baisse des cas de contamination et l’annonce faite par la Commission Santé du Sénat après sa visite dans trois centres de prise en charge des malades de la COVID-19 à Brazzaville, la population ne respecte plus les mesures barrières. Les pouvoirs publics ont eux aussi baissé la garde. Les contrôles de routine sur l’application des gestes barrières ne se font plus et le commun des mortels redoute une probable explosion de cas surtout avec la deuxième vague de la maladie qui secoue plusieurs régions du monde. Certains pays mettent en œuvre des mesures restrictives, allant jusqu’au reconfinement, comme aux premières heures de survenue de la pandémie.

La flambée de contaminations à la COVID-19 en Europe et aux Amériques, consécutive à la deuxième vague de la maladie, est très préoccupante. La situation inquiète et ne rassure pas les pays africains où les systèmes de santé sont très fragiles.
Au Congo, la décision de fermer les frontières aériennes n’est pas encore d’actualité. On assiste toujours à une vague de vols en provenance des pays fortement touchés par la pandémie. La prudence voudrait pourtant que les mesures urgentes soient prises pour éviter de faire subir à la population un deuxième confinement.
La gestion de la maladie pose toujours problème. Si on note une diminution de cas dans les centres de prise en charge, on constate néanmoins un relâchement de la population dans le respect des gestes barrières, y compris de la part des pouvoirs publics à faire appliquer ces mesures.
Les campagnes de sensibilisation initiées çà et là se sont estompées sans raison aucune. Les élus du peuple et locaux qui pourtant avaient pris le relai de la sensibilisation se sont essoufflés. Rares sont ceux qui continuent à appeler leurs mandants au strict respect des gestes barrières. Les masques ne sont plus portés alors que sur le marché, le prix unitaire d’un masque chirurgical est à 100F.Cfa maintenant. Et quand ils sont portés, c’est de façon pas conforme.
Dans les bars, les gens s’exhibent sans maques en train de boire en groupe autour d’une table, sans respecter la distanciation physique. Ils se touchent, s’embrassent et causent sans masques, en se partageant même les cigarettes. En plus, aucun dispositif de lavement de mains n’est prévu dans ces endroits qui acceptent même les rassemblements de plus de 50 personnes pourtant interdits.
En dépit de l’interdiction, les night clubs ont rouvert et fonctionnent sous d’autres formes. Les chapiteaux sont installés dans les ruelles. De même, les enterrements ne se font plus dans la stricte intimité familiale. L’extérieur des morgues est redevenu comme avant, bourré de gens, de véhicules et bus qui attendent les corbillards sur l’avenue Lénine où vers l’ENAM pour former les cortèges funèbres.
La population continue de ne pas tousser au creux des coudes ou à utiliser les mouchoirs à jeter, voire les gels hydro-alcoolisés. Et que dire des bus «mal à l’aise»?.
Face au laxisme du Gouvernement à mettre de l’ordre dans ces moyens de transport en commun public, la population dubitative, est dans le «que faire?». On ne peut pas demander une chose et vouloir son contraire, même si ces bus appartiennent à l’Etat et renflouent ses caisses. La coordination nationale de gestion de la pandémie de COVID-19 a passé sous silence cette problématique. Des bousculades sont observées dans les arrêts de bus au mépris de la maladie. Le pire est donc à craindre. Si les choses restent en l’état, les arrêts de bus ne se transformeraient-ils pas en des lieux de forte contamination du virus? Que dit le Gouvernement?
La situation épidémiologique s’est améliorée considérablement dans le pays, a reconnu la Coordination. Conscient du fait que la maladie était encore active, le Gouvernement a organisé la rentrée scolaire sans prendre des dispositions nécessaires pour encadrer les choses afin d’éviter des contaminations en masse. Dès lors que des cas positifs sont enregistrés dans les établissements scolaires, la Coordination nationale a enfin pris des mesures. Bien trop tard et la maladie a peut-être déjà gagné du terrain.
Pour tenter de contenir sa propagation, le Gouvernement a décidé d’acquérir et distribuer des masques artisanaux lavables aux étudiants (55.000), aux élèves des collèges et lycées (550.000) dans les principales villes du pays; acquérir une plate-forme d’enseignement à distance pour l’université Marien Ngouabi, afin de limiter au strict nécessaire les cours en mode présentiel; procéder à la fermeture effective des résidences universitaires en faisant partir les occupants encore présents sur les lieux; organiser régulièrement (au moins une fois par mois) le dépistage des échantillons d’élèves et étudiants ainsi que des personnels; doter les établissements scolaires et universitaires des matériels de prévention (visières pour les enseignants, matériels et produits de désinfection des salles, thermo-flash dans chaque salle, solution hydro alcoolique, etc).
Une somme de deux milliards cinq cents millions de F.Cfa sera débloquée pour faire face à ces urgences.
Faute de paiement de leurs indemnités, les agents de santé sensés vérifier la température des passagers au poste de contrôle de Yié ont déserté le lieu.
A Malele et à Mengo, la prise de température ne se fait plus. Seul le contrôle des masques et le nombre des passagers dans les bus sont de rigueur, peut-être des amendes qui sont payées par les usagers et les conducteurs. Même à l’entrée de Dolisie, les agents de santé n’y sont plus. On les retrouve à un seul endroit sur la route nationale n°1, au poste de péage situé à l’entrée de Loutété.

Cyr Armel
YABBAT-NGO