La Maison Blanche est sur le point de changer de locataire. Après quatre années de gouvernance républicaine avec M. Donald Trump, la majorité a basculé en faveur des Démocrates, avec M. Joe Biden comme président et Mme Kamala Harris comme vice-présidente. Dans un pays où la question raciale n’est pas de peu de poids, les Africains que nous sommes nous réjouissons de l’exécutif Blanc-Noir qu’ils forment, après le Noir-Blanc que Joe Biden constituait avec Barack Obama comme président en 2016.
Les symboles sont donc forts et l’orgueil des Noirs, aux Etats-Unis et dans la diaspora, réconforté. Il ne fait aucun doute que s’il avait été donné à l’Afrique de voter à l’élection américaine du 3 novembre dernier, le Centre, l’Ouest, le Nord et le Sud du continent, toutes voix confondues, auraient opté pour le Démocrate à une très écrasante majorité. Mais ce choix aurait peut-être reposé sur des raisons plus épidermiques que raisonnées. Tant Donald Trump a assis une consistance réputation de dédain des autres. Et surtout de nos pays.
Ces élections nous apprennent à considérer au moins quatre choses, concourant à la démocratie:
– Pour sympathique ou antipathique qu’il soit, le président d’une puissance démocratique est choisi par son peuple, sur la base de l’attention qu’il porte à ses préoccupations. Supporters et opposants se déterminent sur cela, pas sur la qualité du sourire ou les rictus. Rien n’est joué d’avance.
– Un dirigeant est aussi ce que sont la constance et la force des idées qu’il défend pour ce peuple. M. Donald Trump a commencé par relever l’économie, noué et rompu des partenariats au nom de ce que ses convictions et celles de son équipe (il en avait !) commandaient. Pas des impératifs de bienséance ;
– Nous aurions aimé de beaucoup que M. Trump arrivât en Afrique, nous dire un petit bonjour. Il ne l’a pas fait et cela ne l’a pas empêché de dormir. Les mesures cosmétiques et les prises de position «politiquement correctes», il nous a appris à comprendre qu’elles n’avaient de sens que si elles participaient du bien-être de son peuple. Bien-être économique d’abord, et en priorité, le serrage des mains et les tapes sur les épaules des «good guies» venant bien après ;
– Enfin, nous avons pensé un moment, devant la hardiesse de certaines de ses prises de position, que le populisme américain était une simple parenthèse dans l’histoire de ce pays. Il n’en est rien. Un écart de près de quatre millions de voix sépare Joe Biden de Donald Trump dans les faveurs de l’opinion. C’est dire que si le toupet de Donald Trump a été qualifié comme tel par ses détracteurs, plus de 70 millions d’Américains ont jugé qu’il avait parlé comme eux le voulaient. Toupet, hardiesse, insolence: ce sont des mots. Après tout, ce que l’on appelle entêtement chez un âne, se nomme fermeté chez un roi, disait Erskine.

Albert S. MIANZOUKOUTA