Plusieurs représentants de la Communauté internationale étaient présents à Accra, jeudi 7 janvier 2021 à la cérémonie d’investiture du Président Nana Akufo-Addo réélu le 7 décembre dernier. Parmi eux: Denis Sassou-Nguesso, Président de la République du Congo ou encore Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères.

Le Président ghanéen reconduit pour un second mandat de quatre ans a prêté serment après une courte cérémonie ponctuée par des danses traditionnelles. Il a dans son discours salué l’élection du nouveau président du Parlement. «Je suis confiant que nous serons tous les deux guidés par l’intérêt suprême de la nation et que nous défendrons la bonne gouvernance pour les affaires de l’Etat».
Fait déplorable: les parlementaires, divisés de manière quasi-égale entre les deux partis principaux de ce pays qui fait figure d’exemple démocratique en Afrique de l’Ouest, ne parvenaient pas à s’entendre sur le vote de leur Président et la situation a dégénéré quand un député du parti au pouvoir a tenté de voler des bulletins. L’armée est intervenue dans la nuit au sein du Parlement pour calmer les bagarres entre députés du parti au pouvoir et de l’opposition, qui ont finalement boycotté la cérémonie d’investiture du Président Nana Akufo-Addo.
Après l’intervention dans la nuit du mercredi 6 au jeudi 7 janvier de l’armée qui a rétabli le calme, ils ont finalement élu Alban Bagbin, député du Congrès national démocratique (NDC), parti d’opposition, avec 138 voix contre 136. Chacun des deux partis contrôle 137 sièges du Parlement, qui compte en outre un député indépendant. Un vote a été considéré comme nul et un élu de la formation au pouvoir, le Nouveau parti patriotique (NPP), a voté pour l’opposition.
Le président de la huitième législature du Parlement du Ghana devient ainsi le premier élu de l’opposition à la tête de cette institution dans l’histoire du pays. Les députés de l’opposition, ainsi que son chef de file, John Mahama, arrivé deuxième à la présidentielle de décembre avec 47,36% des voix, des résultats qu’il conteste toujours en justice, ont toutefois boycotté la cérémonie d’investiture du chef de l’Etat.
La répartition quasi-égale entre l’opposition et le parti au pouvoir est la conséquence d’un double scrutin présidentiel et législatif extrêmement serré qui s’est globalement déroulé dans le calme, fait craindre aux observateurs de futurs «blocages» dans les décisions politiques, dans un contexte global difficile et un ralentissement de l’économie. Les deux adversaires politiques de longue date s’affrontaient pour la troisième fois, avec comme lors des deux précédents scrutins des résultats également serrés.

Alain-Patrick MASSAMBA