Candidat à sa propre succession, le Président Alpha Condé a tenu coûte-que-coûte à briguer un troisième mandat. Il a balayé d’un revers de la main les revendications de l’opposition en passant au forceps et foulant au pied le mot d’ordre du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) qui a multiplié des manifestations pour lui barrer la route. Conséquence: mort d’hommes et dégâts matériels. Au final, un référendum a été «imposé» au peuple question de déboulonner les verrous de la Constitution jusqu’ici en vigueur.

Face à Alpha Condé, une frange de l’opposition qui a choisi de maintenir la stratégie du boycott et qui digère mal la décision du légendaire opposant Cellou Dalein Diallo, son chef de file, de se présenter à la présidentielle d’octobre. Ainsi, le Président guinéen essaie de rassembler le plus largement possible.
Depuis que Cellou Dalein Diallo a coupé le cordon avec son mentor politique Lansana Conté, en 2006, il n’a qu’une chose en tête: présider aux destinées de la Guinée. Et ce n’est pas le contexte socio-politique actuel qui va freiner son élan. Président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), il a dimanche 6 septembre 2020, pris ses alliés du FNDC à contre-pied en officialisant sa candidature pour le scrutin présidentiel du 18 octobre prochain. Au total douze candidats seront face au Président sortant pour briguer la magistrature suprême. Parmi eux, deux favoris: le Président sortant, Alpha Condé, 82 ans, et l’opposant Cellou Dalein Diallo. La plupart des opposants politiques du pays ont décidé de boycotter cette présidentielle. Aussi, la candidature du leader de l’UFDG passe-t-elle mal, auprès du collectif de l’opposition regroupé au sein du FNDC qui l’a exclu de ses rangs.
Cellou Dalein Diallo, à travers sa candidature, provoque une «première secousse d’envergure dans l’opposition politique guinéenne, dont les répliques vont sans doute se ressentir au sein des partis pris individuellement». Mais, d’aucuns estiment qu’entre «les deux hommes persiste une soif inextinguible d’en découdre».
Démocrate reconnu pendant longtemps lorsqu’il fut opposant, l’actuel Président guinéen a épousé le costume de tant d’autres dirigeants du continent qui, une fois au pouvoir, n’entendent plus d’autre son que celui de demeurer le plus longtemps au pouvoir.

Aristide Ghislain NGOUMA